MONTRES/DOUBS. De l’audace, de l’innovation technologique, un pari sur la filière française et de nouvelles collections. Les horlogers comtois n’ont pas chômé pendant l’été.
Second épisode de l’actualité de la rentrée avec Utinam, la société horlogère devenue emblématique de Besançon et Routine, la dernière née qui est en train de crever le plafond de son financement participatif.
• Utinam accélère avec deux nouveaux lieux et une prouesse technologique.

En face du Musée du Temps, à deux vitrines de la boutique Utinam, où il vend ses montres et horloges contemporaines mais aussi des montres d’autres créateurs, Philippe Lebru prépare l’ouverture simultanée, prévue pour fin novembre, de l’atelier d’horlogerie et du concept store qui conforteront encore davantage son implantation stratégique au cœur de Besançon.
Mais pendant les travaux, l’activité d’Utinam continue. Le 26 septembre, sur le salon Micronora, le concepteur dévoilera le prototype d’une montre réalisée en fusion laser, c’est-à-dire en impression 3D inox, en collaboration avec le CFAI de Besançon, pour la machine, et l’entreprise Stainless, pour le matériau – Stainless étant implantée à Dannemarie-sur-Crête, dans le Grand Besançon.
« J’ai dessiné cette montre mécanique dont les formes particulières ne peuvent qu’être réalisées en impression 3D », explique-t-il pour faire monter le suspens.
De plus en plus souvent associée à l’horlogerie bisontine, la petite entreprise veut se donner les moyens de son développement et a accueilli la Chambre française de l’horlogerie à son capital en mai 2018, ainsi qu’une dizaine d’autres « actionnaires symboliques », selon Philippe Lebru, qui composent désormais son comité de pilotage. Après l’ouverture de l’atelier d’horlogerie et du concept store, autour de la thématique du temps, fin 2018, l’année 2019 sera consacrée au développement commercial.

• Routine ou le défi d’une nouvelle marque presque 100% française.

Routine, c’est la rencontre d’un produit et d’une éthique. Celle de Florian Chosson, jeune diplômé de l’école des Mines de Nancy qui n’envisageait pas de ne pas donner du sens à son travail et avait découvert que la filière horlogère française avait fondu pour devenir le sous-traitant privilégié des marques suisses.
Son projet de fabriquer la montre la plus française possible – au design signé Julien Avignon – est né de cette ambition de relocaliser la production horlogère dans l’Hexagone. Après 18 mois de défrichage et de dialogue avec des sous-traitants franc-comtois, essentiellement, il annonce 86% de production hexagonale (un des 14 fournisseurs détenant le brevet du mouvement étant suisse) et entre désormais dans la phase opérationnelle.
Lancé le 4 septembre, le financement participatif sur la plateforme Ulule a démarré mieux qu’il ne l’avait imaginé : en 24 heures, son objectif de financer la fabrication de 100 montres a été doublé. Hier 12 septembre en fin d’après-midi, il avait vendu 281 montres, frôlant son objectif de 300, « ce qui équivaut à un emploi dans la filière, logiquement en Franche-Comté », indique-t-il.
« Ce ratio est calculé en fonction du coût de revient, l’idée étant de proposer un produit de qualité à un prix le plus accessible possible. »
Quant à la relocalisation de la production, il en donne un premier exemple : c’est La Fabrique, à Morteau, spécialiste des aiguilles, qui assurera la fabrication des cadrans, dont la production avait disparu de l’Hexagone. « Les fabrications des deux produits sont assez proches et l’entreprise est d’accord pour essayer », assure Florian Chosson. La fabrication des montres Routine va démarrer en octobre pour une commercialisation début décembre. L’assemblage sera réalisé par NovoParts, à Sancey-le-Grand.
