La jeune pousse créée en mars 2022 dans la capitale comtoise développe une technologie de rupture issue de recherches menées par l’institut Femto-ST : une pile à combustible sans platine, capable de générer son propre hydrogène. Très prometteuse, l’innovation de Clhynn a pour ambition d’accélérer le déploiement de la filière.


La pile à combustible constitue un élément central de l’hydrogène comme vecteur d'énergie. Pour faire simple, elle forme le générateur qui convertit le gaz H2 en électricité, en chaleur et en eau. Or, dans sa technologie actuelle, elle présente des contraintes qui ralentissent le développement à grande échelle d’une filière hydrogène compatible avec la transition énergétique.

Ces freins, Clhynn affiche l'ambition de les lever. La start-up a été fondée en mars dernier à Besançon par un duo. L’entrepreneur Jean-Patrick Corso était auparavant directeur général de Vibrafloor (systèmes de vidange) à Dracy-le-Fort, en Saône-et-Loire ; quant au professeur Bernard Gauthier-Manuel, il est un ancien chercheur de l’institut bisontin Femto-ST associé au CNRS. Ce dernier est l’inventeur des trois brevets rachetés par Clhynn via la Société d’accélération du transfert de technologies (SATT) Sayens

 

pvf

 

Première promesse de la jeune pousse : une pile à combustible à la fabrication plus économique et durable, du fait qu'elle recourt à un catalyseur en nickel. Ce matériau très commun remplace le platine, un métal très rare, hors de prix et dont les stocks sont concentrés en Afrique du Sud et en Russie. « Notre catalyseur est 1.000 fois moins cher, affirme Jean-Patrick Corso. Et le nickel ne présente pas de risque de rupture d’approvisionnement. »

Révolutionnaire, la seconde innovation de la pile Clhynn aboutit à lui faire produire son propre hydrogène à partir de l’eau qu’elle génère et d’une « source solide » - une substance active à base de silice. L'autonomie est ainsi augmentée de 30 à 300 % pour un même volume de réservoir, sans besoin de maîtriser la pression.

De plus, son utilisation ne nécessite pas la création d’infrastructures de transport, de stockage et de distribution de ce gaz inflammable et explosif. Enfin, elle garantit une énergie totalement décarbonée quand 95 % de l’hydrogène est aujourd’hui issu des hydrocarbures.

 

Exploitation sous licence et levée de fonds

dirigeants clhynn
Formant le duo de dirigeants de Clhynn, Jean-Patrick Corso (à droite) dirigeait la société Vibrafloor en Saône-et-Loire, tandis que Bernard Gauthier-Manuel était chercheur à l’institut bisontin Femto-ST. © Laurent Cheviet


« C’est une technologie de rupture qui peut vraiment amplifier et démocratiser la transition énergétique »,
poursuit le dirigeant. Incubée par l'organisme régional DECA-BFC, Clhynn a installé ses bureaux dans les locaux de Temis Innovation et un atelier est en cours d’aménagement à L’Isle-sur-le-Doubs (Doubs), à une soixantaine de kilomètres de Besançon. Employant aujourd’hui cinq personnes, la société n’a travaillé que sur des piles de petite dimension. Il lui reste encore à en développer la taille et la puissance, de sorte à couvrir un large spectre d’applications et à lancer l’industrialisation.

 

banque pop 2024

 

D’ici à la fin de cette année, Clhynn devrait présenter un démonstrateur  - formé de la pile et de sa source - de quelques dizaines de watts et se faire connaître à l’étranger. La mise sur le marché d’un premier modèle destiné aux véhicules intralogistiques est envisagée en 2024. « Pour la suite, nous avons déjà noué des contacts avec des constructeurs automobiles et des équipementiers, confie Jean-Patrick Corso. Nous devons encore progresser afin que la technologie soit suffisamment mature pour être à terme exploitée sous licence. Notre ambition n’est pas de créer une giga-factory. »

Soutenue par Bpifrance et la région Bourgogne-Franche-Comté, la start-up espère désormais lever 7 millions d’€ en deux étapes, la première ce printemps 2023 et la seconde à l’horizon 2024/2025. Des fonds nécessaires pour atteindre le but fixé par les créateurs de Clhynn : devenir une technologie de référence de la mobilité verte.

clhynn piece
La société a travaillé pour l'instant sur des piles de petite dimension. Elle compte en développer la taille et la puissance. © Laurent Cheviet

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