MICROTECHNIQUES/BESANÇON. Mise à jour 8 octobre 2018. La double acquisition de Cryla.
L'industrie des microtechniques embauche et continue d'innover. Qu’ils soient usineurs, découpeurs, décolleteurs, fraiseurs, micro-injecteurs, etc., les exposants du salon Micronora qui s’est clôt vendredi 28 septembre à Besançon, affichaient presque tous des offres d’emploi, au côté de leurs dernières innovations prêtes à alimenter un carnet de commande déjà bien rempli.
Haltes dans les allées du salon.
• Mise à jour 8 octobre 2018. Cryla ne cesse de grossir avec une double acquisition.

A peine huit jours après le salon Micronora où elle était présente (voir ci-dessous), Cryla à Besançon (chiffre d'affaires de 9 millions d'€, 80 salariés) annonce l'acquisition de deux sociétés, Sérode à Pirey (Doubs), fabricant d’outillage de presse, découpeur et emboutisseur (chiffre d'affaires de 2,5 millions d'€, 25 salariés), et Lavoilotte (Puy-de-Dôme), spécialisée dans le découpage par coulisseaux multiples et le travail du fil métallique (chiffre d'affaires de 1,1 million d'€, 10 salariés). Cryla Group pèse désormais près de 13 millions d'€ de chiffre d'affaires.
« Cette double acquisition, parfaitement complémentaire aux activités historiques de Cryla Group, renforce ses compétences et étend la gamme de la branche découpage et son positionnement sur les marchés stratégiques de l’aéronautique, du médical, mais également de l’Industrie », commente Thierry Bisiaux, son président, dans un communiqué.
Le sous-traitant microtechnique de haute précision élargit ainsi son savoir-faire sur des épaisseurs de découpe de 20 µm à 6 mm et affiche l'ambition de devenir « leader européen sur le marché des composants et des ensembles micromécaniques intelligents d’ici 10 ans.» C.P.
• Vermot Automation, l’invité surprise de Cryla

A Micronora, la société de Valdahon (Doubs) présentait sa solution d’optimisation des outils de presses de découpe sur le stand de Cryla. Ce n’était nullement un hasard : Vermot Automation, 10 salariés, a développé « Mytoolconnect » pour l’entreprise bisontine de sous-traitance microtechnique dont le dirigeant avait très vite compris tout l’intérêt qu’il présentait. « Sur une échelle de vétusté de 1 à 5, la solution permet de connaître exactement l’état de ses outils », explique Jean-Marc Bourgon, le directeur général de Vermot Automation. « Et la grande nouveauté, c’est que les informations sont rendues disponibles immédiatement au client final, qui peut anticiper. Cette transparence rassure tout le monde. »
Cryla a servi de site pilote à la solution que Vermot Automation va maintenant proposer à tous les découpeurs de Franche-Comté. D’où cette présence, sur le salon Micronora, parrainée par le premier client de Mytoolconnect. « Nous avons eu également de très bons contacts avec des donneurs d’ordre qui peuvent ainsi connaître l’état de leurs outils, où qu’ils soient, puisque notre solution comporte une fonction de géolocalisation », confiait Jean-Marc Bourgon, enthousiaste, à quelques heures de la clôture du salon. M.C.
• L’usineur jurassien UCH a le sourire

Les quatre associés dirigeants d’UCH, un usineur de précision de Villard-Saint-Sauveur, près de Saint-Claude (Jura), repris par ses salariés en 2003 alors que l’entreprise était en liquidation, se sont succédés sur Micronora. Spécialisée dès sa création, dans les années 60, dans l’usinage de composants horlogers, l’entreprise s’est diversifiée dans la maroquinerie et l’énergie, et dans une moindre mesure dans la lunetterie et le médical.
UCH est plébiscitée par ses clients, notamment les assembleurs de l’horlogerie de luxe qui louent son savoir-faire. Elle compte aujourd’hui 40 salariés à Saint-Claude et 11 au Maroc, où elle a créée une filiale pour les tâches les plus manuelles, et « n’a pas vraiment de démarche commerciale, mais on fait deux salons par an : Micronora, à Besançon, et l’EPHJ, à Genève, pour rencontrer nos clients », expliquent ensemble Ahmed El Yamani et Olivier Lefaure, les deux associés présents sur le stand vendredi.
Alors, cette édition 2018 ? Tous deux ont le sourire. « L’entreprise va très bien, on fait 10% de croissance en moyenne par an, et les trois dernières années ont été particulièrement bonnes. Notre atout, c’est la technique et un gros savoir-faire malgré « l’aspirateur suisse » qui freine toujours le développement de la société. » Saint-Claude n’est pas loin de la frontière et ici aussi, on forme des techniciens qui bien souvent, un jour, décident de la franchir. M.C.

• ARS Métal affiche un premier semestre « très bon

Son métier, c’est refendeur. L’entreprise familiale que Christine Tillet codirige avec ses deux frères, découpe à froid des tôles de 1,50 mètre de largeur conditionnées en bobines, dans des formats à la demande. Les “ feuillards ” sont ensuite réenroulés pour être livrés à des découpeurs et des emboutisseurs qui les transforment en toutes sortes de pièces pour l’automobile, l’aéronautique, la connectique.
L’entreprise de 46 salariés dont le siège est à Châtillon-le-Duc, dans le Grand Besançon et qui possède une seconde unité de production à Saint-Maximin (Oise) travaille toutes sortes de métaux : acier inoxydable ou non, carbone, aluminium, cuivre, bronze, laiton etc. Depuis un an, une ligne de mise à plat ajoute un marché complémentaire, la découpe de plaques de métal.
Fidèle exposant de Micronora, ARS Métal dit ne manquer aucune édition de ce salon même en ces périodes de carnet de commande bien rempli – le premier semestre a été « très bon », précise Christine Tillet – parce qu’il incarne l’ADN de la région Franché-Comté, la région d'origine de la société que son père avait créée.
Ces quatre jours sont l’occasion de recevoir ses clients qui se situent aussi hors de nos frontières. L’Allemagne représente 15% d’un chiffre d’affaires de 25 millions d’€ en 2017, contracté à 60% auprès d’équipementiers de l’industrie automobile. C.P.

• Ardec Métal continue de grandir

Deux événements coïncident avec la participation assidue du petit groupe d’usinage et de décolletage de Champagnole (Jura) à Micronora, qui connaît actuellement une activité « très soutenue ». Les directeurs des neuf sites de production (*), ainsi que des cadres, ont repris la société sous la forme d’un LBO avec les partenaires minoritaires historiques : SGCP, Rhône-Alpes PME et Invest PME (Siparex).
Daniel Jacquet et Jean-Michel Médigue avaient racheté il y a une dizaine d’années Décolletage Jurassien (aussi connu sous le nom de Méca Jura) puis, par croissance externe, la taille du groupe a quadruplé pour atteindre 50 millions d’€ de chiffre d'affaires en 2017 avec 300 salariés. Sans compter Meca Forging, à Rioz (Haute-Saône), en lisière du Grand Besançon, fabricant d’ébauches créé il y a 2 ans, avec Camelin Décolletage Industries, de Besançon.
Le seconde nouvelle partagée avec les visiteurs de Micronora, est l’acquisition de Microtec, une société des Pyrénées-Atlantiques d'une soixantaine de salariés qui réalise 5 millions d’€ de chiffre d’affaires dans l’usinage et le fraisage de prothèses médicales essentiellement.
Une pierre de plus à la diversification des débouchés commerciaux et des compétences d’Ardec Métal qui embrassent une grande variété de métaux et de plastiques dans lesquels sont façonnées des pièces de quelques centaines de millimètres à plusieurs dizaines de centimètres pour de nombreux secteurs d’activités : automobile, connectique, fluides, plasturgie etc. C.P.
(*) Les sociétés groupe Arden Métal : Le Décolletage jurassien, Morel Décolletage, PréciJura, DBJ, Sésame, Grosperrin, Genet, MecaForging et Microtech.
• VP Plast reçoit un Micron d’or pour sa « poussière de pièce »

La pièce de VP Plast récompensée par un Micron d’Or – une récompense qui distingue des innovations présentées pour la première fois au salon Micronora – était exposée sous une loupe hyper grossissante. Précaution nécessaire : ce connecteur réalisé dans un polymère (PEEK) pour les transmissions satellites est « une poussière de pièce », décrit le PDG de l’entreprise, Frédéric Lamendin. Il ne mesure que 1,08 millimètre de diamètre.
De fait, on imagine aisément la technicité de cette réalisation, mais le plus difficile, explique Frédéric Lamendin, fut de réaliser un moule et tout l’outillage, lilliputien. « Il n’y a aucune intervention humaine dans le contrôle et l’emballage des pièces, toute la procédure est automatisée ; une prouesse », se félicite t-il. Le bureau d'études a mis 6 mois pour le mettre au point.
L’entreprise des Fins, près de Pontarlier (Doubs) que Frédéric Lamendin a créée en 1987 pour travailler pour le secteur de l’horlogerie, s’est fait une spécialité de la micro-injection, de la conception à la réalisation. Depuis, cinq sociétés se sont greffées autour pour diversifier les secteurs d’activité et les savoir-faire. Elles pèsent aujourd’hui 12 millions d’€ de chiffre d’affaires et emploie 85 salariés. Et embauchent des outilleurs. C.P.
Le spectacle de l’industrie 4.0

L’industrie 4.0, très bien, mais comment transposer cette belle idée concrètement dans les PME ? C’est à ce petit jeu que s’est prêté le Zoom de Micronora préparé par Michel Froelicher, son vice-président. Sa réponse tenait dans un cercle, comme une piste de cirque installée juste après l’entrée du salon, où il avait organisé une unité autonome de production, « un atelier standard avec des fonctions basiques », explique-t-il.
Comprenez de l’usinage mécanique, du contrôle, de l’impression 3D, du marquage laser et de l’assemblage. Avec sa solution Kactus, dont la particularité est de pouvoir piloter tous les robots de production, la start-up MC Robotics jouait les Monsieur Loyal et organisait le spectacle entre l’AGV de Staübli, en première sortie mondiale, l’imprimante 3D des Frenche Makers, le robot collaboratif d’ABB, le gravage par Laser Cheval… Joli coup. M.N.
