Pays de Montbéliard Agglomération vient d’acter auprès du constructeur Stellantis, le rachat de « PSA Sud », 42 ha de terrains et bâti du site de Sochaux. Le scénario des 26 ha de « PSA Nord » où se sont installés depuis 2016, des fournisseurs du constructeur, a toute probabilité de se reproduire. Priorité est donnée aux projets industriels.
Le secteur public s’invite dans la cathédrale de Peugeot. Non qu’il en fut jamais banni, mais à présent, il y entrera, en partie, avec les clés du propriétaire. Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) a en effet approuvé, ce 20 janvier le rachat du secteur « PSA Sud » du site de Sochaux auprès de Stellantis, la maison-mère née l’an dernier de la fusion avec Fiat. Sans les voix de la gauche qui estime le projet manquer de vision, et de garanties du constructeur sur la pérennité de son développement sur place.
Ce morceau se compose de 42 hectares de terrain, soit environ un cinquième de l’usine, réunissant 205.000 m2 construits qui se répartissent en six bâtiments principaux jusqu’alors dédiés surtout au montage des voitures. L’opération immobilière découle ainsi du fameux « compactage » des sites automobiles devenu la règle du secteur avec, en l’occurrence, le recentrage de la production sur une seule ligne au lieu de deux, au titre du projet Sochaux 2022 mobilisant 200 millions d’€ d’investissements.
S’agissant du montant de la transaction, la communauté d’agglomération s’en tire à bon compte. A 11,55 millions d’€ HT, la cession coûtera 2 millions de moins que prévu lors des négociations avec le constructeur. Elles avaient abouti par anticipation en 2019, à un protocole d’accord associant la Banque des Territoires et le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. L’économie grimpe à près de 6 millions d’€ en incluant un gros bâtiment, le M74, que Stellantis a finalement renoncé à vendre.
Mais la collectivité n’a pas fini de délier les cordons de la Bourse. L’ensemble des réaménagements devrait se monter à 40 millions d’€. Une partie des surfaces bâties devra être démolie, d’autres seront réhabilitées et transformées, sans compter les chantiers de réseaux, pour en déconnecter de l’usine et en créer de nouveaux.
Pour parvenir à ces fins, PMA s’appuiera sur un aménageur, probablement Territoire 25 dont elle est actionnaire, et on n’imagine pas ce dossier laisser à l’écart sa société d’économie mixte PMIE (Pays de Montbéliard Immobilier d’Entreprises), actrice incontournable et efficace de l’immobilier au service de l’industrie locale.
En face des dépenses, PMA table sur un prévisionnel de 21,8 millions d’€ de recettes de cession et de subventions « pouvant être raisonnablement attendus », débouchant sur un déficit d’opération calculé à 16,4 millions.
La piste d’un gros investisseur dans l’hydrogène

Quel sera l’usage de PSA Sud ? Le scénario de « PSA Nord » a toute probabilité de se reproduire. Sur cet autre morceau de 26 hectares acquis en 2016, les velléités d’une recomposition urbaine à coup de logements et commerces créateurs d’une « couture » avec les centres-villes de Montbéliard et de Sochaux se sont vite effacées devant l’impératif industriel, qui était certes au centre du programme.
PSA Nord, c’est aujourd’hui, sur une moitié d’emprise, une zone d’implantation de fournisseurs du constructeur, « qui a été créatrice de 600 emplois », rappelle Charles Demouge, le président de PMA. « La priorité des priorités, c’est de permettre à Sochaux de devenir l’usine la plus compétitive du groupe en Europe pour la production des C-SUV, d’obtenir tel ou tel nouveau modèle », appuie l’élu.
Pour la zone sud, les plans présentent un découpage en trois secteurs : une « façade urbaine » de 8,5 hectares à la voirie redéfinie pour se relier au tissu urbain, un « secteur central » à réaménager dès cette année ou l’année prochaine, et enfin une « vitrine » visible depuis l’A 36, en soi bien adaptée aux petites entreprises. Mais les faits pourront rapidement bousculer la planification.
Priorité aux projets industriels et adaptation à leur taille plus ou moins grande sont les maîtres-mots. « Les bâtiments sont plus récents que sur PSA Nord, ils datent des années 1980-1990 et sont ainsi davantage réutilisables immédiatement, en particulier le plus important, de 50.000 m2 sur deux niveaux. Mais tout dépend des industriels : si quelqu’un veut 30.000 m2, ou 100.000 m2, ou une extension moderne, on s’adaptera », anticipe Didier Klein, vice-président de PMA en charge du développement économique.
Celui-ci avance la piste d’un « gros investisseur dans les énergies nouvelles » (l’hydrogène, en fait) qui pourrait officialiser son implantation sur place « dans les trois à quatre mois. » La collectivité entend se montrer sélective. « Nous éviterons de mettre ici de la logistique, du fait de son rapport défavorable entre foncier consommé et nombre d’emplois créés », annonce Didier Klein.
Ce secteur Sud se dessine ainsi comme une nouvelle ligne dans l’offre d’immobilier d’entreprise du Pays de Montbéliard. Le protocole de 2019 engage d’ailleurs Stellantis à encourager la relocalisation sur place de sous-traitants.
Le positionnement de PSA Sud en cœur d’agglomération, à l’entrée de l’usine Stellantis de Sochaux, rend cette zone différente et potentiellement complémentaire du Technoland à Etupes, le long de l’A 36. Le secteur réparti entre les communes d’Etupes, Vieux-Charmont, Allenjoie et Brognard a pris son envol dans les années 1990. Il regroupe plus de 200 entreprises employant 5.000 salariés, et il poursuit son expansion.

Sa partie 1 ayant fait le plein, Technoland 2 se déploie depuis 2007 sur une Zac de 177 hectares concédée à la société d’économie mixte Sedia BFC, « sœur » de Territoire 25 et PMIE. On y retrouve Zimmer Biomet (médical), Cegelec (équipements électroniques), Métalhom (mécanique), la Manufacture de l’Allan du groupe Hermès. Faurecia viendra gonfler les effectifs du parc d’activités, déjà depuis cet automne avec les systèmes d’échappement, dans l'année avec l'activité de sièges, puis en 2023/24 avec les réservoirs d’hydrogène.