SANTÉ/BESANÇON. Reconnu pour ses travaux sur les mécanismes immunitaires et ses dérèglements, qui ouvrent la voie à une nouvelle approche thérapeutique, l’établissement français du sang (EFS) de Bourgogne Franche-Comté vient de s’équiper d’une plateforme de production de médicaments de thérapie innovante (MTI). 

Les deux salles blanches dédiées à cette production seront également accessibles aux jeunes pousses. 

S’apprête à éclore dans les prochains mois, Med’ Inn’ Pharma, issue de travaux universitaires en immunothérapie.

 

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L’Etablissement français du sang de Bourgogne Franche-Comté s'est équipé d'une nouvelle plateforme pour 2,5 millions d'€.

 

« Il ne faut pas oublier l’origine humaine du produit fini », tenait à rappeler Fabienne Pouthier, responsable de la nouvelle plateforme de production de médicaments de thérapie innovante (MTI), lors de son inauguration à Besançon, en fin d’année dernière. 

 

Des fondements que rappelait à son tour Pascal Morel, le directeur de l’EFS-BFC (Etablissement français du sang de Bourgogne Franche-Comté) qui bénéficie de cette nouvelle plateforme, l’une des cinq du réseau national de l’EFS. Coût du projet : 2,5 millions d’€, dont 70% financés par l’Europe et les collectivités locales. 

 

« Ce projet, c’est la prolongation de notre cœur de métier qui est le don du sang. Sans les donneurs, il n’existerait pas. J’ai la certitude que nous vivons aujourd’hui une révolution thérapeutique pour le traitement des rejets de greffe, des cancers et, en miroir, des maladies inflammatoires. (…) Dans tous les cas, nous rééduquons le système immunitaire. »

 

Issus de cellules humaines dont on a modifié les composants afin qu’ils acquièrent un véritable statut de médicament, ces MTI sont prometteurs et innovants dans la mesure où ils offrent la possibilité de répondre à des impasses thérapeutiques (cancers, maladies inflammatoires), au moins partiellement.

 

Flambant neuves et d’un niveau de propreté optimum, les deux salles blanches de la plateforme vont donc permettre de développer les traitements de demain. L’équipement pourra être ouvert à des investisseurs privés attirés par les travaux menés ici, dès lors que les médicaments auront fait la preuve de leur efficacité. 

 

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L’établissement abrite l’unité mixte de recherche 1098 – « le réacteur », dit Pascal Morel – dont les travaux portent sur l’immunologie de la greffe et l’immunologie du cancer. Pionnier en matière de thérapie cellulaire avec les travaux précurseurs des professeurs Hervé, Péters ou Tiberghien, l’EFS Bourgogne Franche-Comté bénéficie aujourd’hui de sept médicaments candidats à l’étude, dont deux plus particulièrement avancés, qui doivent faire l’objet des premières productions à visée clinique fin 2015 ou début 2016. 

 

La plateforme a été conçue de façon à ce qu’aucune contamination croisée ne soit possible, ce qui pourra permettre le développement, en parallèle, de deux médicaments différents, et aujourd’hui plus qu’hier encore, l’antenne Bourgogne Franche-Comté de l’EFS est en mesure de jouer les incubateurs et de créer de l’emploi. 

 

Une trentaine de médicaments devraient être créés à court terme pour faire fonctionner le nouvel équipement, d’autres pourraient suivre au rythme des entreprises qui naîtront ici.

 

« Nous avons la capacité d’héberger des entreprises, et c’est aussi un moyen de financer nos projets propres, en mutualisant l’équipement », poursuit Pascal Morel. « Nous devrions assez rapidement voir arriver des investisseurs privés lorsque nos médicaments auront fait la preuve de leur efficacité. »

 

Med’ Inn’ Pharma, 3ème entreprise incubée par l'EFS

 

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L’équipement pourra être ouvert à des investisseurs privés attirés par les travaux menés ici.

 

L’établissement avait déjà permis la création de deux entreprises de médicaments de thérapie innovante. Des précurseurs, bien avant l’apparition du terme : Diaclone, dans les années 80, l’une des premières positionnée sur l’immunothérapie avec un anticorps monoclonal. Puis TxCell, en 2002, positionnée sur le traitement de la maladie de Crohn. 

 

La première emploie une vingtaine de salariés à Besançon et reste en pointe sur ses produits, la seconde vient de faire le choix d’externaliser sa production en Belgique. « Mais l’aventure a permis de faire deux démonstrations : celle de l’attractivité de l’EFS, et celle de la poursuite de travaux fructueux ici », assure Pascal Morel. « Elle nous a fait grandir. »

 

Très prometteuse, une troisième entreprise issue des travaux bisontins en immunothérapie s’apprête à éclore. Med’ Inn’ Pharma devrait être créée dans les locaux de l’EFS-BFC dans les tout prochains mois par Sylvain Perruche, chercheur Inserm associé à l’UMR 1098, pour développer son SuperMApo, un médicament innovant destiné à traiter les maladies inflammatoires.

 

Le brevet de SuperMApo a été déposé en janvier 2014 et la start-up devrait voir le jour d’ici six mois, dès lors que le verrou de la propriété industrielle aura été levé. 

 

Ecole des vins

 

Pour faire simple, SuperMApo est un anti-inflammatoire « naturel » né de travaux sur la « maladie du greffon contre l’hôte » et du phénomène d’apoptose (la mort naturelle des cellules) induisant l’action de « cellules camions-poubelles » qui produisent des facteurs anti-inflammatoires. 

 

Pour l’instant, le médicament de thérapie innovante qu’elle entend développer appartient encore à l’Inserm, à l’Université de Franche-Comté et au CHRU Jean Minjoz, qui ont mené ensemble les travaux de recherche au sein de l’UMR 1098, à l’EFS de Besançon, mais Med’ Inn’ Pharma doit les lui racheter incessamment.

 

Sylvain Perruche, docteur en biologie et chercheur Inserm, porte depuis trois ans le projet de développement de ce médicament de thérapie innovante destiné aux pathologies chroniques inflammatoires que sont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, le psoriasis ou encore la fibrose pulmonaire. 

 

« La première pathologie que traitera SuperMApo sera sans doute la maladie de Crohn, c’est là que les besoins sont les plus criants », explique ce docteur en biologie passé par le National Institutes of Health de Washington. 

 

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Sylvain Perruche, fondateur de Med’ Inn’ Pharma.

« Notre médicament est innovant dans ses composants et par son aspect curatif, il traite la maladie sur le fond. »

 

Dès sa création, Med’ Inn’ Pharma sera hébergée par l’EFS de Bourgogne Franche-Comté et utilisera ses salles blanches pour la partie développement.

 

L’autorisation de mise sur le marché est envisagée à horizon 10/15 ans. Une levée de fonds et la production de médicaments pour essais cliniques devraient lui permettre de financer son développement.

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