DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE/JURA. Dans un contexte de forte concurrence territoriale et dans sa « chasse » aux entreprises, Dole veut profiter de sa situation géographique, « avantageuse » depuis l’édification de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté, selon les termes de Jean-Pascal Fichère, président du Grand Dole.
Dernièrement sur le tarmac de l'éaroport de Tavaux, la collectivité et l’association Made in Jura ont organisé « Are you made in Jura ? », une opération de promotion territoriale en donnant la parole aux chefs d’entreprise qui ont des projets dans leurs cartons. Panorama.

La sous-préfecture située à mi-chemin entre la capitale régionale, Dijon, et la seconde ville de la région, Besançon, et seule cité dotée d’un aéroport régional avec des lignes régulières, entend bien tirer son épingle du jeu. Pour y parvenir, l’agglomération du Grand Dole chargée du développement économique joue à fond la carte « made in Jura », marque territoriale facilement identifiable et doublement portée par le Conseil départemental et l’association de chefs d’entreprise Made in Jura. Toutes les activités économique et de loisirs qui peuvent incarner le territoire se retrouveront d’ailleurs en octobre (du 18 au 21) à Dolexpo dans une nouvelle édition du salon Made in Jura. Dernièrement près du tarmac de l’aéroport de Tavaux où l’aviation d’affaires est relancée avec la société VolDirect, les acteurs économiques institutionnels ont voulu démontrer leur pugnacité à soutenir les entreprises.
Tour d’horizon des projets.
• Cylindre s’installe sur la zone Innovia en août.

Implanté au Centre d’Activités Nouvelles depuis sa création en 2015, l’usineur s’installe en août dans les locaux qu’il se fait construire sur la zone Innovia, la dernière zone d’activités créée juste en face l’aéroport de Tavaux. La filiale du groupe suisse Dixi (également présent à Besançon avec Dixi Microtechniques) a atteint une phase de croissance telle que les ateliers de la pépinière ne suffisent plus. De 5 salariés au démarrage, l’effectif a grossi à 45 personnes. Le chiffre d’affaires a plus que doublé en 2017 à 3,2 millions d’€ et les prévisions en 2018 s’établissent entre 4 et 5 millions.
« Une progression fulgurante », commente son directeur Patrice Besançon, grâce au champ de ses savoir-faire : l’usinage de pièces par enlèvement de copeaux, par décolletage, tournage et fraisage pour les secteurs de l’aéronautique, du médical et de la défense. L’unité de production de 3.500 m2 représente un investissement de 3 millions d’€ (bâtiment et parc machines).
• Alpha Carbone démarre à Brévans une unité de recyclage des pneus usagés.

L’unité de vapo-thermolyse de la filiale d’Alpha Recyclage Franche-Comté installée à Brévans, dans l’agglomération de Dole, est opérationnelle depuis peu. Le collecteur de pneus usagés (20.000 tonnes par an) y développe la technologie de la vapo-thermolyse pour valoriser le caoutchouc des pneus usagés qu’il collecte. Le procédé a demandé plusieurs années de recherche au centre de R&D de Toulouse (le siège de l’entreprise) et motivé le dépôt de deux brevets. Avec l’usine construite sur le site de la plateforme de tri de Brevans, l’investissement s’élève à une dizaine de millions d’€. A plein régime, elle devrait employer une vingtaine de personnes.
Le procédé de vapo-thermolyse consiste à faire fondre les pneus à haute température afin d’en extraire trois éléments. Le gaz, condensé, entre dans la fabrication d’un combustible au pouvoir calorifique équivalent au fuel lourd. Le fer des armatures métalliques des pneus est plus classiquement revendu à des ferrailleurs. Le carbone extrait devient un substitut, sous forme liquide ou solide, du noir de carbone issu de l’industrie pétrolière et sert à fabriquer à nouveau du caoutchouc.
« Pour l’heure, pour des raisons réglementaires, la charge carbonée recyclée ne peut entrer dans la fabrication des pneus mais elle trouve de nombreuses applications dans l’industrie, pour ne citer que dans l’automobile, par exemple, les essuie-glaces et les joints de portières », explique Guillaume Pech, chargé de développement.
Ce procédé capable de valoriser près de 80% du carbone contenu dans les pneus complète l’activité de recyclage usuelle sous forme de broyats comme ressource énergétique des cimenteries.
Alpha Recyclage emploie 70 personnes dans l’Est (dont 38 dans le Jura) avec deux plateformes de collecte de pneus usagés, Dole et Nancy et un magasin de pneus d’occasion à Brognon, près de Dijon.

• Inoviaflow analyse les racines des plantes sans les arracher.

Le déménagement de la pépinière pour des locaux propres n’est pas encore d’actualité pour Inoviaflow, mais l’heure approche et Dole reste sa destination favorite. Ingénieur des process, Christophe Baussart commence à recueillir les fruits des recherches menées avec l’Inra (Institut national de recherche agronomique) de Dijon sur le phénotypage racinaire : « ça bouillonne bien », confie t-il.
La phase R&D touche à sa fin et les premières commandes arrivent : l’Inra de Dijon, co-développeur et partenaire des brevets, est l’un de ses premiers utilisateurs de l’enceinte de culture (scientifiquement baptisée rhizotron) qui permet de caractériser les plantes par leurs racines sans les arracher. Un outil informatique analyse l’interaction des racines avec les microganismes du sol à partir d'une image obtenue par des ondes lumineuses.
Les laboratoires de recherche agronomique, publics et privés, sont les cibles de la PME qui, en attendant l'aboutissement de ses recherches, a généré du chiffre d’affaires comme bureau d’études mécanique et électrique de lignes de production pour les industries agroalimentaires, chimiques et de la plasturgie. Une activité qu'elle poursuit.
• AFULudine dans les starting-blocks.

C’est officiel, l’inventeur du lubrifiant sans huile né au sein du laboratoire de chimie de l’Université de Franche-Comté à Besançon, s’installera à Dole en fin d’année. AFULudine prend possession d’ateliers à la pépinière du Centre d’activités nouvelles du Grand Dole.
Il y fabriquera son produit innovant qui sera distribué dans les grandes surfaces de bricolage avec un partenaire régional, Ardea. Fabrice Lallemant, chercheur comme ses deux associés, dit encore beaucoup découvrir du métier de chef d’entreprise et du milieu industriel qu’il espère bien convaincre d’adopter son innovation majeure en termes d’environnement. Son lubrifiant sans huile supprime l'étape de nettoyage dans les activités de découpage et d'emboutissage.
• Mahytec alimente les habitats isolés en hydrogène.

2018 est un tournant dans la vie de Mahytec devenue en dix ans une référence dans l’hydrogène. « Nous passons de la fin de développement de notre technologie au stade de la production », explique Pascal Robinet, l’un des trois fondateurs avec Dominique Perreux et Frédéric Thiébaud qui déploient depuis 10 ans toute leur énergie pour mettre au point un procédé de stockage de l’hydrogène.
L’expérimentation, concluante, du refuge du col du Palet dans le parc national de la Vanoise (Savoie) où sont installés depuis l’été 2015 un électrolyseur, une pile à combustible et un réservoir à hydrogène, conduit l’entreprise à explorer le marché des habitats isolés. L’énergie produite en continu est stockée pendant la période de fermeture du refuge puis distribuée sous forme d’électricité en saison d’ouverture.
Ce marché est l’une des voies principales explorées par l’entreprise devenue une SAS (24 salariés) en octobre 2017, suite à l’entrée d’investisseurs dans son capital. Pour le concepteur de réservoirs à hydrogène, dont la clé technologique était la capacité de stockage de l’hydrogène et sa résistance des réservoirs à la pression, il s’agit maintenant de démocratiser une énergie qui n’a pas encore trouvé son marché.
En 2017, l’entreprise a remporté un appel d’offres de 1,7 million d’€ auprès de la Région Bourgogne-Franche-Comté pour l’installation comme outil pédagogique, de stations d’alimentation des véhicules électriques dans cinq lycées.
Mahytec participe également le projet VHYCTOR qui consiste à développer des unités de production massive qui amenuiserait le coût de l’énergie, associées à un mode de distribution allégé pour le ravitaillement des véhicules.
• Une nouvelle plateforme logistique d’Intermarché pour les produits secs et les produits frais.
Jean-Pascal Fichère, le président du Grand Dole, a confirmé le choix de Rochefort-sur-Nenon, près de Dole, pour l’implantation d’une plateforme logistique XXL des magasins Intermarché.
ITM-Logistique, la filiale du distributeur, y exploite déjà un centre pour l’épicerie sèche qui emploie 250 personnes. La nouvelle plateforme d’une surface de 40.000 m2 va également accueillir les produits frais gérés jusqu'ici à Saint-Dié dans les Vosges.

• Ynsect recrute des experts en informatique industrielle.

Installé à la fois à Paris et à Dole, le producteur d’insectes pour l’alimentation animale recrute des experts en informatique industrielle, a confié Jean-Gabriel Levon, cofondateur.
Cette ingénierie supplémentaire vise à développer cette fois une installation industrielle à grande échelle, sur les bases de l’usine pilote implantée à Dole qui sert depuis un an à la fois de prototype et de vitrine pour le marché de l’alimentation des poissons l’élevage notamment. Ynsect y élève des scarabées de la famille des coléoptères (le Tenebrio) et les transforme en farine à haute valeur protéinique, et en huile riche en lipides pour l’alimentation des poissons d'élevage.
La start-up (75 salariés au centre de R&D d’Ivry - Essonne - et à Dole) préparerait une nouvelle levée de fonds après les précédents qui lui ont permis de réunir 35 millions d’€. Mais le le dirigeant reste discret sur le sujet, tout comme le lieu et les délais d’implantation de la future usine. Dole n'est pas à priori le lieu idéal car l'éleveur ayant besoin de résidus de céréales pour nourrir ses insectes cherche plutôt une zone céréalière.
Super interessant, je reste à l'affut de toute information émanant de votre news letter .. CDLT paule.nusa@afnor.org