
NUMÉRIQUE. La fibre optique a déjà vingt ans dans la capitale franc-comtoise.
C’est elle qui avait conduit à la création du Réseau Lumière en 2001, lequel a permis l’implantation d’un datacenter de dernière génération en 2012, en même temps qu’un raccordement à une dorsale numérique.
Des infrastructures qu’il s’agit maintenant d’encore mieux exploiter et d'étendre à la future grande région Bourgogne-Franche-Comté.
Les 20 ans du réseau Lumière ont été fêtés ce 10 décembre à Besançon, sur le 3ème salon des solutions numériques pour l’entreprise, « Les ExpertTIC ». Cela fait en effet deux décennies que la ville mise sur la connexion très haut débit par fibre optique, même si le syndicat mixte Lumière chargé de la gestion de ce réseau, n’est né que quelques années plus tard, en 2001. Jean-Louis Fousseret, maire de la capitale franc-comtoise, est venu pour l’occasion raconter cette épopée numérique qu’il poursuit dans la foulée de Robert Schwint, son prédécesseur, et ce depuis trois mandats.
« Tout a commencé en 1994 dans le cadre d’un projet commun entre la ville et la bibliothèque de l’université qui souhaitaient partager des ressources documentaires par ordinateur », raconte l’élu. « Il était nécessaire d’avoir un lien très haut débit pour faire transiter des documents très lourds. A l’époque, aucune ville de France n’avait un réseau fibre optique. En Europe, il y avait Stockholm, mais c’était à peu près tout ».

C’est Claude Lambey, responsable des technologies de l’information pour la ville et l’agglo, qui avait réussi à convaincre Robert Schwint de créer cette boucle locale haut débit, laquelle fut déployée facilement et à moindre coût grâce au réseau des égouts visitables.
« Le financement a été partagé entre ville et université. Puis ça a fait tache d’huile et les hôpitaux se sont raccordés, ainsi que la Région, l’université, la CCI, la préfecture, les sites du ministère de la Défense… Le réseau était mutualisé et chacun payait sa part. Cela a permis ensuite de connecter toutes les écoles, tous les collèges, musées, bibliothèques, et aujourd’hui 450 sites sont raccordés», décrit le premier magistrat de la cité comtoise.
En 2000, la ville a profité de ce réseau pour passer en téléphonie sur IP, ce qui n’a pas plu à Orange, se souvient le maire… Là aussi, elle fut pionnière. Le syndicat mixte du Réseau Lumière a été créé en 2001. Cette copropriété heureuse se heurtait cette année-là à l’Agence de régulation des télécommunications (ART) qui l’obligea à travailler dans le cadre d’un groupe fermé d’utilisateurs et à faire appel à un opérateur pour l’interconnexion.

Depuis, le syndicat mixte réunit la ville, l’agglomération, le département, la CCI du Doubs et d’autres partenaires. « Le réseau est autofinancé, il dégage même quelques bénéfices que nous réinvestissons, notamment pour fibrer les zones industrielles », explique le maire.
Quoi qu’il en soit, la fibre optique était déployée et c’est elle qui a séduit Zayo (ex-Néoclyde), une entreprise spécialisée dans les infrastructures très haut débit, qui signait là son premier partenariat public-privé (PPP) avec une collectivité - ou plutôt avec deux, la région étant également partie prenante.
Estimant qu’elle ne maîtrisait pas ce métier mais pressentant la montée en puissance de l’économie numérique, la collectivité avait en effet décidé de faire appel à un opérateur privé pour construire un datacenter de grande puissance. Et ainsi permettre aux entreprises qui le souhaitaient d’externaliser le stockage d’information de manière sécurisée, comme dans les grandes métropoles et au même coût.
C’est Zayo qui a donc construit le datacenter nouvelle génération (il l’est toujours) et assuré le raccordement de la boucle bisontine aux autoroutes de l’information : une dorsale numérique très haut débit vers Lyon et Strasbourg achetée à APRR, grâce à laquelle la Franche-Comté est désormais visible sur la planète numérique.
« Ce réseau Lumière, dès 1994, c’était extrêmement audacieux », expliquait mercredi, à Besançon, Florian Du Boys, directeur général de Zayo France. « Nous n’aurions jamais ouvert ce datacenter s’il n’avait pas existé, et comme nous avons été subjugués par le dynamisme des élus, nous avons fait confiance et investi ».
Aujourd’hui, 50 baies du datacenter sont en production, et Zayo a décidé d’en ouvrir une seconde. Il y a encore de la place pour une troisième. « Et avec la dorsale, nous disposons de 800 gigabits de connectivité entre Besançon et le reste du monde », poursuit l’entrepreneur.
L’agglomération de Montbéliard vient d’être raccordée à la dorsale numérique et au datacenter. Dole, Vesoul, Lons-le-Saunier… « et pourquoi pas des sites bourguignons » pourraient l’être demain. L’aventure numérique ne fait que commencer. La prochaine étape ? Développer les usages.

Le Réseau Lumière en chiffres
• 300 kilomètres de câbles de fibre optique
• 10 communes, 5 zones d’activités très haut débit (La Fayette, Temis, Temis Santé, Parc de l’Echange, Chaudefontaine-Marchaux), 27 entreprises, 190 bâtiments administratifs, 160 sites techniques, 100 parcelles, 10 GFU (groupes fermés d’utilisateurs) raccordés.
• 9 opérateurs de téléphonie
• 5 nœuds de raccordement (NRA) dans Besançon
• 6 nœuds de raccordement zones d’ombre (NRAZO) dans le Grand Besançon
• 6 points de mutualisation, 8 longueurs d’onde
• 97 euros de connexion mensuelle pour une entreprise
• 1 datacenter

Et maintenant, un label French Tech ? un FabLab ? Une liaison avec la Bourgogne ?
Depuis quelques mois, c’est l’ébullition numérique à Besançon. L’association Silicon Comté, qui vient d’être lancée, réveille la filière. Il existait déjà la fédération d’entreprises Franche-Comté Numérique (110 entreprises adhérentes, qui organisait le salon ExperTIC), mais Silicon Comté, fondée par des professionnels du numérique (indépendants ou TPE) apporte une nouvelle dimension.
Elle compte déjà 50 adhérents et a lancé l’idée d’une labellisation French Tech à l’échelle de la future grande région Bourgogne - Franche-Comté. Une idée que Jean-Louis Fousseret, maire et président du Grand Besançon, porte désormais à son tour. « Il y a ici des talents, une infrastructure et une volonté politique, et nous avons aussi le projet de mettre en place un bâtiment pour les start-up numériques, un incubateur et, pourquoi pas, un FabLab », annonçait-il ce mercredi à Besançon.
Didier Soucheyre, l’un des deux dirigeants-fondateurs de Zayo France, partage son enthousiasme et pense qu’il serait dommage de ne pas inclure la Bourgogne dans les infrastructures bisontines. « La dorsale a une grosse capacité de bande passante, elle permet d’amener d’autres opérateurs pour du gros débit pas cher, la Bourgogne n’a pas ça. Si elle se raccorde, ce serait un avantage pour les deux régions. Il y a un vrai virage à prendre », confie-t-il.

@john tokar : Puisque nous sommes présents dans ce data center, si d'aventure nous pouvons vous rendre service, n'hésitez pas à nous faire signe -> www.netalis.fr @haute saône : Un plan est engagé par le département et piloté par un syndicat mixte pour faire monter en débit des communes (avec l'appui du VDSL2) et apporter de la fibre aux acteurs économiques. Je pense que le FTTH (fibre pour le grand public) viendra dans un second temps. Le Doubs est bien avancé à ce stade, nul doute que les voisins suivront.
"La dorsale a une grosse capacité de bande passante, elle permet d’amener d’autres opérateurs pour du gros débit pas cher", écrivez-vous. Sauf qu'il n'y a pas beaucoup d'opérateurs dans ce datacenter de Besançon et que la bande passante est bien trop chère.
Bien pour besancon.... Mais quid de la Haute-Saône? Ok, pour certains c'est une zone de sauvage mais il y a beaucoup (trop) de villages qui ne disposent même pas encore de l'ADSL.
Nous ne pouvons que nous réjouir de cette avancée qui met Besancon en avant, mais que Mr Fousseret n'oublie pas le centre et les villages avoisinants qui eux aussi ont des ecoles, entreprises, mairies et de faire un effort afin que tout le monde soit égal ! La fibre optique nous est promise dans cinq ans....(sic) et aucune volonté de la part de la CAGB et d'Orange d'améliorer la connexion avec ce projet à long terme. Félicitons Besançon, ville pionnière, mais la fête n'en sera plus belle quand ce réseau sera opérationnel pour tous et espérons que sa notoriété ne soit pas un ralentisseur....
Les Monuments historiques ? Quand vous avez eu une seule fois affaire avec eux, vous vous dites qu'il leur faut au moins un an pour écrire une lettre, alors les gros dossiers c'est une ou deux décennies.
Pour Besancon ou le réseau Lumière est utilisé par les institutions, précisons que la fibre optique n'est toujours pas autorisée dans le centre-ville par la Commission des monuments historiques. Cette situation devrait perdurer encore plusieurs mois ...
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