La mégazone bas carbone de la bande rhénane se lance. Michelin écarte pour l’instant la fermeture du site Laurent Retread d’Avallon (Yonne). Les projets d'hydrogène Verso Energy à Epinal et H2V à Thionville entrent en concertation. D’anciennes papeteries vosgiennes prêtes à accueillir l’école nationale de la sécurité Cambium. Le Suisse Neustark fait passer en Alsace le C02 du gaz au liquide pour le capturer.


Alsace

• La mégazone bas carbone de la bande rhénane se lance

L’ainsi labellisée « ZIBac » (zone industrielle bas carbone) autour de la plateforme chimique entre Mulhouse et Rhin a officialisé son lancement par la signature de sa convention, ce 29 avril dans les locaux de la sous-préfecture mulhousienne. Le texte engage dans une trajectoire de réduction des émissions de C02 les cinq industriels, membres avec le transporteur de gaz NaTran (ex-GRTgaz) et la communauté d’agglomération M2A, de l’association locale COB30 : Alsachimie, Butachimie, LAT Nitrogen, B+T Group et Linde France. Soit des poids lourds du sujet : les trois premiers faisant partie des 50 sites industriels les plus émetteurs en France et le quintette totalise « une consommation de gaz de 8 térawattsheures, l’équivalent d’une tranche nucléaire entière », a souligne Christophe Reif, directeur délégué Grand Est de l’Ademe.

L’agence nationale apportera 50 % des 4 millions d’euros d’études qui vont s’engager pour des solutions innovantes et mutualisées d’amélioration de l’efficacité énergétique des procédés, de production d’hydrogène « vert », de captation-valorisation de C02, de récupération et partage de chaleur fatale, d’infrastructures de transport d’hydrogène et de C02. Cette enveloppe publique est jugée « essentielle » par les industriels pour enclencher la dynamique et y faire adhérer leurs maisons-mères. 

Le nom de l’association, en forme de jeu de mots avec les COP, réunit les initiales des trois communes haut-rhinoises Chalampé, Ottmarsheim et Bantzenheim d’implantation des différentes sociétés, formant sur près de 200 hectares une « plateforme chimique d’excellence mondiale de 1.300 emplois dans les chaînes de valeur de l’ammoniac et des polyamides, mais aujourd’hui soumise à des crises multiples », a souligné Kristof Mahieu, président de COB30 et gérant de Butachimie. Les projets doivent notamment aider à concrétiser l’alimentation du chauffage urbain de l’agglomération par la chaleur fatale de la bande rhénane, lui aussi « essentiel à la viabilité même du territoire » selon Fabian Jordan, le président de M2A. M. Noyer

 

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Bourgogne

• Michelin écarte pour l’instant la fermeture du site Laurent Retread d’Avallon

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Le site de rechapage de 400 salariés tourne à moins de moitié de ses capacités, étant concurrencé par des pneus chinois aux prix inférieurs bien que neufs. © Michelin


Après des déclarations aux teneurs inquiétantes début avril sur l’avenir du site industriel Laurent Retread (ex Pneus Laurent) à Avallon (Yonne), le groupe Michelin a tenu à rassurer : « Aucun projet de fermeture n’est à l’ordre du jour », a affirmé l’entreprise dans un communiqué transmis le 18 avril dernier à nos confrères de France Télévision. Cette précision fait suite à l’intervention du PDG du manufacturier clermontois Florent Ménégaux, qui avait évoqué les difficultés de ce site spécialisé dans le rechapage.

« Il est chargé à moins de 45 %, parce que les pneumatiques neufs venant d'Asie rentrent à un prix inférieur qu'un rechapé en France », avait-il déclaré. De qoui susciter de vives inquiétudes parmi les presque 400 salariés de l’entreprise, l’un des principaux employeurs du bassin. Un comité social et économique extraordinaire s’est tenu jeudi 17 avril, lors duquel les syndicats ont exprimé leurs préoccupations. Michelin reconnaît une baisse de volumes sur les années 2023 et 2024, mais il affirme que plusieurs actions sont en cours dans le but d'améliorer la compétitivité et de développer de nouvelles activités. Les syndicats n’excluent pas des journées d’action, en attendant des réponses plus concrètes de la direction. A.Morel

 

Lorraine
Les projets d'hydrogène Verso Energy Epinal et H2V à Thionville entrent en concertation

La société française Verso Energy démarre la concertation officielle pour son ambitieux projet d’unité de production de carburants « verts » (SAF) pour avions à partir d’hydrogène et de C02, un investissement prévisionnel désormais chiffré à 1,4 milliard d’euros (il avait été annoncé à environ 1 milliard en juillet dernier) pour la création visée de 250 emplois « directs et indirectes » à Chavelot, sur l’Ecoparc de l’agglomération d’Epinal (Vosges). La Commission nationale du débat public a été saisie du projet par son porteur et elle organise selon ses formalités la discussion publique, depuis le 24 avril jusqu’au 22 juin. Baptisé Ep’HyNE (Epinal Hydrogène Nouvelles Energies), le projet est porté conjointement par RTE, le transporteur d’électricité qui sera consommée en masse, la puissance requise se situant à 450 MW. Le process consiste à capter le C02 excédentaire du papetier voisin Norske Skog et de la chaudière biomasse collective de l’Ecoparc pour l’associer à de l’hydrogène obtenu par électrolyse, de façon à produire « 81.000 tonnes annuelles de SAF contribuant ainsi à réduire de 200.000 tonnes les émissions de C02 soit l’équivalent de ce que rejettent annuellement 20.000 Français », selon Verso Energy. La société vise l’horizon 2030 pour la mise en service potentielle de l’unité, sachant qu’elle mène les démarches pour trois autres projets similaires ailleurs en France.

De même, un autre acteur émergent de l’hydrogène, H2V, a lancé, ce 28 avril pour deux mois, la procédure de débat public de son projet à Thionville-Illange (Moselle). Il est question ici de 30.000 tonnes annuelles d’hydrogène « vert » et 150.000 tonnes d’e-méthanol dans une usine qui « pourrait générer jusqu’à 140 emplois. »  M. Noyer


Lorraine

• D’anciennes papeteries vosgiennes prêtes à accueillir l’école nationale de la sécurité Cambium

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La dépollution du site réalisée par l’Etablissement public foncier de Grand Est a mobilisé 9,3 millions d’euros. © Groupement HVA-AAA


Un campus de formation aux métiers de la sûreté, de la sécurité et du secours baptisé « Cambium » devrait ouvrir ses portes à l’automne 2026 à Anould (Vosges). Le projet a été détaillé le 9 avril dernier dans le cadre d’un comité de pilotage co-présidé par Valérie Michel-Moreaux, préfète des Vosges et Claude George, président de la Communauté d’agglomération de Saint-Dié-des-Vosges. L’aménagement d’un premier bâtiment de 6.400 m² est actuellement en cours, un investissement de 8,2 millions d’euros soutenu par l’État, le conseil départemental et la communauté d’agglomération.

Le projet s’inscrit dans la reconversion de 9 hectares de friches des anciennes papeteries du Souche à Anould. La dépollution du site a d’ores et déjà mobilisé 9,3 millions d’euros de la part de l’Etablissement public foncier de Grand Est (EPFGE). Ce projet de centre de formation initiale et continue (cybersécurité, drones et vidéoprotection) est porté par la société Actiss Gestion en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et le Centre de formation aux métiers du drone (CFAD). Il sera en capacité d’accueillir jusqu’à 350 élèves. A termes, un second bâtiment de 15.000 m² pourrait être aménagé afin d’héberger un « espace technologique » intégrant un datacenter notamment. P. Bohlinger

 

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Alsace

• Le Suisse Neustark fait passer le C02 du gaz au liquide pour le capturer

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L'unité de liquéfaction est adossée à un site de méthanisation agricole dont elle capte le gaz carbonique habituellement rejeté dans l'atmosphère. © Neustark


Avec l’unité de liquéfaction de C02 qu’elle a inaugurée le 22 avril dans le Bas-Rhin, l’entreprise innovante suisse Neustark a posé un jalon vers le stockage de carbone qui l’associe localement au producteur de béton Fehr. La nouvelle installation à Wittersheim capture le C02 résultant de la méthanisation de matière agricole (fumier, lisier, résidus de culture…) et habituellement rejeté dans l’atmosphère. Le gaz est ensuite « comprimé et refroidi à - 20 °C » de sorte à devenir liquide, expose l’entreprise. Sous sa forme nouvelle, il rejoint des sites de stockage proches, dont l’unité de préfabrication de Fehr à Bischwiller (Bas-Rhin) où il commence à être injecté dans du béton de démolition au moyen d’une technique de minéralisation de Neustark permettant de séparer les eaux résiduelles. Ainsi « emprisonné », il s’incorporera à la nouvelle vie de tels gravats. L’unité de Fehr devrait devenir complètement opérationnelle ce printemps. A Wittersheim, la ligne de liquéfaction, dimensionnée pour 4.200 tonnes annuelles de C02, est rattachée au centre de méthanisation associant 14 agriculteurs. Le procédé Neustark permet d’autres recyclages, comme l’incorporation dans des mâchefers. M. Noyer

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