La journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, a marqué le lancement de l’exposition temporaire de l’année à la fabrique et musée du pain d’épices Mulot et Petijean à Dijon. La situation géopolitique et ses conséquences sur l’activité de leur entreprise s’est ajoutée aux conversations sur l’évolution de la parité dans le monde professionnel.


Elles sont dix dont le portrait est affiché jusqu’à la fin de l’année, dans le hall commun à la fabrique Mulot et Petitjean et son musée du pain d’épices (*), boulevard de l’Ouest à Dijon. Dix entrepreneures qui font rayonner la Bourgogne par leur activité professionnelle. Elles sont à la tête d’une entreprise agro-alimentaire, d’un domaine viticole, d’une fabrique de spiritueux, d’un restaurant renommé ou d’une activité touristique.

Une seule manque au tableau, c’est leur hôte, Catherine Petitjean, la présidente de Mulot et Petijean, « parce qu’en général on affiche le portrait du dirigeant dans l’enceinte de l’entreprise lorsqu’il n’y est plus. » C’est elle qui a eu l’idée de réunir ses consoeurs à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Et elle les a choisi parce qu’elles sont  « inspirantes […], travaillant d’arrache pied pour préserver leur savoir-faire et attachées à leur territoire. » … »


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Toutes se connaissaient déjà parfois depuis longtemps, rassemblées dans un réseau informel pour échanger leurs préoccupations de cheffes d’entreprise. Ce 8 mars lors de l’inauguration, leurs conversations, une fois exprimée la joie de se retrouver, portaient sur la gravité de la situation géopolitique actuelle. Et les conséquences sur leur entreprise : augmentation du prix de la farine, du sucre, arrêt des exportations vers l’Ukraine et la Russie, pénurie d’emballages en carton et en verre, et surtout inflation du prix du gaz qui alimente leur process de fabrication.

Certaines ont voulu interpeler le député de la majorité Didier Martin qu’elles avaient invité pour ce moment convivial. Apparemment, l’heure n’était pas, au moment où démarrait la campagne du président sortant, de prendre des engagements sur l’intervention de l’état appelée de leurs voeux pour mettre un frein à cette inflation.

Toute à leur écoute, Anne Coste de Champeron, tout juste nommée secrétaire générale pour les affaires régionales (Sgar) en Bourgogne Franche-Comté – la 1ère de cette administration dans la région – a pris scrupuleusement note de leurs soucis pour en référer au préfet de région.

« On ne fera plus ce genre d’exposition lorsque la société et le monde économique seront réellement paritaires », disait Catherine Petitjean. Les choses évoluent cependant. Un tiers des chefs d’entreprises de Bourgogne-Franche-Comté sont des femmes. Gage d’espoir, la jeune génération y contribue fortement : la moitié des patrons de moins de trente ans s’accorde au féminin.

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Dix ambassadrices de la Bourgogne


Chacune a résumé son parcours et exprimé son attachement à la Bourgogne sur de grands portraits. Extraits.

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De g. à d. et de haut en bas : Anne Parent, Catherine Troubat, Claire Battault-Couchoux, Lucile Darosey, Marie-Thérèse Garcin, Claire Briotet-Garcin, Dominique Loiseau, Emmanuelle Baillard, Virginie Taupenot et Judith Carton.

 


Anne Parent, viticultrice et PDG du domaine Parent, à Pommard.

 
« Après des études de droit privé et de commerce des vins, une formation en oenologie et viticulture, et une expérience professionnelle dans la formation pour cadres et dirigeants et l’audit d’entreprises, j’ai repris le domaine familial avec ma soeur Catherine en 1998. Ce domaine de 10 hectares est certifié en culture biologique et conduit en biodynamie depuis plus de 10 ans [ … ] La Bourgogne est mon patrimoine génétique et ma respiration, elle est mon identité culinaire et oenologique. »

 

Catherine Troubat, PDG des Anis de Flavigny à Flavigny-sur-Ozerain.

 
« En 1990, j’ai repris l’entreprise familiale Les Anis de Flavigny à la suite de mon père, qui lui-même la tenait de mon grand-père. Cette transmission est une tradition qui remonte presque à l’origine du bonbon, de famille en famille. »


• Claire Battault-Couchoux, secrétaire générale de la Maison Gabriel Boudier à Dijon.

 
« J’ai intégré en 2002 l’entreprise familiale reconnue pour sa fameuse crème de cassis de Dijon et distinguée comme « Entreprise du Patrimoine vivant » depuis 2017. J’ai été formée en grande partie par mon père d’une exigence légendaire et depuis 6 ans aux cotés et sous la direction de mes oncles qui ont apporté un nouveau souffle (chiffre d’affaires multiplié par 3 en 3 ans). »

 

• Lucile Darosey, chef-pâtissière à Loiseau des Ducs à Dijon.

 
Après 4 ans passés dans la pâtisserie de la maison Bernard Loiseau à Saulieu, cette Franc-comtoise est partie pour d’autres expériences dans de grandes maisons étoilées. « En 2013, je suis revenue pour relever le challenge de l’ouverture de Loiseau des Ducs à Dijon : un an après l’ouverture, le restaurant est étoilé. »

 

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• Marie-Thérèse Garcin, guide-conférencière et interprète.


« Chance ou destin ? La rencontre de bonnes personnes au bon moment a été déterminante pour ma carrière professionnelle […] Arrivée à l’Office de Tourisme de Beaune en octobre 1970, voilà comment en 2022, je fêterai mes 52 ans de tourisme. »

 

• Claire Briottet-Garcin, dirigeante associée de la Maison Edmond Briottet à Dijon et présidente du Syndicat des Fabricants du Cassis de Dijon.


« J’ai une relation toute particulière avec la Bourgogne, puisque ma famille y vit et y travaille depuis plus de 6 générations. Si je suis partie pendant quelques années, pour mes études et pour mes débuts dans la vie active, je suis rentrée au bercail avec plaisir quand j’ai compris que mon père pensait à prendre sa retraite. Nous avons alors repris les rênes avec mon frère, Vincent. Aujourd’hui, [… ] je mets un point d’honneur à perpétuer le 6e génération de la maison familiale. »

 

• Dominique Loiseau, PDG de la Maison Bernard Loiseau à Saulieu.


« Après le décès brutal de mon mari en 2003, je deviens la Présidente du Groupe Bernard Loiseau qui compte à présent 4 restaurants en Bourgogne (Saulieu, Dijon, Beaune). Dorénavant mes enfants m’ont rejoint à la direction, pour continuer cette fabuleuse aventure. »

 

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• Emmanuelle Baillard, directrice générale de Nectars de Bourgogne.


« Mes racines sont en Champagne et mon coeur est en Bourgogne, Bourgogne où je suis venue pour être diplômée en oenologie et exercer ce métier de passion, ce métier d’hommes dont j’ai toujours rêvé et qui m’a portée durant plusieurs années.  La rencontre avec un autre fruit emblématique de notre belle région, le cassis noir de Bourgogne, m’a permis d’imaginer une autre aventure, Nectars de Bourgogne que j’ai créé en 2004 [… ] qui met en valeur les fruits de nos régions. »


• Virginie Taupenot, viticultrice et co-propriétaire du Domaine Taupenot-Merme à Morey-Saint-Denis, co-fondatrice et vice-présidente de Femmes et Vins de Bourgogne.


« Je suis née au coeur de la Bourgogne, dans une famille qui produit du vin depuis au moins 9 générations. De retour en Bourgogne après des séjours aux Etats-Unis et au Japon, je passe mon Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole (BPREA) à la Viti de Beaune avant de passer mon diplôme en œnologie à Jules Guyot de Dijon. Parallèlement, je rejoins le domaine familial dès 1995, ne le laissant que pour aller faire mon stage d’installation et de vinification en Afrique du Sud (1996).»


• Judith Cartron, directrice de la Maison Joseph Cartron à Nuits-Saint-Georges.


« Femme de tête et d’expérience, après 15 ans de postes à responsabilité en marketing et développement commercial, je réponds à l’appel de la Maison familiale et accède à la présidence. Cinquième génération d’une fameuse lignée de distillateurs liquoristes, je suis la première femme à diriger l’entreprise. »

• Catherine Petitjean, présidente de Mulot et Petitjean

PDG depuis 1998, de l'entreprise familiale de pains d'épices, Catherine Petitjean incarne la 9ème génération de la lignée de pains d'épiciers, produit emblématique de Dijon. L'an dernier, à l'occasion du 225e anniversaire de l'entreprise, elle a officialisé le passage de flambeau à sa fille cadette, Marie Dugourd, 26 ans, nommée directrice générale, qu'elle accompagne pendant plus années encore. Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), vice-Présidente de L'Alliance 7 en charge des PME, fédération de sydnicats d'entreprises de l'épicerie, elle est engagée localement dans la Cité de la gastronomie et des vins qui doit ouvrir à Dijon en mai.

(*) Ouverture de l’espace muséographique du mardi au Samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. Groupes sur réservations à partir de 10 personnes. 03 80 66 30 80.

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