La fusion de cinq laboratoires universitaires franc-comtois en 2004 a abouti à la création de l'une des plus importantes unités françaises de recherche publique en sciences de l’ingénieur et informatique. Elle a aussi donné naissance à de nombreux partenariats industriels et permis l’émergence d’une vingtaine de start-up.
« L’union fait la force. » L’institut de recherche franc-comtois Femto-ST (*), qui a célébré fin juin ses 20 ans d'existence à Besançon (Doubs), pourrait reprendre à son compte le célèbre proverbe. La structure est née en 2004 de la fusion de cinq laboratoires rattachés au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à trois établissements d’enseignement supérieur : l’Université de Franche-Comté, l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et l’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM-Supmicrotech).

« A l’époque, le paysage de la recherche était atomisé, avec une forte concurrence entre les équipes pour l’obtention des fonds régionaux et vis-à-vis du CNRS », rappelle Michaël Gauthier, le directeur de Femto-ST. Agrandi par vagues successives, l’institut fait aujourd’hui l’unanimité.
En pointe dans des secteurs aussi divers que les microtechniques, les biothérapies, l’hydrogène ou les technologies quantiques, il est devenu l’une des plus importantes unités du CNRS en sciences de l’ingénieur et en sciences informatiques. « De la porosité entre disciplines scientifiques s’est créée. La concurrence a été transformée en énergie positive, en émulation interne », souligne Michaël Gauthier.
Identifié comme centre d’excellence, Femto-ST a bénéficié, sur ses différentes implantations de Besançon et du Nord Franche-Comté, de « plusieurs millions d’euros d’investissement » pour l’équipement de dix plateformes technologiques, dont une centrale de micro- et nano-fabrication en salle blanche, ouvertes à ses partenaires industriels et académiques.
Fort ancrage régional


S’il revendique une dimension mondiale, l’institut se distingue aussi par un ancrage régional affirmé en lien avec le monde économique. Son vivier de jeunes chercheurs accompagne ainsi de très nombreuses PME locales dans l’innovation technologique, à l’image des industriels Scoder et Précijura qui ont récemment témoigné de cette expérience lors du « Printemps de l’IA. » Des collaborations avec de grands groupes, comme Orange (via sa division R&D de Belfort) et Alstom à Ornans (Doubs), sont également fréquentes : un type de partenariat que le directeur, en poste depuis le 1er janvier dernier, aimerait pérenniser sous la forme de laboratoires communs public/privé.
L’innovation issue de la recherche fondamentale infuse, en outre, à travers la vingtaine de start-up de haute technologie, dites « spin-off » créées en Franche-Comté. Les exemples abondent : Aurea Technology (systèmes pour les technologies quantiques), Percipio Robotics (microrobotique et micro-assemblage), Clhynn (piles à hydrogène), Vibiscus (réduction du bruit) à Besançon, H2SYS (groupes électrogènes à hydrogène) et Ananké (valorisation de chaleur fatale) à Belfort, Mahytec (stockage de l’hydrogène) et AFUludine (lubrifiants écologiques) à Dole (Jura).
« Le rythme se situe à une création d’entreprise par an » relève Michaël Gauthier. Le directeur attribue ce phénomène à une culture de l’entrepreunariat qui s’est développée au fil des années, dans tous les départements scientifiques. Une réussite supplémentaire à mettre au crédit de Femto-ST.
4 sites d’implantation : Besançon, Montbéliard (Doubs), Belfort et Sevenans (Territoire de Belfort)
700 personnels dont 50 % d’agents contractuels (doctorants et chercheurs en contrat post-doctoral)
30 millions d’euros de budget annuel dont 15 millions d’euros affectés aux projets de recherche.
7 départements scientifiques : automatique et systèmes micro-mécatroniques ; énergie ; informatique des systèmes complexes ; mécanique appliquée ; micro-nanosciences et systèmes ; optique ; temps-fréquence. 1 équipe en sciences humaines et sociales.
10 plateformes technologiques : centrale de technologie de micro- et nano-fabrication en salle blanche ; micro-fabrication hybride ; métrologie du temps et des fréquences ; hydrogène-énergie ; centre de micro-nano robotique ; technologies photoniques / optiques ; caractérisation mécanique de matériaux et structures ; métrologie des écoulements et des échanges thermiques ; élaboration et caractérisation des couches minces de surface ; protéomique (étude des protéines).
(*) Acronyme de Franche-Comté Electronique Mécanique Thermique Optique, femto désigne aussi une unité de mesure dans l'infiniment petit, équivalent à 10-15. Le sigle ST fait référence à Sciences et Technologies.