Faurecia investit 165 millions d’€ sur la zone de Technoland , dans le Pays de Montbéliard, pour regrouper son usine d’échappements opérationnelle à la rentrée, l’usine de sièges Siedoubs à l’été 2022, puis son futur centre de production de réservoirs à hydrogène. L’équipementier veut en faire un modèle environnemental. Les acteurs immobiliers se sont fédérés pour porter l'immobilier.
Un contenu industriel précisé, une physionomie de bâtiment qui se dessine, un montage immobilier bouclé : le nouveau pôle de Faurecia dans le Pays de Montbéliard est désormais bien calé. L’équipementier automobile commencera, à la rentrée prochaine, par mettre en service l’usine de systèmes d’échappement de sa division Clean Mobility dans la zone Technoland 2, en résultante du déménagement du site de Beaulieu-Mandeure contraint par son accessibilité, sa situation en zone inondable au bord du Doubs et la vétusté de ses bâtiments. Le transfert concerne près de 400 salariés.
Sur la même parcelle répartie entre les communes d’Allenjoie (pour l’essentiel) et Brognard, un second bâtiment accueillera la nouvelle activité de production de réservoirs à hydrogène.
Le groupe se donne quatre ans pour concrétiser, les délais pouvant se raccourcir en fonction de la réactivité du marché. Dans la meilleure hypothèse, le démarrage de la production démarrera dans la nouvelle usine d’échappements dès l’année prochaine en attendant l’édification de l’extension.
Le troisième pilier, toujours sur Technoland 2 et à Allenjoie mais sur un autre terrain voisin, consiste à réimplanter l’usine de sièges Siedoubs aujourd’hui située dans Montbéliard, pour une livraison à l’été 2022. Ce transfert-là était nécessaire pour décrocher le marché des sièges des futures versions de Peugeot 3008 et 5008 produites à Sochaux, rappelle le groupe qui précise que l’usine-sœur Sielest, qui fournit PSA-Stellantis Mulhouse, restera pour sa part sur son actuel site de Pulversheim (Haut-Rhin).
Un investissement de 165 millions d’€

Le groupe confirme que l’ensemble de ces réorganisations représente un investissement de 165 millions d’€ et le regroupement d’un millier d’emplois locaux, dont 300 créations. Ce pôle de fabrication vient prolonger les investissements locaux de Faurecia en R&D autour de l’hydrogène, dans son centre de Bavans. (Lire l’article de Traces Ecrites News : Faurecia mise sur le Nord Franche-Comté pour l’hydrogène, en recherche et développement comme en production)
Mettre en musique ces projets sur le plan immobilier représente une partition complexe, qui a requis l’appel à l’orchestre des acteurs locaux. Ceux-ci l’interprètent avec maestria et harmonie. Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) côté collectivités, l’Etablissement public foncier du Doubs, le crédit-bailleur régional Batifranc, le groupe Caisse des Dépôts et la grappe des entreprises de l’économie mixte constituée autour de Sedia conjuguent leurs rôles pour apporter une réponse complète et rapide aux besoins de l’industriel.
Pour l’usine de systèmes d’échappement, le foncier appartient à la Sem Sedia, concessionnaire de Technoland 2 pour le compte de PMA. Avec sa consoeur PMIE (Pays de Montbéliard Immobilier d’entreprises), Sedia a constitué une société de promotion immobilière pour le projet, la SCCV Immobilier H2, chargée de piloter la construction des bâtiments de 25.000 m2 (en incluant quelques surfaces tertiaires). A la livraison, la SCCV revendra les surfaces à la société Foncière Hydrogène du Pays de Montbéliard qui louera les surfaces à Faurecia. Son capital se répartit entre PMIE, la Banque des territoires et Batifranc pour 29 % chacun, et Faurecia pour 13 %.
C’est cette foncière à statut de société par actions simplifiée (SAS) qui prend en charge l’investissement immobilier, chiffré à 31,4 millions d’euros HT incluant le foncier pour l’extension dédiée aux réservoirs d’hydrogène. Le financement est apporté à 80 % par un pool bancaire régional formé par la Caisse d’épargne, la Banque populaire, le Crédit agricole, la Banque postale et Bpifrance.
L’appel à l’expertise locale se prolonge à la construction même : celle-ci revient au groupement mené par le bureau d’études franc-comtois BEJ. « Faurecia avait demandé à ce que le projet puisse bénéficier au maximum à l’économie locale », précise Dominique Mesnier.

Lieu d'implantation du pôle Faurecia, la Zac Technoland 2 est concédée par PMA à Sedia jusqu’en 2027. Elle s’étend sur 177 hectares. Avec l’arrivée de l’équipementier automobile, il reste à aménager des terrains cumulant 34 hectares cessibles aux implantations d’entreprise, superficie de laquelle il faut à présent retrancher les 9 hectares réservés à Siedoubs.
La communauté d’agglomération annonce un taux de remplissage de 65 %, par une vingtaine d’entreprises, sur les secteurs déjà aménagés de 75 hectares. Courant 2022, Technoland 2 totalisera 2.200 emplois selon ses calculs, en supplément des 4.500 de Technoland 1 développé à partir des années 1970.
Une usine qui se veut un modèle environnemental

Tel un ensemblier, BEJ a constitué, autour du cabinet d’architectes montbéliardais Girolimetto et de divers bureaux d’études, le pôle d’une vingtaine d’entreprises (GCC, Prefa 25, Barlet Bois, Cube, EIMI….) en mesure de répondre aux hautes ambitions du projet : Faurecia souhaite en effet faire de la nouvelle usine son modèle environnemental qui soit auréolé de la certification anglo-saxonne Breeam à son niveau Excellent, « une première pour un bâtiment industriel en France », souligne Dominique Mesnier. « L’ambition initiale était le niveau Good, elle a été revue à la hausse, d’abord à Very Good puis à Excellent », ajoute-t-il.
Charpente en bois lamellé-collé, chaufferie biomasse, plafonds acoustiques, panneaux photovoltaïques, récupération des eaux de pluie et de la chaleur du process constituent quelques-uns des pré-requis pour atteindre l’objectif. « Ce dossier confirme notre capacité à prendre des risques pour faire coïncider les rythmes administratifs et industriels qui sont loin de coïncider. La demande de permis de construire de l’usine d’échappement a été déposée sans attendre la constitution de la foncière, ni la levée des réserves. Nous savions qu’un défi principal consisterait à trouver les terrains disponibles dans un espace temps restreint, si bien que nous avons travaillé ce point en anticipation, avec PMA », illustre Bernard Bletton, directeur général de Sedia.
Pour l’extension destinée à l’unité de réservoirs, plusieurs scénarii sont envisagés : par tranches d’environ 8.000 m2 ou un déploiement global sur un potentiel de 15.000 à 20.000 m2, entre l’année prochaine et 2025. Le marché dictera. Le propriétaire du terrain de 7,7 ha est donc connu – Sedia - il reste à déterminer si le montage immobilier sera dupliqué. Les acteurs locaux travaillent bien sûr à ce qu’il en soit ainsi.

Le même schéma est d’ailleurs visé et commence à se mettre en place pour l’usine de sièges. Celle-ci s’implantera dans 30.000 m2 de bâtiments sur 8,6 hectares de foncier, pour un budget comparable à celui du premier projet, soit une trentaine de millions d’€. D’ores et déjà, Sedia a déjà déclenché les travaux de plate-formage attribués à Roger Martin, pour un montant de 3 millions d’€ similaire à ceux du premier site aménagé par Climent.
