Le groupe d'Anteuil (Doubs) a bouclé deux acquisitions, ses premières depuis sa grosse transaction en Allemagne en 2020, dont l’une vient « accélérer » la diversification des débouchés de ses produits de protection des réseaux embarqués vers les différents types d’industries. Ses croissances organique et externes le rapprochent des 500 millions d’€ en terme de chiffre d’affaires.


En annonçant, ce lundi 3 avril, l’acquisition de deux sociétés en Allemagne et en Corée du Sud, le groupe franc-comtois Delfingen délivre un double message. D’une part, il est de retour sur le « marché » de la croissance externe après avoir « digéré » la plus importante de son histoire, le rachat des activités Europe et Afrique de l’Allemand Schlemmer en 2020. D’autre part, l’équipementier automobile, fabricant de protections de câblage, s’engage résolument dans la diversification vers la fourniture de solutions à l’industrie en général.

 

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Ce second mouvement s’incarne en particulier avec l’intégration de Reiku, société allemande dont les 60 salariés fabriquent des protections de câblages pour la robotique ou les automatismes, à hauteur l’an dernier de 14 millions d’€ de chiffre d’affaires. « Ce type d’applications connaît une forte croissance et elle repose sur des produits d’un profil analogue à notre gamme pour l’automobile. Cette acquisition n’est donc pas vectrice d’une diversification technologique, elle traduit en revanche une accélération de notre diversification sur le marché des équipements pour les industries de tous types », commente Christophe Clerc, vice-président exécutif finances du groupe Delfingen.

Ce pôle « industrie » représente aujourd’hui 15 % du chiffre d’affaires du groupe qui s'est élevé à 417,1 millions d’€ l’an dernier. « La trajectoire consisterait à porter sa part à un tiers d’ici à quelques années », énonce Christophe Clerc. « Sans diminuer l’activité dans l’automobile, au contraire », s’empresse-t-il de préciser.

 

Présence industrielle en Corée du Sud

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Par sa croissance organique et sa stratégie d'acquistions, Delfingen est devenu un leader mondial des protections des faisceaux électriques et des transferts de tubes pour fluides dans l'automobile.


Egalement dévoilée le 3 avril, la prise de contrôle totale du Sud-Coréen Ahn Chem  - Reiku, lui, faisant l’objet d’une prise de participation à 85 % - incarne une logique géographique classique. « Nous avons conclu à la nécessité d’aller au-delà de la présence commerciale en Corée du Sud en s’y dotant de capacités de production, sur un important marché automobile local », développe Christophe Clerc.

Ahn Chem concrétise cette ambition. Cette PME de 40 salariés apporte au groupe la fabrication sur place de gaines textiles et écrans thermiques de protections des faisceaux électriques, tubes et durites, soit des spécialités en phase avec son propre cœur d’activité, à l’origine d’un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’€ l’an dernier.

Sur la carte des usines Delfingen en Asie, Ahn Chem rejoint les six sites (trois rachetés et trois créés ex nihilo) répartis à raison de deux chacun en Inde, aux Philippines et en Chine. Ce continent concentre près de 15 % du chiffre d’affaires monde, derrière l’Europe-Afrique qui en procure la moitié, et le trio Etats-Unis-Canada-Mexique.

 

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Relativement modestes en taille si on les rapporte au total du groupe d’Anteuil (Doubs), ces acquisitions n’en apportent pas moins une contribution à la croissance globale du chiffre d’affaires que Delfingen entend confirmer dans la durée. Pour 2023, l’équipementier vise les 465 millions d’€, en intégrant l’effet Reiku et Ahn Chem.

Le montant marquerait un quasi-doublement de taille par rapport à l’avant-Covid, puisque le groupe se situait à 240 millions d’€ en 2019. L’année suivante, l’entrée dans son giron de son confrère Schlemmer a représenté à lui seul un supplément de quelque 100 millions d’€.

Retour amorcé à la croissance des résultats

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Christophe Clerc, vice-président exécutif finances du groupe, observe l'amélioration des résultats depuis plusieurs mois par l'effet de facteurs extérieurs et des efforts internes pour limiter la hausse des coûts.


Si les volumes suivent une pente ascendante (+ 15 % de chiffre d’affaires en 2022), le groupe poursuit  l’objectif de renouer aussi avec un tel parcours au niveau de ses résultats. Leurs différents indicateurs-clés se sont inscrits en baisse l’an dernier : - 11 % pour l’Ebitda (*) ramené à 40 millions d’€ (soit 9,6 % du CA contre 12,4 % en 2021), - 13 % pour le bénéfice opérationnel courant (21,1 millions d’€) et - 50 % pour le résultat net part du groupe (8,1 millions d’€). Le facteur déclencheur ne fai pas de doutes : la hausse généralisée des coûts.

L’amélioration a toutefois été « nette » au second semestre 2022, relève le groupe dans son communiqué sur ses résultats annuels. Et elle semble bien partie pour se poursuivre, selon Christophe Clerc. « Certaines catégories de coûts ont entamé leur détente : matières premières aux Etats-Unis (mais pas en Europe), transports, énergie hors Europe », observe le dirigeant.

Mais Delfingen lui-même y a pris part : « Nous enregistrons les premiers effets de nos propres efforts entrepris pour contenir la hausse des coûts », commente son vice-président exécutif. L’impitoyable univers automobile, avec sa difficulté à répercuter les surchauffes des factures auprès des constructeurs, ne pouvait pousser à faire autrement. 

Embauches et investissements au siège d’Anteuil 

Le bucolique fief de Delfingen à la lisière du Nord Franche-Comté n’est pas là pour faire joli dans un paysage mondialisé de 38 implantations dans 21 pays en Europe, Asie, Amérique et Afrique. Le groupe en confirme le rôle pivot. Cette année, il va en renforcer les effectifs (270 collaborateurs aujourd’hui) d’une vingtaine de nouveaux postes « dans la recherche-développement et les systèmes d’information », précise Christophe Clerc. Le site de production (protection de faisceaux et tubes pour transferts de fluides) bénéficie, quant à lui, d’investissements de modernisation à hauteur d’1,5 million d’€, aidés par France Relance. Les nouveaux équipements y sont attendus au second semestre. Anteuil n’augmentera pas ses effectifs mais participe avec les autres services sur plcel à « l’effort important sur l’apprentissage » dans lequel les dirigeants de Delfingen autour de Gérald Streit voient l’opportunité de conjuguer la réponse à des besoins internes avec la participation au développement du territoire. 


Photos fournies par l'entreprise.

(*) Excedent brut d'exploitation, ou précisément résultat net avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissements en traduction française d'Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization

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