Sedia, avec sa filiale immobilier d’entreprise Aktya et ses sociétés soeurs du Doubs, s’interroge sur le potentiel d’ici à cinq ans de zones d’activités à Besançon et Montbéliard. La société d’économie mixte qui vient de racheter Expansion 39 dans le Jura, s’intéresse à la reconversion des friches industrielles et à diversifier ses métiers dans l’énergie renouvelable.



Bras armé de Besançon Métropole pour l’aménagement des zones d’activités, la société d’économie mixte Sedia s’interroge sur le potentiel de zones d’activités dans l’agglomération. La question n’est pas urgente, mais les zones vedettes de Temis voient leur foncier disponible fondre comme neige au soleil. « Il reste 7-8 hectares sur Temis et pas plus sur Temis Santé, ce qui représente 3 à 5 ans de réserve », expose Bernard Bletton, son directeur général.

Dernièrement, une grosse implantation été annoncée sur la zone Temis où se déploient les 140.000 m2 de bâtiments industriels de 140 entreprises, en majorité des activités microtechniques : celle de l’équipementier Antolin qui va construire une nouvelle usine de 22.000 m2 sur un terrain de 4,3 hectares. « Le permis de construire a été déposé le 28 janvier et le dossier ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement) aussi, ce qui permet d’envisager les travaux pour l’été et une livraison mi-2022 », précise le directeur général de Sedia qui conduit l’opération avec sa filiale immobilier d’entreprise Aktya.

Temis Santé, le pendant de Temis consacré aux activités médicales et de biotechnologies, situé à proximité du CHU, se remplit aussi à la vitesse grand V. Aktya vient de livrer Bio Innovation, un bâtiment de 3.000 m2 qui a vocation à réunir chercheurs, étudiants et entrepreneurs avec une gouvernance qui associe le CHU, l’Etablissement Français du Sang, le cluster Innov’ Health du Pôle des Microtechniques et l’Université. En 2023, l’Institut de formation des professions de santé, initiative du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, s’implantera aussi sur Temis Santé sur 7.500 m2.



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Pour résoudre la question de la pénurie annoncée de zones d’activités, les équipes d’Aktya engagent un travail sur les friches industrielles encouragées par leur nouvelle présidente, Anne Vignot, la maire écologiste de Besançon élue en 2020. En 1998, le BRGM en avait répertorié une trentaine dans l’agglomération.
Le nouvel appel à projets « Reconversion des friches polluées » de l’Ademe ouvre la voie à une approche plus concrète.  Une dotation de France Relance de 40 millions d’€ sur 2 ans (au plan national) incite les collectivités territoriales à reconvertir des friches issues d’anciens sites industriels ICPE « au bénéfice de la lutte contre l’artificialisation des sols. »

Cette procédure sera certainement utilisée dans le Pays de Montbéliard. Le « pays de l’automobile » a son lot de friches industrielles. Le plus gros aménagement imminent est la seconde phase de la reconversion du site (26 ha) de l’ancienne fonderie de PSA à Sochaux. Il conserve une vocation industrielle avec un parc d'activité ainsi qu'un accélérateur d’entreprises et de start-up. La première phase avait consisté à créer une « Zone Industrielle Fournisseurs », qui accueille des sous-traitants du constructeur automobile.

Pour reconquérir des friches, Sedia a cependant besoin d'un outil pérenne. Jusqu'à présent, les opérations se concrétisent grâce à des montages d'opération au cas par cas avec divers partenaires financiers et immobiliers. Bernard Bletton évoque probablement un Etablissement Public foncier (EPF) dédié, pour acquérir ces terrains abandonnés et les remettre en état en vue d’une opération d’aménagement.
L'aménageur public a déjà une expérience dans ces opérations complexes. Dernière en date, la friche de la Sernam à Besançon est en train de devenir le pôle tertiaire Viotte – où fin septembre l’Etat installera ses délégations régionales et à la fin de l’année, le Conseil régional regroupera ses services.

 


Un potentiel de 300.000 m2 de bâtiments pour produire des énergies renouvelables

 

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Sur le site de l’ancienne fonderie de PSA à Sochaux, Sedia avec la Sem patrimoniale du Pays de Montbéliard réaménage et reconstruit des locaux pour de nouvelles activités industrielles. © Société ACGC Architecture-Atebat.



Comme Temis à Besançon, la plus grande zone industrielle de Franche-Comté, Technoland, dans le Pays de Montbéliard, voit elle ses mètres carrés petit à petit grignotés. A lui seul, l’équipementier Faurecia  va consommer 7,7 ha pour déménager son usine de systèmes d’échappements de Mandeure.
La nouvelle usine, à Allenjoie, s’étendra sur près de 23.000 m2, dont 16.100 m2 d’ateliers en prolongation desquels seront implantées les lignes de fabrication des réservoirs à hydrogène que Faurecia teste dans une chaîne pilote à Bavans, inaugurée en octobre 2020. Gaussin Manugistique qui se diversifie dans les véhicules de manutention à hydrogène (Lire ici l’article de Traces Ecrites News) pourrait s’installer dans le même périmètre.

En construction sous maîtrise d’oeuvre du cabinet d’ingénierie local BEJ, l’usine de Faurecia sera livrée fin août 2021, la partie tertiaire deux mois plus tard. Ce projet est un exemple de la capacité de mobilisation des  propres outils de Sedia pour assister les industriels dans leurs projets et de ceux de ses partenaires de « la grappe » (Lire encadré). Une société de projets constituée avec la Sem patrimoniale locale SEM.PMIE, la Banque des territoires et Bâtifranc porte l’investissement immobilier de 31 millions d’€, sous la forme d’un contrat de promotion immobilière. L’industriel qui participe à cette société de portage à hauteur de 12,5% du capital louera l’ensemble immobilier.

 

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L’évolution du métier de promoteur et constructeur d’immobilier industriel soulève une autre réflexion au sein du conseil d’administration de la société d'économie mixte. Propriétaire directe ou à travers des sociétés d’économie mixte de patrimoine de 300.000 m2, Sedia mesure le potentiel de production d’énergies renouvelables : le  photovoltaïque dont la consommation directe d’électricité  devrait être renforcée par une évolution de la loi, mais aussi la biomasse et les réseaux de chaleur.  Les premières installations photovoltaïques et de biomasse pourraient se concrétiser sur l’usine d’échappements de Faurecia à Technoland.

 

bioinnovationAktya vient de livrer Bio Innovation, sur la zone Temis à Besançon, un bâtiment de 3.000 m2 qui a vocation à réunir chercheurs, étudiants et entrepreneurs.

 

 Une grappe d’entreprises publiques locales


Ces dix dernières années, la société d’économie mixte d’aménagement Sedia a pris de l’ampleur, utilisant tous les outils de l’économie mixte : la société publique locale Territoire 25 (seules les collectivités locales actionnaires peuvent l’utiliser) et la Sem patrimoniale avec Aktya pour l’immobilier d’entreprise. Elle déborde désormais de son berceau d’origine, le Doubs, avec ce que son directeur général Bernard Bletton appelle « une grappe » d’entreprises publiques locales car celles-ci n’ont pas forcément de lien capitalistique entre elles. Mais leurs fonds propres cumulés représentent « plus de 80 millions d’€ près à être investis dans des projets », expose t-il. Et  dispose d'une palette de métiers, des études à la recherche d’investisseur, en passant par l’aménagement, la construction et la commercialisation.
Partenaire de la SEM PMIE, Pays de Montbéliard Immobilier d’Entreprises (chiffre d’affaires de 6,2 millions d’€) dans le nord du Doubs, Sedia accompagne Action 70 en immobilier d’entreprise en Haute-Saône. Depuis peu, elle est devenue un acteur également dans le Jura.  Fin 2020, sa filiale Aktya, a cette fois complètement intégré Expansion 39, active à Dole et Lons-le-Saunier. Le département du Jura qui ne peut plus porter la compétence économique en raison de la loi NOTRe, a cédé ses parts à Aktya. 
La fusion s’accompagne d’une augmentation de capital de 8,6 millions d’€ qui sera porté à près de 32 millions.
Les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) du pôle métropolitain bisontin, des bassins de Dole et de Lons-le-Saunier ainsi que ceux des territoires de Morteau et de Baume-les-Dames sont invités à devenir actionnaires. La Région Bourgogne-Franche-Compé y participe également à hauteur de 2 millions d’€. Déjà actionnaires, la Caisse des dépôts apporte un complément de 2,2 millions d’€, les banques Caisse d’Epargne et Crédit Agricole, un million chacune. 

La « nouvelle » Aktya représente un chiffre d’affaires 9 millions d’€ et un patrimoine de plus de 100.000 m2 de locaux tertiaires, commerciaux, industriels et artisanaux. Territoire 25, la société publique locale de Sedia, travaille aussi régulièrement avec ses homologues de Haute-Saône (Territoires 70) et du Jura (Grand Dole Développement 39).
Toutes ces sociétés bénéficient du pôle ressources de Sedia constitué de 80 personnes, et du Groupement d'Intérêt Economique (GIE) Novea qui emploie quatre experts dans l’environnement et l’énergie. Les compétences du GIE  s’étendent de Mulhouse à Dijon, avec la Sodeb dans le Territoire de Belfort, Citivia à Mulhouse, les Sem et SPL de Saône-et-Loire, Val de Bourgogne à Chalon-sur-Saône et Sud Bourgogne Aménagement à Mâcon, et  la Semaad à Dijon.
Sedia a également une activité dans le tertiaire, le logement et les équipements publics.

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