ROBOTIQUE/DOUBS. Le nom du client n’a pas été révélé, mais la start-up a décroché un très joli contrat avec un industriel italien de micro-électronique pour cinq machines de micro-assemblage ultra-précises et très stratégiques.
Des machines dont il rêvait et qu’il n’avait trouvé nulle part ailleurs. Pour l’industriel, il s’agira de passer du travail manuel à la grande série, mais aussi d’accompagner sa belle croissance.

et pour Percipio Robotics, de faire la preuve de la fiabilité de son savoir-faire.

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La machine génératrice de nouveaux contrats.

En septembre 2011, Traces Ecrites News avait quitté Percipio Robotics au chevet des horlogers suisses qui regardaient avec beaucoup d’intérêt la solution de micro-manipulation de cette start-up tout juste éclose. Elle allait leur permettre d’assister la main de l’homme (le concept de cobotique) dans des tâches ultra-précises et complexes et, du coup, de gagner en productivité dans la fabrication des mouvements.
Cinq ans plus tard, nous la retrouvons auprès d’une multinationale italienne de la micro-électronique à laquelle elle s’apprête à livrer cinq micro-robots conçus à Besançon de A à Z.


De la R&D à l’industrie de micro-systèmes en grande série, c’est en effet le pas de géant qu’en est train de faire la société créée et dirigée par David Hériban, le PDG de cette petite société comptant maintenant 21 salariés, dont 10 recrutés en 2016.
Il est tenu par un contrat de confidentialité et ne peut révéler le nom de son client, mais nous dira juste que cet industriel transalpin compte d’autres usines dans le monde qui pourraient un jour s’équiper des mêmes robots d’assemblage que ceux que l’équipe bisontine est en train de construire dans le nouvel atelier dont elle s’est dotée, sur les hauteurs de Temis. Ce qui lui laisse augurer de beaux lendemains…

Depuis cinq ans, cet industriel cherchait un fournisseur de robot qui automatiserait l’insertion des broches de 50 microns sur un support électronique pour des fonctions de microconnexion. Une tâche jusqu’alors réalisée à la main, mais tout aussi délicate que pénible pour l’homme.
« Cinquante microns, c’est la taille d’un cil de bébé », explique David Hériban pour que l’on saisisse bien la difficulté du geste. Libérées, les équipes pourront se consacrer à d’autres tâches plus valorisantes et moins pénibles. Car en augmentant les cadences, l’automatisation permettra aussi d’absorber la croissance du mystérieux client…


« Ils ont mis beaucoup d’argent dans le projet, ils paient ainsi leur révolution. Notre solution va les faire changer d’ère et passer du manuel à l’industriel », explique encore David Hériban, enthousiaste et convaincu de la montée en puissance de la cobotique et de l’avenir des technologies de micro-assemblage, dans un environnement technologique de plus en plus miniaturisé, et dans un contexte d’industrie 4.O.
« Toutes nos compétences sont sollicitées, nous avons en interne tous les corps de métier de la conception robotique : des roboticiens mais aussi des mécaniciens, des électroniciens, informaticiens, automaticiens… »

 

Un robot de micro-manipulation

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L'équipe  de Percipio Robotics ; David Hériban, le PDG, accroupi.

C’est au salon EPMT-EPHJ de Genève, en 2015, que le groupe de micro-électronique avait découvert la perle rare avec Percipio Robotics qui, ô miracle, allait lui permettre de réaliser cette tâche à grande échelle : plusieurs millions de broches par an pour un fonctionnement 24 heures sur 24, 365 jours par an, avec un rechargement des composants tous les 5 jours.
« C’est une machine très exigeante et très complexe, de type salle blanche et sur-mesure », admet David Hériban.

 

« Personne d’autre ne sait le faire au monde. Nous y arrivons grâce à notre micro-pince dont la trajectoire est pilotée de façon ultra-précise et aussi grâce à notre esprit d’équipe, avec pour chacun une analyse très fine et une prise de risque. Nous nous sommes adaptés et le client n’a rien dû modifier à son process, il va même pouvoir diminuer son coût de revient. »
Après la rencontre à Genève, les choses étaient allées très vite : de retour à Besançon, une vidéo montrant la faisabilité de la tâche par le robot de micro-manipulation avait été envoyée au client, puis le projet avait pu véritablement démarrer avec phases de faisabilité, démonstration et construction d’un pilote, qui est désormais sur le site.
Pendant ce temps, à Besançon, les autres robots sont en cours de construction et de montage, et tous fonctionneront chez le client avant fin 2017. Quant au chiffre d’affaires, grâce à ce contrat, il devrait passer de 500.000 euros en 2016 à 2 millions en 2017. Joli coup.

 

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Qui est David Hériban ?

 

Chercheur de l’institut Femto-ST, au département AS2M (automatique et systèmes micro-mécatroniques) de Besançon, David Hériban avait remporté un premier Micron d’or au salon Micronora, à Besançon, pour un robot d’assemblage à l’échelle du micron.

Percipio Robotics était née de cette idée en 2011, trois ans plus tard, avec pour objectif de passer du prototype au micro-robot bien réel. La start-up avait remporté un second micron d’or l’année suivante, en 2012, avec le Chronogrip, une version dédiée à l’assemblage horloger, peu de temps après avoir obtenu le Grand prix des explosants au salon EPMT-EPHJ de Genève, celui-là même où son client italien l’a repéré en 2015.

Une levée de fonds réalisée en 2015 a aidé la petite entreprise à se développer encore et à convaincre ce gros client de sa fiabilité. David Hériban a en projet de nouveaux locaux, sur Temis toujours, pour libérer la place que sa start-up occupe en hôtel d’entreprise, à la Maison des Microtechniques.

En attendant, ce dirigeant détendu qui tient à impliquer ses salariés a annexé l’ancien atelier de lunetterie Cartier, sur le même technopole, dont les conditions de régulation thermiques hyper-pointues sont parfaites pour monter les machines ultra-précises que pilotent ingénieurs et techniciens depuis leur tour de contrôle.

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