MICROTECHNIQUES/FRANCHE-COMTÉ. Positionnée sur deux marchés de niche aussi exigeants l’un que l’autre, la filiale française du petit groupe suisse investit près de 5 millions d’€ dans de nouveaux bâtiments plus adaptés à leurs réglementations.
En croissance de 15% par an, l’entreprise implantée dans l'agglomération de Besançon est en train de concrétiser des négociations importantes dans l’armement et se prépare à un décollage à la verticale.
Elle prévoit 15 embauches d'ici 3 ans, des profils très qualifiés.

Ils sont cinquante salariés au total, dont une douzaine d’ingénieurs microtechniciens issus des filières locales, l’ENSMM (école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques) ou l’ISIFC (École d'ingénieurs en génie biomédical), mais aussi des prototypistes, des opérateurs d’assemblage et de test.
Dans l’ancienne usine horlogère Lip, dont le groupe suisse a acquis une petite partie des bâtiments en 1988 pour y installer sa nouvelle filiale microtechniques, Dixi Microtechniques mêle encore ses activités médicales et de défense. Mais plus pour très longtemps.
Dans les futurs locaux qu'elle occupera fin 2016 à Chaudefontaine, dans l'agglomération du Grand Besançon, où les travaux démarrent, l’entreprise bénéficiera de deux bâtiments distincts pour l’une et l’autre activité et devrait embaucher une quinzaine de personnes d’ici trois ans.
Car les perspectives sont bonnes : l’activité médicale poursuit sa croissance ; quant à la défense, deux très gros contrats – encore confidentiels – sont tout près d’être signés, en France et en Asie. Pour l’un comme pour l’autre de ces deux domaines hyper exigeants, pour lesquels Dixi a adopté depuis une dizaine d’années une stratégie de concepteur, les investissements étaient inévitables.
Seule filiale en France du groupe suisse

Ces deux domaines sont en apparence totalement opposés mais pas tant que cela, assure Jean-Pierre Darnis. « Ces activités a priori très éloignées ont en réalité des niveaux d’exigence relativement proches », explique le directeur général de Dixi Microtechniques.
« Dans les deux cas, les conditions de sécurité sont très serrées : nos éléments d’implants doivent rester dans le cerveau des patients pendant plusieurs semaines, donc notre produit doit être sans faille. Dans le secteur de la défense, nos produits permettant de gérer la sécurité pendant les phases logistique et d’utilisation, ils doivent eux aussi être d’une fiabilité maximale. »
Ces réglementations serrées qui les rapprochent sont évidemment différentes, et le bureau d’étude, unique à Palente, sera scindé en deux. L’autre point commun entre ces deux marchés et ces deux familles de produits, c’est évidemment le savoir-faire microtechnique, hérité de l’horlogerie.
C’est d’ailleurs autour des métiers de l’horlogerie et pour les besoins de cette industrie que s’est constitué le groupe suisse Dixi, dont l’origine remonte à 1904. Il compte aujourd’hui quatre filiales indépendantes rattachées à un holding détenu à 100% par la famille Castella, les trois autres étant implantées en Suisse.
Dixi Polytool, la plus importante, est spécialisée dans les outils de coupe ; Dixi Cylindres, dans le décolletage, et accessoirement fournisseur de la filiale bisontine ; Marska travaille dans l’air comprimé et le froid industriel. Au total, le groupe emploie environ 400 personnes.
Ingénieurs régulièrement au bloc

A Besançon, Dixi Microtechniques conçoit et développe des dispositifs médicaux invasifs pour la neurochirurgie et d’autres pour des éléments de sécurité pour des munitions. Concernant les premiers, l’entreprise est à l’origine d’une gamme de produits pour le traitement de l’épilepsie mise au point dans les années 1970 dans le cadre d’une procédure française, plus efficace et moins risquée que celle préconisée par les spécialistes américains, qui commencent finalement à s’y intéresser.
« Notre stratégie consiste à entretenir des liens très étroits avec les équipes chercheuses. Nos technico-commerciaux ou nos ingénieurs sont régulièrement au bloc, ils faut qu’ils voient les praticiens », explique Jean-Pierre Darnis. Aujourd’hui, les dispositifs médicaux de Dixi sont présents dans 28 pays et l’activité représente environ 30% d’un chiffre d’affaires de 7 millions d’€ (75% à l’export).
A propos des équipements de sécurité pour munitions et projectiles aux standards de l’Otan, Dixi fait valoir sa position de dernière entreprise française à offrir encore ses compétences issues du savoir-faire horloger. Les clients sont de grands donneurs d’ordre, des munitionnaires, voire parfois des Etats.
Les deux contrats en cours de signature, l’un en France, l’autre en Asie du Sud-Est, promettent une visibilité importante. A Chaudefontaine, l’outil de production sera adapté à la forte croissance attendue. La surface en salle blanche sera doublée et la surface totale passera de 1800 à 3000 m2.
Qui est Jean-Pierre Darnis ?
BTS d’automatisme en poche, Jean-Pierre Darnis est arrivé de son Sud-Ouest natal en 1979 pour travailler chez Sormel, une filiale de Yema dont Dixi avait racheté un département en 1988, et dont il était responsable de projet au bureau d’études. Un département comptant une quinzaine de salariés et développant des dispositifs de sécurité pour Matra, ainsi que des électrodes destinées à la chirurgie.
« C’était nos premiers pas dans le domaine du médical. Je pensais rester six mois mais ça fait 35 ans que je suis là », dit-il en souriant et avec un imperceptible accent chantant.
« Le métier m’a tout de suite passionné, et puis j’ai fondé ici une famille. » Après avoir occupé plusieurs postes à responsabilité dans l’entreprise et assuré la fonction de directeur du site à partir de 1998, Jean-Pierre Darnis a été nommé directeur général de Dixi Microtechniques en 2005.
Une fonction grâce à laquelle il a pu développer l’export et affiner sa stratégie, face à des concurrents beaucoup plus importants. « Le groupe a une vision stratégique à long terme et on est relativement autonomes », confie-t-il.
Photos fournies par l'entreprise.