POINT DE VUE. L’actualité entre les deux anciennes capitales des feu régions Bourgogne et Franche-Comté a été quelque peu mouvementée ces dernières semaines.

Besançon qui vient de perdre le dernier round, en attendant le suivant, doit-elle pour autant faire un complexe d’infériorité vis à vis de Dijon ?
Point de vue d’une journaliste bourguignonne, en l'occurrence nivernaise (précision utile pour ne pas être taxée de chauvinisme) et dijonnaise d'adoption, qui fréquente depuis plus de deux décennies les terres bisontines.

 

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L’actualité entre les deux anciennes capitales des feu régions Bourgogne et Franche-Comté a été quelque peu mouvementée ces dernières semaines.

 

L’installation à Dijon du tribunal de commerce spécialisé, chargé des liquidations judiciaires des grandes entreprises, alors que Besançon avait été pressentie quelques mois plus tôt, a mis le feu aux poudres. Une pétition réclamant « un juste équilibre de compétences » entre les deux villes, a été lancée sur change.org avec pour l’instant un modeste score de 1700 signatures.

 

Mais surtout, l’événement a réussi à contrarier l’osmose présentée comme telle entre les CGPME de Bourgogne et de Franche-Comté, tous juste réunies.

 

Tandis que Benoît Willot, le président régional, également président du syndicat patronal en Côte-d’Or, estime que le choix de Dijon est « légitime », les présidents des quatre départements francs-comtois « s’inscrivent en faux contre la position du président régional », indiquent-ils dans un communiqué. Et élèvent comme argument, la spécificité industrielle de la Franche-Comté, mieux disposée pour une juridiction de ce genre.


Justement, et si le calumet de la paix se basait sur une répartition des forces ? Après tout, dans nombre de pays, la capitale n’est pas la ville qui a plus de poids économique. Dijon, capitale administrative et Besançon, capitale économique ? Pourquoi pas ?

 

Des marchés de niche qui vont exploser demain

 

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La dernière version de ce logiciel devrait permettre à Digital Surf de s’imposer sur le marché mondial des microscopes.

 

Quand une ville veut montrer sa grandeur, on a coutume de se référer à son passé, ses hommes célèbres, ses inventions à l’aube de l’ère industrielle, comme si aujourd’hui les atouts économiques d’une cité étaient d’une totale banalité. Alors, égrénons les métiers de l’industrie bisontine.…

 

Micromécaniciens, polisseurs, plasturgistes, spécialistes du traitement de surface, de la sécurité des systèmes et des données, de l’imagerie médicale, fabricants de dispositifs médicaux, outilleurs, électroniciens et intégrateurs…, n'y a-t-il pas matière à se glorifier un peu, non ?

 

En toute objectivité, l’ancienne capitale horlogère a réussi sa mutation vers les microtechniques. A preuve, une école d’ingénieurs de premier plan, l’Ensmm (école nationale supérieure de la mécanique et des microtechniques) qui forme en cette année scolaire, 832 élèves, autant d’embryons d’entrepreneurs qui apprennent leur métier grâce à des études de cas pour de vrai, fournies par des industriels complices.

 

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En totale osmose avec cette école, l’institut Femto-St (Franche-Comté Electronique Mécanique Thermique et Optique - Sciences et Technologies) est une unité mixte de recherche associée au CNRS et à l’Université de Franche-Comté, reconnue bien au-delà des frontières dans les disciplines en -tique (automatique, électronique, acoustique, optique) et de l’infiniment petit, les nanotechnologies.

 

Certes, toutes ces activités savantes ont du mal à trouver réalité dans l’esprit du grand public. Mais qu’importe, elles sont mondialement connues. Lentement mais sûrement, la cité comtoise sort aussi du lot dans les biotechnologies et le médical, des marchés de niche qui vont exploser demain.

 

Technologies de rupture

 

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L’Etablissement français du sang de Bourgogne Franche-Comté dispose de deux salles blanches accessibles aux jeunes pousses.

 

Besançon aurait matière à plus s’appuyer sur ses entreprises innovantes. Jeune pousse créée par des chercheurs du laboratoire Femto-St, Frecnsys développe des capteurs acoustiques à ondes de surface. Une technologie de rupture. Digital Surf, une pépite des microtechniques est devenue un éditeur logiciel ultra-pointu d’analyse de surfaces.

 

Sonaxis est l’un des rares fabricants de capteurs ultrasonores en France à maîtriser la technologie piézo-composite. L’établissement français du sang est une véritable pépinière de jeunes talents. Il a donné naissance à Diaclone, l’une des premières entreprises positionnée sur l’immunothérapie avec un anticorps monoclonal.

 

Le petit dernier s’appelle Med’ Inn’ Pharma, un médicament innovant destiné à traiter les maladies inflammatoires. On peut citer aussi iin medical qui commence à se faire un nom dans les blocs opératoires, et est en train concevoir un robot chirurgical.

 

Besançon a aussi oublié que cela fait deux décennies qu’elle connaît la fibre optique grâce au réseau Lumière, intelligente collaboration entre toutes les administrations locales. Et puis, la cité comtoise peut s’enorgueillir de quelques belles implantations comme l'horloger Breitling et la manufacture de lunettes Cartier..., du chic et du beau.


Pareils souffles de génie

 

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Tout a commencé en 1994 : A l’époque, aucune ville de France n’avait un réseau fibre optique. ©Yves Marchand.

 

Remontons quand même le temps, si cher à la capitale comtoise. Dijon peut revendiquer de bien grands hommes, dont Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), sans doute l’un des plus grands orateurs connus.

 

Besançon, elle, a vu naître Victor Hugo (1802-1885), l’écrivain qui bouleversa son siècle et signa parmi les plus beaux appels à la transgression que les salariés de Lip ont su naguère si bien incarner :
« Désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation. »
« La Révolution, c’est la France sublimée. Il s’est trouvé, un jour, que la France a été dans la fournaise ; les fournaises à de certaines martyres guerrières font pousser des ailes, et de ces flammes cette géante est sortie archange. »

 

Tiré des Feuilles d’Automne, cet également sublime et tellement présent,
«  Amis, un dernier mot.
Je hais l'oppression d'une haine profonde.
Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde,
Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier,
Un peuple qu'on égorge appeler et crier…
… J'oublie alors l'amour, la famille, l'enfance,
Et les molles chansons, et le loisir serein,
Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain ! ».

 

Pareils souffles de génie signent bien une appartenance et doit éviter le moindre complexe entre deux villes qui forcent chacune...

...mais laissons le mot de la fin (parce qu'il faut toujours savoir rire de soi sans méchanceté) à nos talentueux amis de l'Echo de la Boucle :

http://lechodelaboucle.fr/2016/03/15/region-bourgogne-franche-comte-sappellera-autour-de-dijon/

6 commentaire(s) pour cet article
  1. Andrédit :

    On retire le tribunal, c'est une première pierre de l'édifice. Puis, qq centres décisionnels de grandes entreprises, c'est encore des pierres définitivement parties et ainsi de suite jusqu'à ce que l'édifice s'écroule. C'est une technique vieille comme le monde !

  2. Christiane Perruchotdit :

    Précision de la rédaction : Le sujet de l'article ne porte pas sur la pertinence du choix de Dijon, comme capitale régionale : la décision est prise et que l'on soit pour ou contre, ce choix relève maintenant du passé. Cet article n'est pas non plus un réquisitoire contre Dijon capitale régionale. Il veut simplement démontrer, par l'exemple, que Besançon n'a pas à rougir de ses atouts économiques et dispose - car cela semble guère se savoir - de pépites dans des domaines de pointe que beaucoup d'autres territoires pourraient lui envier. Ce qui ne veut pas dire non plus - et d'ailleurs cela n'a pas été écrit - que Dijon n'a pas d'emplois industriels.

  3. Bendit :

    La Suisse est un pays pauvre ? Non ! Il faut un équilibre ! Une dynamique ! Dijon a la préfecture. Besançon aura le siège du conseil régional. Et toutes les différentes directions seront placées selon l'identité des territoires. Par exemple, il est normal que la DIRECCTE soit à Besançon puisque la Franche-Comté est la première région industrielle de France (il y a seulement un problème avec le tribunal et le service des études qui part à Dijon). Il est normal que Dijon ait la DRAF avec ses grandes productions de vins. Il y a un autre hic, c'est l'ARS. Besançon est spécialisée dans la technologie de la santé et développe tout un écosystème sur ce sujet.

  4. LGDdit :

    Tout à fait d'accord avec Julien, mais n'oublions pas que le malaise actuel provient d'un regroupement régional contre nature provoqué par une réforme mal conçue et mise en œuvre de façon inconséquente. Il n'empêche que les faits sont têtus : du point de vue démographique, l'agglomération Dijonnaise c'est 377 590 habitants pour l'aire urbaine, 238 576 habitants pour l'unité urbaine et 152071 habitants pour la commune de Dijon. À titre de comparaison, l'agglomération bisontine, c'est 246 841 habitants pour l'aire urbaine, 134 585 pour l'unité urbaine et 116353 pour la commune (source INSEE : 2012). Et n'allez pas me dire que les 140 000 emplois présents sur l'agglomération dijonnaise ne sont que des emplois administratifs, je ne vous ferais pas l'affront de vous citer toutes les belles entreprises pharmaceutiques, agro-alimentaires, industrielles implantées en périphérie. Sans oublier les centaines de PME-TPE qui font la richesse de ce territoire. Je me demande quand même si tout cela n'excite pas des convoitises !! En tout cas pour moi le choix est clair, c'est Dijon, ville de culture et d'ouverture qui a le potentiel pour faire rayonner la nouvelle entité régionale.

  5. Gérarddit :

    Pour avoir, pendant de nombreuses années de ma vie professionnelle, côtoyé et travaillé avec les Bisontins, je dis haut et fort : il n'y a pas de complexe à avoir. Des décisionnaires avertis et conscients devraient prendre en compte que depuis très longtemps, ce complexe est sous-jacent : Dijon, la bourgeoise endormie et Besançon la laborieuse et technologiquement en avance. Pourtant, dans le domaine que je connais, l'industrie, j'ai admiré l'engagement, l'efficacité, le haut niveau technique, la hargne de progresser, le sens du contact etc ... Donc amis Bisontins, sachez que vous êtes appréciés et reconnus et respectés !!!!!!!! Il y a de grandes choses à faire ensemble !!!

  6. Juliendit :

    Et Dijon!!! C'est marrant, mais dans ce genre d'article on devrait comparer par des chiffres réels, population nombre d'emplois, création d'emploi, PIB, équipements, ..... Enfin c'est bien beau et bien écrit, mais c'est subjectif. Besançon n'a rien d'une capitale économique. Et si Dijon est seulement la capitale administrative, il faut déménager toutes les directions de l'Etat. Et les pays qui ont 2 capitales sont des pays pauvres pour la plupart. Défendez votre région et votre capitale. C'est dingue ça on dirait que Dijon bashing devient à la mode, comme le Paris bashing.

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