La société d’économie mixte, acteur-clé du développement local, a entendu les appels nombreux des collectivités et des entreprises pour l'implantation de capacités de production d’énergie solaire sur leurs terrains et bâtiments, synonymes de réduction de la dépendance aux approvisionnements extérieurs. Elle prévoit la constitution d’une filiale dédiée à la réalisation de telles installations, en association avec le monde bancaire. Le chiffre d’affaires pourrait atteindre rapidement 30 millions d’€, selon ses projections.


Il est dit, parfois, que Sedia fait la pluie et le beau temps dans le développement local en Franche-Comté. Ce qui est certain, c’est qu’elle compte lui apporter le soleil. Plus exactement, et de façon plus réaliste, la société d’économie mixte initie un projet d’expansion de la production territoriale d’énergie photovoltaïque. « Pour la couverture des propres besoins de notre groupe d’entreprises publiques locales détenant un patrimoine de 350.000 m2, les collectivités locales, les autres organismes publics (universités, bailleurs sociaux...), et aussi les entreprises », décrit Bernard Bletton, directeur général.

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Parmi les nouveaux projets d'immobilier à vocation économique de la "grappe" d'entreprises publiques locales autour de Sedia, figure la création d'un nouveau bâtiment Bio Innovation, voisine sur la zone Temis de Besançon de la première phase ci-dessus. © Aktya

 
A la Sem toujours perspicace, il n’a en effet pas échappé que les entreprises érigent la création de capacités dans le solaire en un axe stratégique, les mètres carrés de panneaux installables sur leurs toits ou leurs parkings étant source d’autonomie partielle d’approvisionnement en électricité, voire de revenus en cas de revente de l’excédent au réseau public. Les exemples de concrétisation abondent déjà en Bourgogne-Franche-Comté, Sedia en a elle-même déjà été partie prenante dans le cadre de sa participation aux montages immobiliers de nouvelles usines (le cas récent Antolin sur la zone Temis à Besançon) « et beaucoup d’industriels nous sollicitaient déjà pour la phase d'études », poursuit Bernard Bletton.

 

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Pourquoi, alors, ne pas aller plus loin ? C’est la posture adoptée par Sedia BFC. La Sem prépare pour la fin de ce premier semestre 2024 la constitution d’une société dédiée par actions simplifiée (SAS). Le capital initial, d’1,5 million d’€, connaît ses deux autres détenteurs : la Banque des territoires et le Crédit agricole Franche-Comté. Ce premier noyau devrait être rejoint par les trois syndicats d’énergie départementaux du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, qui sont invités à se prononcer pour une entrée, d’emblée, ou par augmentation de capital ultérieure. L’horizon est en effet fixé sans tarder à 5 millions d’€, compte tenu du potentiel recensé. « Le chiffre d’affaires de la SAS doit pouvoir se situer rapidement à 10 millions d’€, puis viser les 30 millions », estime Bernard Bletton.

 

Une cible sur les tailles intermédiaires 

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L'ancien bâtiment Vix sur Temis-Besançon fera place en 2025 à un nouvel immeuble, dessiné par l'agence d'architecture Archi.Tech © Aktya


Selon l’analyse de la Sem, un tel acteur local trouve sa zone de pertinence dans les « tailles intermédiaires », de quelques milliers de m2, avant le terrain de jeu des gros faiseurs du marché. « Les clients continueront de s’appuyer sur notre entité spécialisée en énergies renouvelables, le GIE (groupement d'intérêt économique) Novea, qui regroupe les experts du sujet des adhérents élargis à la Bourgogne et au Sud-Alsace et qui va d’ailleurs continuer à renforcer ses effectifs », souligne Bernard Bletton.

 

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 La SAS fonctionnera en synergie avec les sociétés de la « grappe » d’entreprises publiques locales constituée, en plus de Sedia BFC, des sociétés publiques locales Territoire 25, Territoires 70 et Grand Dole Développement (Jura), des Sem immobilières Aktya (Besançon) et PMIE (Pays de Montbéliard Immobilier d’Entreprises) et de leurs différentes sociétés rattachées.

Son effectif cumulé de 85 salariés a été à l’origine, en 2023, d’un montant d’honoraires (chiffre d’affaires) de 7,3 millions d’€ pour le duo Sedia-Territoire 25, un montant équivalent à celui de 2020 mais inférieur aux deux exercices suivants, pour cause d’absence de gros dossier et de recul de la promotion immobilière. Le balancier doit repartir dans l’autre sens cette année, pour s’arrêter à un peu plus de 8 millions d’€.

 

Temis, Technoland, PSA Sud, piliers non exclusifs du soutien à l’économie

La contribution du groupe d’entreprises publiques locales franc-comtois au développement économique régional a pris une nouvelle dimension ces dernières années, par sa capacité à organiser la mise à disposition rapide de bâtiments à quelques poids lourds pressés de s’installer dans une nouvelle usine, sous peine de partir sous d’autres cieux : les dossiers Faurecia/Forvia à Allenjoie, dans le Technoland du Pays de Montbéliard, ou Grupo Antolin à Besançon-Temis en attestent.

Ce rôle moteur se poursuivra. La « grappe » continue à faire progresser la reconversion des 42 hectares « PSA Sud » cédés par Stellantis à Sochaux-Montbéliard-Exincourt, avec, pour les 30 premiers hectares, la cession actée en octobre d’une tranche initiale à BT-Immo et la seconde attendue en février 2025 au même opérateur immobilier pour l’aménagement d’un parc d’activités industrielles. Sur la zone Temis, trois dossiers sont en cours : la création d’un nouveau bâtiment de 3.000 m2 à la place de l’ancien site Vix Technology, confiée à la conception d’Archi.Tech pour des travaux en 2025 ; l’édification, en 2026, du Bio Innovation 2 de 2.800 m2 et l’extension de l’immeuble Microtech par une surélévation de 500 m2 qui sera mise en chantier dans les prochains mois. Ces « phares » ne sauraient, selon Bernard Bletton, occulter la diffusion du savoir-faire des entreprises publiques locales sur tous les points du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône.
Une nouvelle ère

CH FROPPIERUne longue page de l’histoire de la Sedia, autrefois appelée la Sedd, s’est tournée l’automne dernier, avec la fin de mandat de Vincent Fuster. L’élu aussi discret qu’efficace avait occupé la fonction de président-directeur général pendant 18 ans. Le remplacer étant une lourde tâche et le contexte ayant changé, les administrateurs de la Sem ont décidé d’adopter une nouvelle gouvernance.

L’élu à sa tête endosse désormais la casquette de président, et de façon tournante, tous les deux ans en principe, entre les trois pôles d’actionnaires : l’agglomération de Besançon, celle de Montbéliard, et le trio départemental Doubs-Haute-Saône-Jura. Bernard Bletton, jusqu’alors directeur général délégué, devient directeur général et sa précédente fonction est occupée par Dominique Mesnier, son adjoint de longue date.

Le premier titulaire de la présidence ainsi reconfigurée est Christophe Froppier (ci-contre), adjoint au maire à Montbéliard et conseiller délégué au commerce à Pays de Montbéliard Agglomération.


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