L’inauguration hier 6 octobre, dans le Pays de Montbéliard, du centre d’expertise mondial en stockage d’hydrogène de Faurecia précède de deux ans l’implantation d’une unité de fabrication de réservoirs à hydrogène. Elle sera installée en extension de la nouvelle usine de systèmes d’échappement d'où l’équipementier automobile déménagera ses installations actuelles de Mandeure.

 

Un coupé de ruban… qui en annonce un autre : Faurecia a fait coup double hier 6 octobre à Bavans. Dans la petite commune du Doubs, le groupe d’équipement automobile a inauguré son centre d’expertise mondial en stockage d’hydrogène qui vient renforcer son site de R&D. Un investissement de 25 millions d'€. Sa direction générale en a profité pour dévoiler une autre décision positive pour le bassin d’emploi local : l’implantation d’une unité de fabrication de réservoirs à hydrogène à Allenjoie, sur la zone de Technoland 2.

Ce sera « pour fin 2023 », moyennant un investissement de 50 millions d’€, a précisé Patrick Koller, directeur général de Faurecia. 

Création d’emplois « il y a aura » mais son ampleur n’est pas encore fixée, ajoute le dirigeant. Cette unité se créera en fait en extension de la nouvelle usine Faurecia sur le parc Technoland 2 (voir encadré) dans laquelle le groupe déménagera, début 2022, ses lignes de systèmes d’échappement situées aujourd’hui à Beaulieu-Mandeure.

 

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La combinaison recherche-production va ainsi renforcer significativement le Nord Franche-Comté dans son statut de pôle mondial et pionnier de Faurecia pour le stockage de l’hydrogène. Le centre d’expertise de Bavans « est notre centre de gravité  [sur le sujet], celui à partir duquel nous allons déployer notre stratégie de la mobilité hydrogène, en Europe, puis en Chine et sans doute aux Etats-Unis », expose Patrick Koller.

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Fabrication d'un réservoir dans l'actuel centre de recherche de Faurecia dont le centre d'expertise vient gonfler les capacités. © Faurecia


Soixante ingénieurs et techniciens y planchent dans une discrétion exceptionnellement déflorée – et en partie seulement – pour les invités mardi.
Ainsi, un atelier-pilote de réservoirs travaille à perfectionner la mise au point de ceux-ci, notamment les coques de composite qui procurent la résistance à la pression.
Le process consomme de la fibre de carbone, matériau coûteux, qui devient dès lors une cible majeure des recherches et développements  de l’industriel : « Ils visent à réduire le coût de la fibre et la quantité utilisée – nous parvenons à une économie de 10 à 15 % par rapport à la concurrence –, et à optimiser le rapport entre le volume consommé et la pression », détaille Quentin Weymuller, responsable de recherche. Une étape prochaine ajoute la dimension écologique : mettre au point des fibres non à partir de ressources fossiles, mais de cellulose.


Objectif : diviser le coût des systèmes de stockage par quatre à l’horizon 2030

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Parmi les invités à l'inauguration du centre d’expertise mondial en stockage d’hydrogène de Faurecia, Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté

 

Sécurité, durabilité, recyclabilité, focalisation sur l’hydrogène « vert » (celui produit par l’électricité des énergies renouvelables et aussi nucléaire dans l’acception de Patrick Koller). Et aussi et surtout, diminution du coût pour rendre l’hydrogène compétitif forment la « feuille de route » de Faurecia pour le stockage de cette énergie. « Et c’est ici à Bavans qu’elle se déploie », souligne Nicolas d’Arco, directeur de la stratégie de la division « Zéro émission » du groupe.

Avec des résultats déjà probants, assure Faurecia. « Sept kilos stockés à 700 bars procurent une autonomie de 500 km à un SUV, pareil à 35 litres d’essence. A autonomie égale, notre système pèse 226 kilos contre 500 kg pour des batteries de moteur électrique, avec une recharge en quelques minutes », argumente Nicolas d’Arco.

 

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Faurecia vise la « division par quatre » du coût des systèmes de stockage à l’horizon 2030, lorsque ce marché approchera les 20 milliards d’€ et que 5 millions de véhicules rouleront avec une pile à combustible, selon ses prévisions. Ce seront alors des véhicules légers, et pas seulement les poids lourds, bus et véhicules utilitaires légers pour lesquels Faurecia s’est lancé dans la production, qui feront ce marché. 



Le Nord Franche-Comté en deviendra donc un offreur majeur, grâce à l’unité annoncée à Etupes. La bonne surprise faite par le groupe n’a pas manqué de réjouir Marie-Guite Dufay : la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté y voit le résultat d’une action « depuis 20 ans et pas seulement depuis quelques années » en faveur de la constitution d’un pôle mondial pour ce mode de propulsion.
Avec une pointe de malice, l’élue verrait bien le projet d’Etupes devenir l’un des premiers bénéficiaires du fonds que General Electric doit au titre du non-respect de ses engagements d’emplois à Belfort…, à une poignée de kilomètres de là.

 

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Un réservoir à hydrogène est fabriqué par enroulement de fibres de carbone. © Faurecia

 


L'usine d'échappement de Mandeure déménage sur Technoland 2

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Aperçu de la future usine d'échappement de 22.500 m2, sur Technoland 2, en prolongation de laquelle seront implantées les lignes de fabrication des réservoirs à hydrogène. © BEJ

Faurecia confirme donc le déménagement annoncé l’an dernier, de son usine de systèmes d’échappement pour l’automobile de Mandeure à Allenjoie, sur la zone de Technoland 2. Elle se rapprochera même de son principal client, PSA Sochaux et Mulhouse qui lui fournit 80% de son activité.
Le caractère inondable de l’usine actuelle étendue sur 96.000 m2 et la vétusté des bâtiments, entraîne cette opération immobilière de 25.000 m2 sur 7,7 ha. La fabrication des échappements occupera à elle seule 22.500 m2. Le reste de la surface accueillera la ligne de réservoirs à hydrogène, annoncée ce 6 octobre à l’occasion de l’inauguration du centre d’expertise mondial en stockage d’hydrogène à Bavans.
Pour réaliser cet investissement  immobilier de 30 millions d’€, une société de portage immobilier est constituée avec la SEM Pays de Montbéliard Immobilier d’Entreprise (PMIE), Batifranc, la Banque des Territoires, la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire  Bourgogne-Franche-Comté, le Crédit Agricole de Franche-Comté et Faurecia. La livraison du bâtiment à l'industriel est prévue pour l'été 2021.
Quant au site de Mandeure, il sera rétrocédé, une fois libéré des activités industrielles, à Pays de Montbéliard Agglomération pour 2 millions d’€. L’Etablissement Public Foncier du Doubs devrait servir d’intermédiaire, en portant le foncier. C.P.

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