Gigafactory de production d’électrolyseurs, mélangeurs hydrogène-gaz pour chaudières, sous-ensembles industriels ou encore véhicules légers : les entreprises de la région Bourgogne-Franche-Comté affichent leurs ambitions aux 11e Journées Hydrogène dans les territoires, qui se tiennent encore à Dijon ce 27 juin. Petit tour sur les stands.

 

Les 70 exposants et 800 participants, réunis à Dijon pour les 11e Journées Hydrogène dans les territoires, vivent une situation paradoxale.

Après que le secteur a connu un vrai boum grâce à la stratégie nationale hydrogène, le plan gouvernemental doté de 9 milliards d’euros entre 2020 et 2030, le soufflet retombe un peu. « Les premières usines de fabrication d’électrolyseurs et de piles à combustibles sont sorties de terre et commencent à fonctionner. Mais la stratégie gouvernementale, qui devait être révisée à l’été, est désormais suspendue du fait de la dissolution de l'Assemblée nationale, ce qui provoque un vrai attentisme dans le secteur », analyse Stéphanie Paysant, en charge de la communication au sein de l’association France Hydrogène, qui organise les rencontres.

La production d’hydrogène vert, obtenue par électrolyse de l’eau à l’aide d’une source d’énergie renouvelable, demeure confidentielle, locale et onéreuse, tandis que les usages restent cantonnés aux véhicules lourds - bus, bennes à ordures ménagères - achetés et opérés à grands frais par quelques collectivités locales. Le second souffle se fait attendre…Mais les entreprises rencontrées sur les stands ce mercredi 26 juin s'y préparent.

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• A Dijon, Sundyne recrute pour ses lignes de compresseurs hydrogène

Grégory Junot, hydrogen product line manager chez Sundyne
Grégory Junot, hydrogen product line manager chez Sundyne à Longvic (Côte-d'Or). © Arnaud Morel


À Longvic, près de Dijon, Sundyne fabrique des machines mécaniques pour la compression, le transfert et le stockage des fluides, gaz et liquides. La vénérable entreprise, qui existe depuis une soixantaine d’années, développe ses solutions pour l’hydrogène mais considère le marché encore peu mature. « En tant que compressoriste, l’hydrogène constitue un marché d’intérêt pour nous. Nos solutions ne sont pas visibles des utilisateurs mais peuvent se retrouver, par exemple, dans les systèmes de distribution de l’hydrogène par pistolet », détaille Grégory Junot, hydrogen product line manager. L’unité dijonnaise de cette entreprise américaine, basée à Denver dans le Colorado, emploie 200 personnes et s’occupe exclusivement des marchés EMEA (Europe, Moyen-Orient et Asie). Elle réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d’euros, en augmentation constante depuis quatre années. Pour soutenir cette croissance, l’unité bourguignonne recrute plusieurs dizaines d’ingénieurs, de gestionnaires de projets et d’opérateurs en atelier.

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• Stellantis industrialise ses utilitaires KO hydrogène

Stéphane Majka, directeur business développement hydrogène de Stellantis Pro One
Stéphane Majka, directeur business développement hydrogène de Stellantis Pro One. © Arnaud Morel


Le groupe Stellantis, né de la fusion en 2021 de PSA et Fiat Chrysler Automobiles, est pionnier dans les véhicules légers à hydrogène. En 2022, il a lance sa première génération K0 Hydrogen d’utilitaires de 1.000 kg de charge utile. « Nous en avons vendu 300 véhicules, essentiellement pour le transport de personnes à mobilité réduite », note Stéphane Majka, directeur business développement hydrogène de Stellantis Pro One.

Après ce coup d’essai, le groupe démarre la production de sa seconde génération, assemblée sur ses lignes de Valenciennes (Nord) « les mêmes que pour les véhicules électriques », précise son représentant aux journées dijonnaises. Cette première industrialisation témoigne des ambitions du constructeur. Le nouveau modèle est proposé à partir de 71.500 euros HT, certes le double du prix  de son équivalent thermique, mais 45 % de moins que la première génération et son faramineux tarif de 130.000 euros. « Le véhicule hydrogène offre une meilleure autonomie pour un temps de charge bien plus court. Mais le marché est grevé par le manque de disponibilité de l’hydrogène, qui nous oblige à prospecter uniquement dans les villes disposant d'une station », relève Stéphane Majka.

 
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• H2SYS déploie à Belfort son expertise des systèmes pile à combustible et batterie

à droite, Benjamin Lefever, ingénieur commercial chez H2SYS
à droite, Benjamin Lefever, ingénieur commercial chez H2SYS. © Arnaud Morel


La PME belfortaine H2SYS engage la construction de l’unité qui va lui permettre d’industrialiser la production de ses groupes électrogènes hydrogène grâce au programme « première usine » de France 2030. L’enjeu consiste à passer d’une production d’une centaine d’unités de groupes électrogène hydrogène à plus de 800. La SAS, qui revendique un chiffre d’affaires de 1,4 million d'euros en 2022 et emploie 22 salariés, développe des piles à combustible et des groupes hydrogène autonomes, à destination de l’événementiel, des travaux publics, et globalement de tout ce qui nécessite un accès électrique hors réseau. « Notre spécificité est d’assurer que nos groupes fonctionnent 24 h/24. Notre pile à combustible est couplée à une batterie qui prend le relais lors des pics de demande, et lors des phases de régénération de la pile », décrit Benjamin Lefever, ingénieur commercial chez H2SYS. C’est cette même architecture de fonctionnement que la PME, cofondée par Sébastien Faivre, déploie dans des modules variés, voire des projets sur mesure.

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• L’ambitieuse montée en puissance de la gigafactory McPhy à Belfort

à droite Pierre Lombard, directeur commercial McPhy
à droite Pierre Lombard, directeur commercial McPhy. © Arnaud Morel


La très attendue gigafactory de 22.000 m2 McPhy de Belfort va commencer sa production d’électrolyseurs dès juillet prochain sur l'Aéroparc de Fontaine. L’équipe de direction du site a été recrutée il y a plus d’un an, les premiers opérateurs débutent leur intégration, en montant des pré-séries. 25 personnes occupent pour l'instant le site belfortain, qui pourrait compter 450 salariés à l’horizon 2030. « Nous allons commencer à produire pendant 2 ans des électrolyseurs d’une capacité de 4 MW. À l’issue de cette phase transitoire, nous assemblerons des modules de 16 MW, composés de 4 stacks de 4 MW et à destination de station d’électrolyse d’une capacité de 200 à 300 MW », pronostique Pierre Lombard, directeur commercial McPhy. L’enjeu de la montée en puissance de la gigafactory de la société grenobloise est d’importance. « Notre gamme d’électrolyseurs est en constant développement, nous n’avons pour l’heure jamais été en mesure de réaliser les économies de volume qui seules permettront de baisser les prix des électrolyseurs », analyse- le responsable commercial. Un pas pourtant nécessaire pour ouvrir les marchés industriels à l’hydrogène vert.
 

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• 
Suntec prêt à industrialiser ses mélangeurs hydrogène gaz naturel pour chaudières

Simon Massot, directeur commercial de Sunte
Simon Massot, directeur commercial de Suntec installée à Longvic près de Dijon (Côte-d'Or). © Arnaud Morel


La fabrication des pompes à engrenages forme depuis quarante ans l'activité de Suntec à Longvic (Côte-d'Or). L'entreprise a développé et breveté une innovation majeure, un mélangeur de gaz et hydrogène, destiné aux chaudières, qui permet de réduire la consommation de gaz naturel et les émissions de CO2 en injectant jusqu’à 60 % d’hydrogène au gaz. Le marché, potentiellement très important, se situe dans les installations de moyenne puissance, entre 100 kW et 5MW. « Nous ne pouvons pas encore alimenter les fours de Saint-Gobain, mais adresser un marché important et diffus de PME », note Simon Massot, directeur commercial de Suntec. Comptant 135 employés à Longvic et une vingtaine dans le Kentucky, la SAS a réalisé un chiffre d'affaires d'une trentaine de millions d’euros en 2023. « Nous exportons 97 % de notre production vers 70 pays », se félicite le responsable. Le mélangeur hydrogène de Suntec, dont une première preuve de concept, co-développée avec De Dietrich, fonctionne à Châteauneuf dans la Loire, approche de l’industrialisation. « Nous travaillons à la mise en place d’une ligne de production dédiée, et au recrutement d’une équipe commerciale », précise Simon Massot.

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