L’agglomération du Sud-Bourgogne recueille en ce moment les fruits de sa politique volontariste d’attraction des entreprises pour leur production et leur logistique. Cette rentrée 2024-25 marque l’avancée ou la concrétisation finale de près d’une dizaine de projets qui laissent entrevoir la création de 1.000 emplois dans les trois ans. La stratégie foncière s’adapte à une certaine raréfaction de l’offre en misant sur la reconversion de friches complémentaires au site-phare SaôneOr né sur les ruines de Kodak.


L’agenda de rentrée économique du Grand Chalon est bien noirci. L’agglomération de Saône-et-Loire va concentrer, pendant deux mois, une quantité assez exceptionnelle de cérémonies de première pierre ou d’inauguration de nouvelles implantations d’entreprises qui cumulent un millier d’emplois à créer dans les trois ans, lorsqu’on les met bout à bout.

Certains de ces rendez-vous sont bien affichés. La date du 10 octobre marquera ainsi le moment officiel de fin de chantier de l’usine Vicky Foods, quatrième du genre dans le monde après l’Espagne et l’Algérie et première en France, sur la zone SaôneOr en reconversion du site Kodak.

 

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Le groupe espagnol de produits de boulangerie-viennoiserie parviendra ainsi au terme de la construction de son premier bâtiment de 25.000 m2 dans lequel il doit lancer, début 2025, la fabrication au moyen d’un effectif de 125 salariés. Au terme de ses trois tranches de travaux totalisant 80 millions d’euros d’investissement, « ce sont bien 250 emplois qui sont programmés comme annoncé », rapporte Sébastien Martin, président de la communauté d’agglomération.

Pas le temps de digérer les petits fours, dès le lendemain, le Grand Chalon enchaînera de l’autre côté de l’agglomération, sur la zone Actisud, avec la première pierre du centre logistique de Veka. Le fabricant de menuiseries PVC investit sur place 16,5 millions d’euros pour la construction de 11.000 m2 sur un terrain de 4,6 hectares, hébergeant un premier groupe de 25 salariés. L’infrastructure trouvera sans doute des synergies avec le centre européen de recyclage de portes et fenêtres du groupe allemand, situé 200 kilomètres au nord dans l’Aube, à Vendeuvre-sur-Barse.

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Pour reconstituer de l'offre foncière, le Grand Chalon met un coup d'accélérateur sur la reconversion de friches. Ainsi, l'ancienne usine de néons Nordeon-Philips a achevé sa démolition avec la mise à terre de sa dernière cheminée, le 3 septembre. Les aménagements en cours rendront ses 7 hectares disponibles en début d'année prochaine.


Le planning de rentrée comprend aussi des franchissements d’étapes plus informels. Comme la future usine Atlantic de pompes à chaleur sur SaôneOr. Son chantier démarre ces jours-ci sur le foncier de 19 hectares appelé à abriter une construction de plus de 35.000 m2 regroupant 300 nouveaux emplois. De quoi respecter son calendrier de mise en production à la fin 2025 pour une capacité de 180.000 unités, inscrite dans le programme public national de fabrication d’1 million de pompes à chaleur d’ici à 2027 en France. Atlantic vise cette échéance pour la pleine capacité de son nouveau site représentant un investissement de 150 millions d'euros, et pour lequel Chalon-sur-Saône se trouvait en concurrence avec Rhône-Alpes notamment.

 

Le clé en mains, un accélérateur de dossiers

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Les sept nouvelles implantations sur SaôneOr (en haut à droite de la carte) se concentrent sur deux années.


Le dossier Atlantic est doublement emblématique, selon Sébastien Martin. « Il procure un exemple de relocalisation en France de productions qui étaient parties en Asie du Sud-Est. Et sur la réactivité des pouvoirs publics, il démontre qu’en France, on peut aller vite. L’annonce de l’investissement remonte à septembre 2023 et un an après seulement, tout est prêt pour engager le chantier », expose l’élu. Le concept de site industriel « clé en mains », prêt à l’usage en quelque chose, et qui est cher à Sébastien Martin, trouve dans ce projet une nouvelle opportunité de mise en œuvre. « Il sécurise fortement l’investissement, nous collectivités locales assurons l’interface avec les administrations sur les différentes procédures à appliquer », expose-t-il.

Par ailleurs, et discrètement comme il sied à son domaine d'activité, la maroquinerie Thomas mettra en service à la fin de l’année son atelier qui attend 250 emplois en cinq ans, à Dracy-le-Fort où elle déménage depuis Mâcon.

 

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A la liste des projets en cours, il convient d’ajouter des références comme CMPhy dans le contrôle non-destructif (15 emplois prévus, travaux de construction de fin 2024 à fin 2025), la nouvelle usine Aérométal de recyclage de métaux spéciaux de 9.500 m2 à livrer à l’été 2025, ou encore Rikksen, la filiale d'accessoires du groupe Soprema de couverture et étanchéité et ses 50 emplois à venir. Et avec davantage de prudence, les micro-batteries d’Iten. L’usine de cette société lyonnaise est toujours programmée sur SaôneOr avec 100 emplois à terme, mais son calendrier est décalé d’environ un an par rapport au l’objectif initial de démarrage en 2027.

Le succès non démenti sur SaôneOr a son corollaire : le foncier disponible sur le site se met à se raréfier. A 12 hectares, le potentiel demeure enviable, mais les grandes parcelles d’un seul tenant viennent à manquer. « Dans cette zone, il nous en restera une d’une superficie de 5 hectares, le reste des terrains développant plutôt 1 hectare », décrit Sébastien Martin.

 

Un appel à entretenir les réserves foncières

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La physionomie de l'usine Vicky Foods de production de viennoiseries s'equisse sur SaôneOr. La première tranche de 25.000 m2 sur un total de trois termine sa construction cet automne. Un effectif total de 250 emplois est attendu dans les prochaines années.


Dans ce contexte, le plan de reconversion de la friche Nordeon-Philips s’est orienté vers un profil gros poisson : sur les 7 hectares concernés, le Grand Chalon privilégerait volontiers d’attirer un « grand nom » de l’industrie d’un seul tenant pour « un nouveau projet marqueur du territoire. ». Cette posture explique la sollicitation, réussie, auprès de l’Etat du classement de la friche comme « site clé en main France 2030 », dans la promotion d’avril 2024. Le label facilitera les démarches administratives et doit ainsi accélérer leur concrétisation. Les 7 hectares seront rendus disponibles à la fin de l’année, après les derniers « déblayages » consécutifs à la démolition, le 3 septembre dernier, de l'ultime vestige de l’usine de néons fermée en 2017, à savoir sa cheminée.

A l’heure du zéro artificialisation nette des sols, le fameux ZAN, la friche reprend son importance et les enjeux n’ont pas échappé à Sébastien Martin. La communauté d’agglomération n’entend pas se contenter de l’offre Nordeon, « nous avons engagé un travail fin de recensement de toutes les surfaces afin de ne rater aucun foncier caché. »

Cependant, les pouvoirs publics ne sont pas seuls à détenir les clés, estime l’élu qui lance un « Entretenez-les ! » aux entreprises. Comprendre : maintenir à niveau les voiries ou autres infrastructures de leurs réserves foncières même anciennes, « de sorte à ne pas laisser le temps à la nature d’y reprendre ses droits et de se retrouver, le jour voulu, avec des dossiers complexifiés par le retour d’espèces naturelles protégées. » Pour celles-ci, les surfaces ne manquent pas par ailleurs, plaide le président du Grand Chalon.

 

Une entrée centre pour Chalon depuis l’autoroute 

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Le nouvel échangeur autoroutier s'est ouvert à la circulation ce 10 septembre. © Philippe Busser - XXI Communication

Ce 10 septembre a également été une date bien entourée dans l’agenda chalonnais. Le nouveau demi-diffuseur aménagé en sortie de l’autoroute A 6 s’est en effet ouvert à la circulation. L’ouvrage d’un montant de 13,7 millions d’euros, réalisé par le concessionnaire APRR (groupe Eiffage) et cofinancé par le dépatement de Saône-et-Loire et le Grand Chalon, signifie la création d’une entrée Chalon-centre qui rapproche les automobilistes du coeur de ville, par rapport aux accès nord et sud pré-existants. Apportant un surcroît d’accessibilité dans les arguments pour les dossiers d’implantation d’entreprises, il revêt aussi une dimension symbolique, selon Sébastien Martin. « Laissé enterré dans le contexte de la fin de Kodak (l’usine emblématique avait fermé en 2006, Ndlr), il est revenu à la surface. Ce demi-diffuseur tourne définitivement la page de l’accident industriel majeur d’il y a 18 ans. »

Photos fournies par le Grand Chalon.

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