A l'occasion de cette semaine de congés, nous revenons sur quelques temps forts de l'actualité économique que nous avons relatés en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est depuis la fin de l'été. Aujourd'hui : Fiday Gestion. Incarnation de l'industrie dite traditionnelle, l'entreprise de Scey-sur-Saône en illustre le virage vers des solutions beaucoup moins émissives en carbone, reposant en amont sur l'approvisionnement en matières recyclées et en aval sur la valorisation des quantités excédentaires. Ces projets vont entraîner des investissements qui pourraient in fine se monter à une dizaine de millions d'euros.
ARTICLE PUBLIE LE 26 SEPTEMBRE 2025. Pour comprendre l’importance concrète que le mot d’ordre de « décarbonation » a pris dans les stratégies des industries « traditionnelles »n un détour par Scey-sur-Saône s’impose. Dans la commune de Haute-Saône, le fondeur et usineur Fiday Gestion concentre désormais tous ses efforts vers l’atteinte de cet objectif. Celui-ci engendre pour lui un travail d’ensemble consistant à repenser les process historiquement émetteurs de CO2 et à trouver les voies vers l’augmentation du recours aux matières recyclées ainsi qu'à valoriser des quantités dont il n’a pas besoin lui-même.
Engagé au stade des études, ce programme a son coût : « dans l’hypothèse d’une concrétisation complète, il représente un investissement de 10 à 12 millions d’euros sur quelques années », calcule Jean-Pierre Garnier, directeur du développement.
Le process lui-même est concerné. Depuis sa création en 1984, Fiday Gestion transforme de la fonte, aujourd’hui à raison de 45.000 tonnes annuelles. Il en résulte une série de pièces en grande quantité (750.000 par an environ) destinées principalement aux poids lourds, comme les tambours de frein et les disques de frein, avec une diversification vers des formes complexes tels les corps de compresseurs, qui a permis d’élargir le portefeuille de clientèle à l’industrie en général. Les nouveaux débouchés ont notamment été rendus possibles par la mise en service, en 2020, d’une ligne d’usinage automatisée pour un montant d’1,9 million d’euros.
A l’instar de ses consœurs grandes et petites, la fonderie haut-saônoise comptant 200 salariés permanents exerce cette activité à partir d’un « cubilot » : un four vertical de fusion de métaux dont le fonctionnement repose sur la combustion du coke, matière fossile par excellence. Un premier enjeu consiste dès lors à réduire, voire renoncer à ces quantités, émettrices de 20.000 à 25.000 tonnes de CO2 par an. « La règlementation européenne y pousse, mais aussi le volontarisme de nos clients. Des constructeurs de camions comme Scania et Volvo demandent à pouvoir se fournir en fonte « verte » dès l’horizon 2030 », souligne Jean-Pierre Garnier.
La capacité de la filière à sortir un « biocoke » vertueux n’est pas exclue. Cependant, Fiday Gestion oriente en priorité ses investissements vers le remplacement complet ou partiel du cubilot par plusieurs fours électriques de fusion. La PME a répondu dans ce but à un appel à projets « Décarb’Industrie » de l’Ademe.

« Verdir » la matière première forme un autre axe d’études puis d’investissements. L’entreprise a déjà franchi un pas en s’alimentant en ferrailles d’origine recyclées pour la fusion de départ. Le cours de ces matières détermine d’ailleurs, par la répercussion sur le prix des produits, son chiffre d’affaires. Celui-ci oscille dès lors entre 50 et 60 millions d’euros, au gré des exercices.
Ses travaux portent désormais sur le fer et le manganèse constitutifs de la fonte, de sorte à diminuer ou même supprimer son origine minière par une source recyclée. Or la valorisation des piles alcalines salines, qui contiennent ces matières, apporte une solution, qu’il s’agit de concrétiser et d’industrialiser. Le projet interne « Bat’Ring » permet d’ores et déjà à Fiday Gestion d’y parvenir dans son procédé au cubilot. Il a reçu un prix spécial innovation de la Région Bourgogne-Franche-Comté en 2016.
Cerise sur le gâteau, ces piles contiennent aussi le carbone nécessaire, sans le faire s’envoler dans la nature. « L’utilisation de piles alcalines en substitution de ferromanganèse élaboré après extraction minière permet de réduire de 40 % les émissions de CO2 sur l’ensemble du processus de fabrication du ferromanganèse », souligne Jean-Pierre Garnier.
Capter le zinc

La prochaine étape consiste à transposer la solution dans les fours électriques. Un autre programme de recherche-développement « Holo Bat » s’y consacre depuis le printemps 2023, jusqu’à fin 2026 dans le cadre d’un appel à projets de l’Ademe « France 2030 : Solutions innovantes pour l’amélioration de la recyclabilité, le recyclage et la réincorporation des matériaux » qui fait bénéficier Fiday Gestion d’un crédit de l’agence nationale de 900.000 euros sur le total de budget d’1,5 million d’euros.
Ces piles usagées, dont la seconde vie sous forme de recyclage est exigée par la règlementation européenne, contiennent un autre élément, non nécessaire au process de la fonderie de Scey-sur-Saône, mais de valeur : le zinc. D’où un autre projet sur place, d’optimisation de sa captation afin de pouvoir le revendre aux recycleurs. Il consiste à vaporiser le zinc contenu dans la poudre noire (la « black mass ») résultant du broyage des vieilles piles et à l’emprisonner dans des filtres, « de telle sorte à obtenir des teneurs suffisamment riches pour intéresser les recycleurs », précise Jean-Pierre Garnier.
Fiday Gestion recourt pour cela à la voie de la pyrométallurgie qui porte les métaux à des températures supérieures à 1.200 °C, en association notamment avec le Centre de pyrolyse de Marienau (Moselle), un héritage des recherches des anciennes houillères de Lorraine. Pas de doute, la matière grise turbine à fond au bord de la Saône pour faire voguer le fondeur-usineur vers son avenir.
Photos fournies par l'entreprise












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