Tout en célébrant son vingtième anniversaire en ce mois de février, le centre scientifique et technique alsacien grand public prépare une exposition-animation majeure pour la fin de l’année prochaine sur l’exploration et la vie imaginée sur le satellite de la Terre. Qui dit grosse opération dit gros budget à l’échelle de l’équipement, soit 800.000 euros. Il en résulte un appel particulier au mécénat des entreprises désireuses d’associer leur nom à un domaine d’avenir, qui fait toujours rêver.
S’il fête ses 20 ans en ce mois de février 2025, le Vaisseau de Strasbourg se projette déjà dans l’avenir. Une attitude somme toute en phase avec la vocation et l’identité de ce centre scientifique, technique et industriel, que lui avait conféré son créateur le conseil général du Bas-Rhin, devenu depuis la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) : éduquer à la science de façon ludique mais fiable et ouvrir les perspectives aux visiteurs. Notamment les collégiens dont les départements gèrent les bâtiments d’enseignement, mais pas que.
Cette vision du futur, le Vaisseau se l'applique à lui-même en ce moment, par la préparation du rendez-vous qu’il veut majeur et qui tient en un mot : « Lune. » A savoir une exposition scénographiée sur la conquête de notre satellite, sa connaissance et ses mystères encore à défricher. Elle s’ouvrira en fin d’année prochaine, en octobre 2026 pour se prolonger jusqu’au tournant de 2027 et 2028.
Mais le futur événement mobilise dès aujourd’hui pleinement le personnel de l’établissement… Notamment parce qu’il s’agira de le financer, et que nul n’ignore que les crédits publics sont tout sauf extensibles en ce moment. Dès lors, le mécénat, et celui des entreprises en particulier, a été érigé comme l’un des piliers du financement de « Lune. » « Sur un budget total de 800.000 euros, nous visons 200.000 euros de mécénat », expose Alexandra Lutter-Schmitt, responsable du mécénat au Vaisseau.

Les autres sources proviennent de la CeA et de la structure muséographique Cap Sciences de Bordeaux, qui coproduit l'exposition. Celle-ci débutera d'ailleurs en octobre 2025 pendant un an avant de venir au Vaisseau. « Après Strasbourg, il est envisagé de faire continuer à la faire tourner dans d’autres villes », précise Alexandra Lutter-Schmitt.
Pour convaincre les entreprises alsaciennes – ou autres ! – d’apporter leur soutien, l’équipe organisatrice fait valoir « l’association de (leur) image à une filière d’avenir, celle de l’aventure spatiale qui fait rêver les jeunes et s’ouvre à plein de métiers », appuie Bruno Baechler, chargé de projets muséographiques au Vaisseau. « Le contenu soulignera en particulier que la dimension inclusive progresse dans ce secteur. Ses activités, dans toute leur diversité, s’ouvrent très bien aux jeunes femmes, qui sont de plus en plus nombreuses à le rejoindre », ajoute-t-il.
Des métiers divers, pour les jeunes filles aussi

Les entreprises déjà actives dans l’aéronautique ou qui désirent s’y implanter forment une « cible » de choix. Dans sa démarche, le centre scientifique strasbourgeois peut compter sur la complicité de l’agence de développement économique Adira qui lui ouvre les portes des clusters et structures qu’elle anime et qui rassemblent des profils pertinents : membres de la communauté Aéro Alsace, adhérents à la nouvelle Marque Employeur Alsace, entreprises labellisées Alsace Excellence... La démarche a déjà convaincu Vega, un fabricant de capteurs de niveaux et de pression filiale du groupe allemand éponyme, à Nordhouse (Bas-Rhin).
L’argument majeur réside dans le contenu même de « Lune. » Bénéficiant de la caution scientifique du CNES (Centre national d’études spatiales) et d'un quatuor d'experts, cette programmation se construit autour de trois temps. D’abord l’immersion virtuelle dans un centre d’entraînement d’astronaute soulignera cette diversité de métiers souhaitant être mise en exergue. Puis, le visiteur passera en mode « base lunaire » pour se familiariser avec les connaissances de la communauté scientifique.
Enfin, il plongera dans l’univers lunaire, selon des scénarios qui tiendront ici de la science-fiction. L'on imaginera une vie comme sur Terre ou presque, avec des langues parlées, des nationalités… De quoi faire rêver, « et à tous âges à partir de 7 ans », ajoute Alexandra Lutter-Schmit. La balle est donc dans le camp des candidats mécènes.
Ouvert en février 2005, le Vaisseau a trouvé son public. Avec le coup de pouce des sorties scolaires obligatoires, mais pas uniquement, elles représentent environ 30 % de la fréquentation. Celle-ci oscille chaque année quelque 170.000 visiteurs, dans un équipement conçu à son origine pour accueillir près de deux fois moins, soit 90.000.
Le Vaisseau a donc poussé les murs pour se déployer sur 2.000 m2 de salles d’expositions prolongées par 5.000 m2 de jardin. Ces surfaces accueillent huit expositions permanentes, sans compter donc les temporaires. L'actuelle, « Hors-Jeu ! » sur les sports insolites, a été ouverte il y a un an dans la perspective des JO et se prolonge, en principe jusqu’à l'été 2026. Le Vaisseau compte également près de 10 % de visiteurs germanophones d’Allemagne et Suisse voisines.