La société Nimesis Technology prépare une levée de fonds en vue de conforter ses positions dans l’univers du spatial. Issue de celui de la recherche, l’entreprise basée à Mécleuves (Moselle) conçoit et fabrique des actionneurs intelligents pour le déploiement de panneaux solaires, d’antennes et autres mécanismes spatiaux.


La mission japonaise MMX (Martian Moons Exploration) devrait s’envoler en 2024 en direction d’un satellite de la planète Mars. Le déploiement des panneaux solaires de son véhicule d’exploration sera assuré par un actionneur intelligent conçu et fabriqué par Nimesis Technology à Mécleuves (Moselle), au sud de Metz.

La PME est issue de travaux du Laboratoire en Sciences des Matériaux LEM3, une unité du CNRS, de l’Université de Lorraine et d’Arts et Métiers. Elle fonde son développement sur les alliages à mémoire de forme des matériaux à base de cuivre, aluminium, nickel et/ou titane ayant la capacité de retourner à leur forme initiale après une déformation, sous l’effet de la chaleur.

« Avant, nous disposions de matériaux dotés de caractéristiques thermomécaniques difficiles à exploiter, aujourd’hui nous avons des produits finis sur les étagères », se félicite Alain Hautcoeur, le président de cette PME de 23 salariés (chiffre d’affaires de 900.000 € en 2021).

 

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Dans le creux de sa main, l’entrepreneur tient « Hector », l’actionneur rotatif qui devrait équiper le véhicule MMX. Il en détaille le fonctionnement : « La barre en alliage est déformée. Elle va retrouver sa forme initiale sous l’action d’un système de chauffe par impulsions électriques. Ce mouvement entrainera le déploiement d’un panneau solaire. » Le mécanisme occupe un minimum d’espace, affiche un poids très réduit et mobilise peu d’énergie : trois données essentielles pour l’industrie spatiale.

La société collabore sur le projet MMX avec le Cnes (Centre national d’études spatiales), partenaire de l’agence spatiale japonaise Jaxa. Nimesis Technology a fait du spatial, de l’aéronautique et de la défense, son marché cible. En témoigne l’ouverture d’un bureau à Montpellier où se situe le Centre spatial universitaire (CSU).
Il collabore régulièrement avec celui-ci, ainsi qu’avec l’ESA (Agence Spatiale Européenne), Thales, Airbus Defence and Space, etc. Elle planche également avec l’équipementier français Comat sur un actionneur rapide permettant la séparation des étages du lanceur d’une fusée.

Nimesis Technology scrute actuellement le ciel dans la direction du satellite d’une start-up européenne. Ses panneaux solaires doivent être déployés par un autre de ses actionneurs intelligents : Triggy. Les capacités de ces composants en cuivre, aluminium et nickel sont tout bonnement spectaculaires : le modèle de 3,5 grammes est capable de mettre en mouvement une charge de 130 kg, celui de 300 grammes, une charge de 8 tonnes !


Chirurgie mini-invasive

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Nimesis Technology est équipé d’un four à coulée continue qui permet d’obtenir différents alliages. © Philippe Bohlinger

 

Afin d’asseoir sa position et gagner des parts de marchés en Europe dans le spatial, Nimesis Technology prépare une levée de fonds de série A (1 à 5 millions d’€) à laquelle le Fonds européen d’investissement serait associé à hauteur d’un million d’€. Soutenue par Bpifrance, lauréate en 2020 de l’accélérateur européen EIC Accelerator, l’entreprise est accompagnée au capital par les investisseurs régionaux Alsace Business Angels et Yeast.

Alors que le spatial porte son développement, c’est dans le biomédical que la PME a démarré son activité. En l’occurrence, en développant des produits super élastiques : stents, agrafes orthopédiques, corbeilles pour les calculs rénaux. Le dirigeant fait la démonstration de l’utilité des alliages à mémoire de forme pour la chirurgie mini-invasive sur un stent d’artère coronaire tressé à partir d’un unique fil de nickel-titane. Plié après l’avoir passé sous une bombe de froid, il conserve la déformation avant de reprendre progressivement sa géométrie initiale en se réchauffant à température ambiante.

 

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Les alliages à mémoire de forme ont d’autres applications. Dans le cadre d’un projet accompagné par l’Ademe, Nimesis Technology travaille sur un système de détection d’incendie autonome au sol, capable de transmettre un signal par satellite en cas de chaleur. « Ce système d’alerte intéresse également les exploitants de sites sensibles : stockage de batteries, de produits chimiques, silos agricoles, etc. », note Alain Hautcoeur.


Qui est Alain Hautcoeur ?

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Alain Hautcoeur, président de Nimesis Technology. © Philippe Bohlinger

« Je voulais faire sortir du laboratoire ces matériaux métalliques dotés de propriétés thermomécaniques particulières », résume Alain Hautcoeur. Le dirigeant de 55 ans planche sur les alliages à mémoire de forme depuis sa sortie de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Metz (Enim) dont il est diplômé. Il leur a consacré sa première partie de carrière comme ingénieur d’études au sein du laboratoire messin LEM3.
En 2008, Alain Hautcoeur crée Nimesis Technology avec son épouse Cathy Rutigliano, disparue il y a cinq ans. L’entreprise d’abord hébergée au Centre d'innovation et de recherche franco-allemand à Metz (Ciram) a par la suite pris ses quartiers à Mécleuves, où elle devrait porter la surface de ses locaux de 900 à 1.300 m² d’ici la fin de l’année.

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