DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE/DIJON. Dans la dispute que se font Dijon et Besançon pour accueillir le siège de la région Bourgogne Franche-Comté, les deux principales villes mesurent avec un brin d’esprit de compétition leurs compétences économiques.
A la veille son assemblée générale le 9 juin, Dijon Développement livre les atouts d’un bassin d’emploi de 425.000 habitants qui se verrait bien mériter le statut de métropole.

« Nous sommes des commerciaux, nous n’avons pas de vision institutionnelle de l’économie », soutient François-André Allaert, président de Dijon Développement et dirigeant du groupe CEN. A l’assemblée générale annuelle, ce jeudi 9 juin, il sera sans doute question de la compétence de développement économique dont l’organisation est désormais du ressort du conseil régional.
L’association dijonnaise se distingue de ses voisines par la présence de chefs d’entreprise à son conseil d’administration, à égalité en nombre avec les élus du Grand Dijon.
Pour la nouvelle agence régionale de développement économique qui naîtra en fin d’année de la fusion des deux agences régionales, ARDIE Bourgogne et l’ARD, Marie-Guite Dufay, la présidente de la Région, défend le statut de société publique locale de l’agence franc-comtoise. A la différence d’une association, elle est managée uniquement par les élus des collectivités locales adhérentes.
Il est encore trop tôt pour savoir si cette transformation aura des incidences sur les agences locales. Mais à Dijon Développement, on reste attentif. Une question de méthode de travail et d’objectifs, assure le président. « Un territoire est en quelque sorte un produit dont il est nécessaire de tirer rapidement une valeur ajoutée », précise François-André Allaert.
Au-delà de ce désaccord institutionnel, les responsables de la promotion économique de Dijon ne s’engagent pas dans la querelle politique avec Besançon. « Dijon a intérêt à vendre la complémentarité avec Besançon et inversement », plaide François-André Allaert.
Il cite notamment la collaboration entre les deux villes qui se vendent ensemble depuis plusieurs années au Mipim (salon international de immobilier d’entreprises).
Discours d’apaisement

Plus récemment, les deux anciennes régions qui ont en commun le pôle de compétitivité alimentaire Vitagora ont bâti le projet Food Tech qui positionne les nouveaux usages alimentaires sur l’économie numérique. La labellisation de cet écosystème est en marche, avec une candidature déposée le 11 avril dernier.
Ce discours d’apaisement s’appuie une réalité. Dijon et Besançon affichent des points communs, plus complémentaires que concurrents, notamment dans le domaine de la santé.
Historiquement terre d’accueil d’industries pharmaceutiques (Urgo, Sanofi, Merck Médication familiale), Dijon développe des savoir-faire axés sur le traitement des pathologies et le bien-être du patient : CEN Nutriment, Inventiva, Oncodesign ou Crossject sont quelques-unes de ces pépites sur laquelle Dijon Développement s’appuie pour la promotion de l’économie de la capitale régionale.
La santé est aussi un des axes de travail de Vitagora et a drainé dans son sillage de jeunes pousses comme Novolyze.
A fortes retombées médiatiques, avec le fabricant d’électroménager Seb, le pain d’épices Mulot et Petitjean, les cassissiers ou encore le formulateur d’ingrédients de meunerie Eurogerm, l’alimentaire minimise cependant l’importance de la mécanique et l’électronique .
« Il ne faut pas oublier que cette industrie emploie 5.700 personnes », précise le président de Dijon Développement.
Le fabricant de machines outils Vernet-Behringer, d’ensembles mécano-soudés CLM Industrie, ou encore Automatismes du Centre Est, pour ne citer que les plus en vue ont inspiré indirectement des clusters qui reposent sur les savoir-faire de la mécanique et de l’électronique, l’éolien Wind For Future et le domoticien GA2b.
La communauté urbaine candidate au statut de métropole

Pour donner forme à ce marketing territorial, les zones d’activités tendent à se spécialiser. Le Marché de l’agro ressuscite l'ancien marché de gros, Mazen Sully a quasiment fait le plein avec les biotechnologies, AgroNov, en périphérie, s’emploie à rassembler des start-ups autour de l’agroenvironnement.
« Les prochaines implantations se feront sur de plus vastes zones, l’EcoParc, en bordure de l’Arc (rocade est, NDLR) où nous espérons conclure un compromis de vente prochainement, à Beauregard qui est la continuité de la zone industrielle de Longvic et Valmy III, cette fois pour l’activité tertiaire », énumère le président de Dijon Développement.
Un bassin d’emploi de 425.000 habitants, « le plus grand, et de loin, de Bourgogne Franche-Comté », fournit aux entreprises, un solide argumentaire Mais pas suffisant, selon le maire de Dijon et président de la communauté urbaine, François Rebsamen, qui plaide pour une évolution législative du statut de métropole dont il revêtirait bien Dijon.
Avec une agglomération de 255.000 habitants, la cité des ducs de Bourgogne est avec Orléans, la seule capitale régionale qui n’a pas ce statut, la loi ne l’accordant qu’aux intercommunalités d’au moins 400.000 habitants. « La métropole formerait un ensemble plus visible l’international », appuie l’agence de développement économique.

Pour plus d’informations sur les secteurs d’activités de la région dijonnaise :
Merci pour la concision de cet article qui remet bien en perspective le développement de la capitale régionale. A noter que le statut de métropole a été accordé aux agglomérations de Brest et Nancy (agglomérations de taille similaire à Dijon).