Spécialisée dans la conception et la production de pièces thermoformées pour l’industrie, la PME de Thise, dans le Doubs, se distingue par sa capacité à concevoir des offres originales. En forte croissance, elle a investi 4,5 millions d’euros ces dernières années dans la mise au point d’un procédé de plastronique pour l’automobile.


En matière de thermoformage (*), l'une des techniques de transformation des matériaux polymères, Plastiform ne se fixe aucune limite. « Notre métier consiste à concevoir et fabriquer la pièce ainsi que la matrice (NDLR : le moule) correspondante, décrit Olivier Rodary, le président de l’entreprise franc-comtoise. Nous faisons du sur-mesure en adaptant la matière et le process selon les besoins de nos clients. »

Établie à Thise, dans la périphérie de Besançon (Doubs), la société développe « entre 100 et 150 nouveaux produits par an » dont elle assure aussi, parfois, la production en série : des solutions de conditionnement (plateaux, bacs de transport, blisters) et des pièces techniques - comme les capots de machine, les conduits d’air, ou les consommables pour les laboratoires - destinées à une grande variété d’applications industrielles, parmi lesquelles l'automobile, le médical, le luxe, l'aéronautique, la défense, l'habitat, l'énergie, etc.

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Evoluant à la pointe de l’innovation et de la R&D dans son domaine, la PME a figuré parmi les premières en France à se lancer dans le thermoformage simultané de deux feuilles plastiques (le procédé dit Twin-Sheet) pour la mise en forme de matériaux techniques. Elle est aussi la seule à thermoformer le PEKK (poly-ether-cétone-céetone) qui a été mis au point par le chimiste Arkema, grâce à un procédé spécifique et un système d’outillage adapté aux conditions de chauffe (plus de 250°C) de ce matériau haut de gamme employé dans l’industrie aéronautique.

 

L’électronique dans le moule

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La PME est spécialisée dans le thermoformage technique des matériaux polymères. Elle conçoit et produit des solutions de conditionnement et des pièces techniques. © Plastiform 


Engagée dans des programmes collaboratifs, Plastiform travaille également sur la plastronique, une combinaison entre la plasturgie et l’électronique, appliquée à l’automobile. Elle a ainsi investi 4,5 millions d’euros (dont 1,6 million d’euros d’aide de l’Etat au titre de France Relance) dans la technologie appelée In Mold Electronics (en anglais, l’électronique dans le moule). Le principe ? Réaliser un film « fonctionnalisé » - c’est-à-dire imprimé de décors, de pistes conductrices, avec l’ajout de composants - de seulement 5 millimètres d’épaisseur, le mettre en forme en 3D par un procédé de thermoformage innovant, puis le surmouler en injection. « Nous créons de la sorte des pièces de grande dimension, très légères, peu coûteuses, fiables et entièrement recyclables », affirme Olivier Rodary. Ces éléments pourraient remplacer les écrans des tableaux de bord ou habiller la carrosserie des véhicules de nouvelle génération.

La ligne de production spécifique en salle propre a été installée en mars 2023 à Thise, dans des locaux libérés par le groupe Antolin désormais recentré sur un site à Besançon. « Le process est au point. Nous avons déjà fabriqué des centaines de pièces. Il nous reste désormais à travailler sur la montée en volume », indique le dirigeant qui présentera ces avancées du 24 au 27 septembre à Besançon, lors du salon Micronora.

 

Embauches

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Le plasturgiste met en place une équipe dédiée à l'innovation sous la houlette de Vincent Donier, l'ancien directeur de l'agence de développement économique de Franche-Comté. © Laurent Cheviet


Bien que « tous les projets n’aboutissent pas toujours », le positionnement stratégique adopté par Plastiform permet « de garder un temps d’avance et d’aller plus vite que les autres », plaide Olivier Rodary. La méthode s’avère payante, à considérer l’évolution du chiffre d’affaires : celui-ci a bondi de 27 % un an pour atteindre 4,3 millions d’euros au 31 mars 2024. Et une croissance de « plus de 10 % » est déjà acquise pour l’exercice en cours. En conséquence, la société qui employait 25 personnes en 2023 vient de franchir la barre des 30 salariés.

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L'augmentationi des effectifs s’accompagne d’une réorganisation qui permettra de renforcer encore davantage l’atout maître du plasturgiste : une équipe dédiée à l’innovation et aux projets collaboratifs est en cours de constitution. Elle est placée sous la responsabilité de Vincent Donier, l’ancien directeur de l’agence de développement économique de Franche-Comté passé par l’équipementier automobile Delfingen.

 

Qui est Olivier Rodary ?

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Olivier Rodary, le patron de Plastiform, présente des exemples d'applications de technologies de thermoformage, dont celle appelée " In Mold Electronics " (pièce de droite tricolore). © Laurent Cheviet

Du Japon aux Etats-Unis, Olivier Rodary a parcouru le monde pendant une dizaine d’années pour le compte du groupe britannique de rubans adhésifs Scapa, avant de reprendre l’affaire familiale de Thise en 2006.

Fondée en effet par son grand-père en 1968, Plastiform fabriquait à l’origine des produits pour l’horlogerie. « L’entreprise était très technique et s’était déjà spécialisée dans le développement sur-mesure en essayant de suivre des marchés - lunettes, jouets, téléphones - qui ont tous fini par s’effondrer », raconte le dirigeant diplômé de  l'école supérieure de commerce Esta de Belfort.

Après avoir échoué à monter une usine en Tunisie, la PME s’est orientée vers l’innovation, qu'elle a considérée comme le seul moyen de maintenir la production en France.


(*) Le thermoformage consiste à prendre un matériau plastique sous forme de plaque ou de bobine, à le chauffer pour le ramollir puis à profiter de sa capacité de déformation pour le mettre en forme grâce à un moule. Le matériau durcit lorsqu'il refroidit et garde la forme du moule. 

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