Smaltis, laboratoire spécialisé en microbiologie à Besançon, s’est agrandi en transférant il y a quelques mois ses locaux à Bio Innovation. La société récolte les fruits d’une stratégie commerciale plus offensive et d’une offre de services calibrée pour l’accompagnement des projets de développement de produits de santé ou de bien-être.
Après VistaCare Medical et Macopharma, Smaltis. En juin dernier, le laboratoire en microbiologie a, à son tour, intégré Bio Innovation, le centre de développement situé au cœur de Temis Santé, le pôle bisontin de recherche et d’ingénierie biomédicale. Auparavant installée deux rues plus loin à Bioparc, la biotech occupe désormais le plateau technique du quatrième et dernier étage du bâtiment inauguré en mars 2021. Passant de 250 à 650 m2, elle a ainsi presque triplé sa surface. De quoi procurer un espace de travail confortable aux 15 salariés.
Ce déménagement/agrandissement traduit la stratégie de croissance de la start-up, soutenue par 1 million d’€ d’investissement dont 700 000 € pour l’aménagement des nouveaux locaux. « Nous nous sommes projetés en dimensionnant le projet à un horizon de dix ans, indique Cédric Muller, le PDG. Dans cette configuration, l’effectif pourra augmenter jusqu’à 30 ou 40 collaborateurs. »
Smaltis a été créée en 2014 par Sophie Guénard et Cédric Muller, deux jeunes docteurs en bactériologie de l’université de Franche-Comté, pour proposer des prestations de recherche en microbiologie, biologie moléculaire et biologie cellulaire. « Au bout de quelques années d’activité, notre chiffre d’affaires plafonnait à moins de 300.000 €. Nous avons dressé le constat que nous n’avions pas besoin d’un commercial à plein temps, raconte Cédric Muller. Un audit de nos supports commerciaux nous a conduits à tout reconstruire et à ‘’marketer’’ notre offre de services. »

Lutte contre l’antibiorésistance

Le chiffre d’affaires a fini par franchir son plafond. Il a approché 800.000 € en 2021 et devrait dépasser la barre d’1 million d’€ cette année. La moitié est réalisée à l’international.
La mission de conquérir de nouveaux marchés a été confiée il y a trois ans à Clarisse Meneghel, jeune ingénieure en biologie spécialisée en communication scientifique, embauchée au poste de business developer (responsable développement), suite à l’ouverture du capital qui a procuré les moyens de ces développements.
Les fondateurs ont cédé, en effet, 30 % des parts à Biotech Investissement, la holding qui regroupe notamment les sociétés bisontines RD-Biotech et Diaclone. « Nous sommes les orfèvres de la microbiologie appliquée au secteur de la santé », résume Cédric Muller dans une jolie formule. Ces « artisans » cisèlent des accompagnements sur mesure, de la recherche aux études cliniques, afin d’accélérer le développement de produits de santé (médicaments, vaccins, dispositifs médicaux, kits de diagnostic) ou de bien-être (compléments alimentaires, cosmétiques).
Polyvalent, le laboratoire couvre plusieurs champs : de la lutte contre l’antibiorésistance par l’évaluation des candidats antimicrobiens à l’exploration du microbiote, humain ou animal, en passant par la modification génétique des souches bactériennes pour la recherche ou la production de biomédicaments.
Smaltis entend renforcer cette offre dans les années à venir en recrutant un docteur en mycologie (expert en levures et moisissures), et en développant les prestations de biologie moléculaire et d’analyse ADN. Autre projet pour elle : s’implanter aux États-Unis, premier marché mondial de la microbiologie industrielle.

L’espace occupé par Smaltis à Bioparc n’est pas resté vide. Il a été investi par Lymphobank qui, depuis sa création en 2017, était hébergée par l’Établissement français du sang à Besançon. « Nous envisagions de louer un plateau technique à Bio Innovation mais quand j’ai appris que Smaltis déménageait, j’ai sauté sur l’occasion, raconte Éric Robinet, président fondateur de la biotech. C’était plus simple, plus rapide et plus rentable de venir dans ces locaux déjà équipés. » Lymphobank (8 salariés) valorise les déchets de transfusion sanguine par la fourniture, à façon, de produits d’immunothérapie cellulaire destinés à la recherche médicale. Le chiffre d’affaires de 2021 (440.000 €) devrait doubler cette année en raison d’une forte demande de cellules issues du sang placentaire, qui représentent 90 % des commandes. En parallèle de cette activité industrielle, l’entreprise accueille un doctorant en immunologie. Mathieu Gonçalves travaille sur une thérapie cellulaire ciblée contre le cancer de foie ; il poursuit ainsi un projet initié par Éric Robinet lorsqu’il était chercheur à l’INSERM à Strasbourg.