EOLIEN. Après Céole reprise récemment par Pelican Venture , c'est au tour de Siag de changer de main.

Le rejet récent par le Sénat du texte sur la tarification progressive de l'énergie vient ajouter un torrent d'incertitudes au devenir d'un secteur, fragilisé par des investissements lourds et une réglementation nationale qui brime tout développement.

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Le 3 décembre, date de clôture de l'offre de cession, le fabricant de mâts d'éoliennes Siag, implanté depuis 2003 au Creusot (Saône-et-Loire), espère trouver une solution «franco-française».

«Il y a déjà plusieurs offres de reprise», indique une source proche du dossier.

Si elle le doit à une stagnation de son chiffre d'affaires de 22,4 millions d'€ en 2011 écorné par une perte proche de 10%, l'entreprise a souhaité, en demandant un redressement judiciaire, se dégager des ennuis de sa maison mère allemande Siag Schaaf Industrie AG.

Depuis mars dernier, celle-ci est elle-même en redressement judiciaire, conséquence de la reprise malheureuse d'un parc offshore dans la mer du Nord et d'un problème d'actionnariat familial.

La situation de Siag et Céole, fabricants de mâts d'éoliennes implantés en Bourgogne, illustre la fragilité d'un secteur industriel, bien au-delà des frontières.

Plusieurs opérateurs, et non des moindres, sont passés dans le rouge cette année, alors qu'ils affichaient encore des bénéfices l'année précédente.

N°1 mondial, le danois Vestas (*) vient d'annoncer la suppression de 3000 emplois en 2013. L'espagnol Gamesa réduit lui aussi la voilure en taillant dans 20% ses effectifs (environ 6000 salariés dans le monde aujourd'hui).

Alstom rencontre aussi des difficultés dans l'éolien alors que sa division thermique enregistre des commandes historiques.

Fabricants de composants et sous-traitants - Lire ici - subissent des dommages collatéraux. A l'instar de SKF (270 salariés) à Avallon (Yonne). Le fabricant de roulements (entre autres pour les éoliennes) a recours pour la seconde fois de l'année, au chômage partiel.

Une industrie qui navigue à vue

Alors qu'il caracolait avec des progressions de 20% par an, le marché mondial de l'éolien devrait reculer de 12% en volume.

Même la Chine va ralentir sa production l'an prochain.

Si des signes politiques forts sont attendus en France pour endiguer la chute «spectaculaire et brutale» dans les raccordements d’éoliennes - 195 mégawatts cette année contre 467 mégawatts en 2011 -, le problème est celui d'une industrie lourde encore émergente, propulsée à coûts de subventions et crédits d'impôts.

«C'est un secteur qui navigue à vue alors qu'il doit faire des investissements de production importants, amortissables sur 10 ou 15 ans», analyse Emmanuel Schuddinck, délégué général du cluster bourguignon Wind for Future.

Les professionnels attendent toujours «un assouplissement de la réglementation» en France.

Le syndicat des énergies renouvelables lire ici remettra le sujet sur le tapis, les 14 et 15 décembre, à Nantes, lieu certainement pas choisi au hasard.

(*) À qui Céole fournit ses mâts.

Crédit photo : Traces Ecrites et DR

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