Le pôle d’initiative privée de rencontre de l’industrie et du numérique franchit le cap du millier d’actifs (entrepreneurs, salariés…) hébergés dans son bâtiment témoin de l'histoire industrielle du quartier de la Fonderie. La formule a montré son succès et inspire les territoires voisins : elle va se décliner à Belfort dans les prochaines années.
Le Km0 est plein comme un œuf. Cinq ans après son installation à Mulhouse (Haut-Rhin) à l'initiative d'un groupe d’acteurs économiques, le pôle de rencontre de l’industrie et du numérique de Mulhouse affiche complet dans ses 11.000 m2 actuels « et la demande continue d’affluer », relève Patrick Rein, le président de la société porteuse.
Ce taux de remplissage de 100 % rendrait d’autant plus pertinente la réalisation rapide de l’extension de 5.000 m2 qui demeure aujourd’hui en friche, offrant les vestiges des ateliers de mécanique de la SACM (Société alsacienne de construction mécanique, l'ancêtre d'Alstom) auxquels le Km0 a déjà donné une nouvelle vie. Le site abrite ainsi un millier d’actifs dans les entreprises qu'il héberge, pour partie dans le Village by CA local occupant une partie du premier étage, ainsi que les 600 étudiants en informatique des écoles Epitech et 42 Mulhouse.
Le Km0 n’a rien perdu de son agilité. Ses chevilles ouvrières veillent à proposer aux occupants des prestations à la page. C'est ainsi que sur l’intelligence artificielle, il a constitué depuis ce printemps un Open Lab, subtilement nommé AI-guillage « pour exprimer la volonté d’apporter des repères, de guider », souligne César Allievi, nouveau directeur des opérations du Km0. Le jeu de mots fait aussi un clin d’œil à l’histoire du lieu, qui fut le point de départ de la première ligne ferroviaire Mulhouse-Bâle, son « kilomètre zéro ». AI-guillage dispense ainsi des formations aux entreprises qui le souhaitent.
Une initiative privée, pertinente, et qui marche : le concept ne pouvait qu’essaimer. Il le fera à Belfort. Une prochaine amorce d’implantation doit déboucher, d’ici environ trois ans, sur du « dur » : l’installation d’un Km0 dans les locaux du Crunch Lab de l’UTBM (Université de technologie de Belfort-Montbéliard) dont l’esprit est proche, sur un étage de 4.500 m2 extensible à deux, soit 9.000 m2 possibles. Après la dispatition du Mattern Lab de Sochaux en juillet dernier, un tel pôle sera le bienvenu dans le Nord Franche-Comté, même s’il faudra encore patienter pour le voir émerger.
A Mulhouse pendant ce temps, les synergies fonctionnent à plein et les pépites de la rencontre de l’industrie et du numérique prolifèrent. Nous vous proposons de partir à la rencontre de quelques-unes d’entre elles et de leur actualité.
• Staff & Go, la gestion des ressources humaines entrée dans l’ère numérique

© Staff & Go
Va-t-il, comme le dit Patrick Rein en plaisantant en le croisant dans les escaliers, prendre à lui seul toutes les surfaces du Km0 ? Fouad Sevimli dirige une entreprise à la croissance accélérée : de 4 personnes à ses débuts en avril 2020, Staff & Go est passée à 50 salariés aujourd’hui, « et 60 à la fin de l’année ». Non communiqué, le chiffre d’affaires est annoncé également « multiplié par trois à cinq chaque année ». Le succès vient pourtant d’une idée simple, sans prétention à réinventer la poudre : faire entrer la gestion des ressources humaines dans l’ère digitale, au moyen d’un système d’information (SIRH) digne de ce nom.
« L’origine est venue d’une connaissance qui rencontrait un problème assez inextricable de gestion de recrutement alors qu’elle faisait partie d’une structure en principe tout équipée pour cela », rappelle Fouad Sevimli. La démarche d’amélioration constante de l’offre, entreprise depuis les débuts en pleine crise sanitaire avec son associé Hakim Baradi venu comme lui de GE, a produit « un SIRH hyper-modulable, adapté à la petite affaire de deux personnes comme à l’ETI de 500 salariés, à un prix très compétitif, et source de simplification des démarches administratives. »
Le système Staff & Go se compose de neuf modules, bien exhaustifs (gestion des embauchés, des congés, de l’entretien annuel, etc.) et proposés en niveaux « essentiel » (de base) ou « avancé » selon les attentes des entreprises, « débouchant sur 200 combinaisons possibles, une offre à la carte », calcule le codirigeant. La désormais PME poursuit l’enrichissement de son offre et lève des fonds en conséquence : après un tour de table de 700.000 euros l’an dernier, elle en constitue actuellement un second d’1,5 million d’euros, comme le premier avant tout auprès de clients.
• Blackloop, metteur en réseaux pour la valorisation des déchets

Depuis sa création il y a trois ans, Blackloop Environnement, dirigée par Jamel Belahcene, se spécialise dans l'ingénierie des process industriels visant à améliorer le recyclage des matières et à ouvrir de nouvelles voies pour valoriser des déchets auparavant non exploités. La société se base sur des stratégies classiques de l'économie circulaire : réduction à la source, réemploi, recyclage et transformation des déchets en ressources utiles. « Nous intégrons progressivement de l'intelligence artificielle, ce qui contribue à améliorer l'efficacité des solutions de valorisation, donc une économie circulaire », expose Jamel Belahcene.
Le réseau de Blackloop s’étend à des experts du monde entier pour traiter des déchets spécifiques, tels que les Dasri (déchets d’activités de soins infectieux) et la « pyrolyse des pneus usagés », un processus permettant de récupérer des gaz et du noir de carbone mais aussi de l’huile de pyrolyse, utilisés dans la chimie et la fabrication de batteries lithium-ion. La société collabore avec des entreprises internationales, comme le groupe allemand Systec, deux entreprises en Belgique et une aux Etats -Unis où elle prévoit d'un bureau, en Floride. Mais les dirigeants de Blackloop aspirent également à créer un pôle de recherche environnemental en Alsace. Ce centre aurait pour mission d’attirer des experts internationaux dans la valorisation des déchets.
• AkorD, la prévention sécurité incendie des bâtiments mise en application
La prévention de la sécurité incendie ainsi que l’accessibilité dans les bâtiments, et plus particulièrement dans les établissements recevant du public (ERP), ont motivé la création en janvier 2023 d’AkorD, par un pompier professionnel, Yann Dillmann. D'un profil initial de cabinet-conseil, la société s’est rapidement orientée, en outre, vers une cible particulière : la dématérialisation du registre de sécurité. Celle-ci a pris un retard considérable en France. Alors qu'elle est obligatoire de par la règlementation depuis de longues années, le document reste encore largement rédigé sous format papier, voire au mieux dans un fichier Excel, observe AkorD.
D’où son positionnement : concevoir une application simple, pratique, mais complète. « Aucune plateforme n’existait pour faciliter les démarches administratives, qui sont lourdes. 30 % des dossiers de demande d’ouverture d’ERP sont refusés en première lecture, occasionnant retards, pertes financières et stress », relate Yann Dillmann. C’est ainsi que naît « Kare » - le nom rappelant la volonté de « prendre soin » du bâtiment – application voulue « intuitive », adaptée à chaque utilisateur et présentant des fonctionnalités élargies comme la notification d’alertes d’échéances de contrôle. La société de huit personnes, qui cible d’abord les ERP de moins de 200 personnes, engrange ses premières entrées de chiffre d’affaires (environ 500.000 euros visés cette année) et prépare des nouveautés dans les prochains mois, y compris pour l’adaptation de son offre au marché allemand voisin.
• Sauter avance dans la digitalisation depuis le KM0

Comptant parmi les tout premiers locataires du Km0 qu’il a rejoint dès août 2019, Sauter Regulation a conforté cette implantation comme stratégique au sein du groupe suisse de 3.800 salariés (pour un chiffre d'affaires proche de 800 millions d'euros) d’automatisations pour le bâtiment (gestion d’énergie, gestion technique…). Le pôle de Mulhouse abrite en effet la direction « OEM » pour la France (Original Equipment Manufacturing), chargée de la conception et de la fabrication pour le compte d’autres industriels. Il est constitué d’un effectif de 21 personnes. « Nous avons créé cette activité dans le contexte de la digitalisation croissante de nos offres. Nous avons porté notre choix sur Mulhouse, en raison du concept même du Km0 de rencontre de l’industrie et du numérique et du contact au quotidien avec des start-up innovantes qu’il procure. De plus, la ville offre une localisation près du siège de Bâle et d’une usine de production du groupe à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) », rappelle Stéphane Marcinak, directeur du site.
Cette division OEM met au point par exemple la version digitalisée d’un régulateur de système d’eau chaude sanitaire, la régulation de planchers chauffants, ou l’équilibrage de débits de fluides, sans oublier des enjeux nouveaux comme la protection de la GTB (gestion technique du bâtiment) contre les cyberattaques. Elle étend son champ hors du bâtiment, par exemple au pilotage d’automates dans les réseaux de chaleur. Elle interagit avec le pôle de R&D français de Sauter.











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