ENERGIE/BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ. Entreprise familière à tout à chacun, EDF connaît une véritable mutation que son activité, au niveau régional, essaie de traduire.
L’électricien historiquement producteur d’électricité nucléaire se diversifie dans les énergies renouvelables comme l’écrit son projet d’entreprise Cap 2030.
La photographie en Bourgogne Franche-Comté à l’occasion de son premier bilan sur le périmètre de la nouvelle région.

Ce n’est pas un hasard si Christine Heuraux, nouvelle déléguée régionale d’EDF Bourgogne Franche-Comté, a choisi la chaufferie des Péjoces, à Dijon, pour présenter le bilan 2015 de l’entreprise publique (détenue à 85% par l’Etat) dans la région.
Cette installation au bois déchiqueté qui alimente le réseau urbain de l’agglomération dijonnaise veut démontrer la volonté de diversification du producteur d’électricité nucléaire dans les énergies renouvelables.
Le projet d’entreprise Cap 2030 dit clairement que l’électricien souhaite devenir un acteur de l’éolien, du solaire et de la biomasse. Pas simple dans une culture basé sur le nucléaire, source de 77% de son électricité.
La carte des installations d’énergies renouvelables en Bourgogne Franche-Comté montre clairement le chemin à parcourir. En dehors de l’hydraulique, activité historique avec une vingtaine de barrages dans la région, l’électricien s’est tardivement installé sur un marché convoité par de nouvelles entreprises spécialisées dans l’électricité verte.
Le groupe possède en Bourgogne Franche-Comté, un seul parc éolien (70 en France) d’une dizaine de machines de 2 mégawatts chacune, celui du Lomont, dans le Doubs, qu’il a acquis fin 2015. Des projets sont lancés dans l’Yonne pour environ 90 mégawatts.
Sa filiale EDF Energies Nouvelles exploite depuis 2012 une des plus importantes installations photovoltaïques de France, à Massangis, dans l’Yonne, dont les 700 000 panneaux d’une puissance de 56 mégawatts fournissent de l’électricité à 26 000 habitants.
Deux installations biomasse

La plus importante des installations biomasse, exploitée par sa filiale Tiru, se situe en Saône-et-Loire, à côté de la tuilerie Terreal dont elle fournit la chaleur issue de la méthanisation de 73 000 tonnes d’ordures ménagères et 8 000 tonnes de déchets verts.
Celle des Péjoces à Dijon mise en service, fin 2014 par une autre filiale, Dalkia, intègre deux chaudières à bois et une troisième prochainement d’une capacité de 50 000 tonnes par an.
En l'absence de centrale nucléaire sur le territoire bourguignon et franc-comtois, c'est l’activité hydraulique historique avec ses 20 barrages, dans le Jura et le Morvan, qui constitue la majorité de la production locale. En léger recul en 2015, elle a produit 530 millions de kilowattheures pour près de 500 000 habitants.
« Chaque jour, le défi est de produire et de sécuriser l’alimentation électrique de la région », indique Christine Heuraux. Pour ce faire, l'électricien se fournit auprès des centrales nucléaires des régions voisines, Belleville-sur-Loire, dans le Cher, à la frontière de la Nièvre, Nogent-sur-Seine, dans l’Aube, Bugey dans l’Ain et Fessenheim, en Alsace.
Le bilan de l’année passée qui se solde au niveau national par un chiffre d’affaires de 75 milliards d’€, en progression de 2,2 % et un résultat net de 1,187 milliard en net recul (- 67,5 % / 2014), s’inscrit dans un contexte national et international compliqué pour l’électricien français.
« Les électriciens, nous souffrons tous », explique Christine Heuraux. Surcapacité de production au niveau mondial, baisse du prix du pétrole, instabilité des aides aux énergies renouvelables, ouverture à la concurrence des distributeurs d’électricité… toutes ces raisons bousculent le modèle économique d’EDF qui revendique toujours la première place mondiale malgré des pertes de parts de marchés.
Si l’on ajoute les défaillances dans la construction de l’EPR de Flamanville dont le coût a triplé à 10,5 milliards d’€ et la sollicitation de l’Etat pour le rachat du pôle réacteur d’Areva, l’entreprise qui emploie 3000 salariés en Bourgogne Franche-Comté traverse une période mouvementée.
Un milliard d’€ d’achats

Mais la déléguée régionale se veut rassurante. L’électricien demeure le premier donneur d’ordre de Bourgogne Franche-Comté avec un milliard d’€ d’achats, principalement générés par l’activité industrielle du nucléaire : ses fournisseurs Areva en Saône-et-Loire et General Electric à Belfort, ainsi qu’un réseau dense de sous-traitants, pour beaucoup fédérés dans le pôle de compétitivité Nucléaire Bourgogne et la Vallée de l’Energie.
Par ailleurs, en tant qu’opérateur local, EDF investit chaque année environ 200 millions d’€ dans les infrastructures électriques.
Dès cette année, un regain d’activité est attendu en raison de la rénovation de la centrale nucléaire de Belleville (Cher) qui fait partie des premières de la liste du grand carénage. L’installation qui emploie 836 salariés, achète en période dite normale 7,8 millions d’€ de commandes à des PME de la Nièvre et de l’Yonne essentiellement.
Contribution moins visible à l’économie locale, EDF fait valoir son accompagnement dans les économies d’énergie pour sa clientèle d’entreprises et de collectivités locales.
Après le fabricant jurassien de jouets Smoby en 2015, le groupe soutient la démarche Iso 50001 de plusieurs entreprises avec la perspective de 5 à 10% d’économies : le distributeur d’outillages Berner dans l’Yonne, le fabricant d’emballages Herplast dans le Jura et le pharmacien Téva Santé dans la Nièvre.