L’entreprise issue de l’institut de recherche CNRS Femto-St est spécialisée dans la photonique quantique, cette science de la lumière qui associe l’optique à l’électronique. Elle est en train de passer au stade de l’industrialisation de ses instruments optiques pour le comptage de photons. Une technologie de rupture aux multiples applications dont la France vient seulement de s’emparer.


Dans la communauté des « deeptech », ces entreprises qui développent des technologies de rupture, Aurea Technology à Besançon est un cas particulier. Ses fondateurs en 2010, Johann Cussey et Frédéric Patois, tous les deux issus de l’institut de recherche Femto-St, et Jérôme Prieur, lui ont donné, dès sa création, un profil de PME plutôt que de start-up, expose son directeur général, Johann Cussey. « Nous avons voulu générer du chiffre d’affaires dès le départ qui a progressé lentement mais régulièrement, tout en poursuivant un travail de R&D. » 




Un choix, mais aussi « une chance » intrinsèquement liée à la nature de l'activité. Aurea Technology fabrique des instruments et systèmes optoélectroniques quantiques. La technologie utilise les propriétés quantiques de la lumière qui permettent des calculs à très grande vitesse pour rendre inviolable les communications optiques. Les débouchés sont divers : la sécurisation des transmissions de données par exemple entre des serveurs informatiques, la caractérisation des matériaux semi-conducteurs, mais aussi le biomédical, la défense. Ils se situent à 85% à l’international, pour de grands groupes de técommunications, en Asie, Inde, Etats-Unis et dans d’autres pays européens.



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« Nous avons pu mettre au point un produit standard rapidement commercialisable ; ce fut aussi une volonté, car comme beaucoup d’ingénieurs nous aurions pu attendre qu’il soit parfait pour le mettre sur le marché », explique le directeur général. La stratégie de l’équipe est aussi liée à leur secteur d’activité, la quantique peu connue des investisseurs. C’est seulement en 2021 que l’Etat a mis en place un « plan quantique » de 1,8 milliard d’€ sur 5 ans pour élever la France à un niveau mondial des technologies quantiques, dominées par la Chine et les États-Unis.



Du stade artisanal à l’industrialisation

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Aurea Technology est en train d’implanter une ligne de fabrication pour être autonome, des cartes électroniques aux logiciels. © Laurent Cheviet


Aurea Technology n’a pas pour autant été totalement ignorée des pouvoirs publics, racontait Johann Cussey, mardi 17 mai au petit déjeuner de Temis Innovation à Besançon. L’entreprise de 15 salariés s’est appuyée sur l’écosystème local. Maturation à l’incubateur régional Deca BFC, puis accueil à la pépinière et accompagnement de l’association BGE pour la gestion, pour ensuite faire halte à l’hôtel d’entreprise de Grand Besançon Métropole.
C’est là que réside aujourd’hui l’entreprise en attendant d’intégrer à moyen terme ses propres locaux. Avec l’aide du plan France Relance, la PME est en train de passer du stade artisanal à l’industrialisation, pour être autonome, de la fabrication des cartes électroniques aux logiciels.

Les fonds nécessaires à son développement, Aurea Technology les a trouvés en participant à des concours d’innovation qui se déroulent sous forme d’appels à projets. Le premier, i-Lab, a fourni au démarrage en 2011, 300.000 € de subventions. En 2020,  i-Nov financé par le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) piloté par Bpifrance, a apporté, en subventions et avances remboursables, la moitié du budget d’un programme évalué à 900.000 €. Aurea Technology a aussi bénéficié de la politique de l’Université de Franche-Comté et plus particulièrement de l’Institut CNRS Femto-St dont sont issus deux des associés, qui consiste à accompagner leurs chercheurs vers l’entrepreneuriat.



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La collaboration se poursuit avec le laboratoire de recherche pour le second pilier de l’activité de l’entreprise, la R&D avec l’attachement de Jean-Marc Merolla, chercheur CNRS, caution scientifique qui consacre 20% de son temps dans la société et est entré au capital à hauteur de 10%. Ces travaux doivent contribuer à faire évoluer les applications dans le futur. En 2021, Aurea Technology a travaillé pour l’Agence Spatiale Européenne sur un système d’échanges de clés cryptées depuis un satellite jusqu’à deux bases terrestres.

A la fin de 2022, l’entreprise réalisera un démonstrateur.  A ce stade, on est dans l’univers de la recherche pure, car lorsqu’on lui demande quelles seront les débouchés, Johann Cussey, répond humblement, on ne sait pas… encore.

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Aurea Technology emploie 15 personnes, principalement des ingénieurs et des techniciens. © Laurent Cheviet
Qui est Johann Cussey ?

Docteur en science pour l’ingénieur de l’Université de Franche-Comté sur les systèmes de cryptographie quantique, Johann Cussey a d'abord rejoint l’institut Femto St comme ingénieur de recherche CNRS avant de créer Aurea Technology en 2010.
Avec deux associés. Frédéric Patois, directeur technique, lui aussi docteur en science pour l’ingénieur de l’Université de Franche-Comté qui a fait sa thèse sur la distribution de clés quantiques longue distance et stable dans le temps. Et Jérôme Prieur, président et directeur commercial qui avait participé au lancement de cinq « start up » en photonique aux États-Unis.

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Johann Cussey, directeur général de Aurea Technology. © Laurent Cheviet

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