NUMÉRIQUE/DIJON. Dans l’industrie agroalimentaire et l’agriculture, les nouvelles technologies n’en sont qu’au commencement.

Pendant deux jours, ce 2 novembre et demain, la Food Use Tech lève le voile à Dijon sur les usages du numérique pour les acteurs « de la fourche à la fourchette ».
Revue des innovations de quelques start-ups.

 

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Les six startupeurs sélectionnés en juillet par l’AcceleRise de Dijon pour suivre un programme intensif d’accompagnement, dont une partie exposent à la Food Use Tech.© Vitagora®

 

Les 2 et 3 novembre au palais des congrès de Dijon, en parallèle de la foire Internationale et gastronomique, une soixantaine de start-ups sont réunies autour des acteurs du secteur de l’agroalimentaire, « de la fourche à la fourchette » comme aiment le dire ses organisateurs.

 

La Food Use Tech invite agriculteurs, producteurs, distributeurs, PME et grands groupes de l’agroalimentaire, investisseurs à découvrir comment le numérique peut modifier leur façon de produire et de vendre.

 

Labellisé en juillet 2016 dans le cadre de la FrenchTech (*), l’écosystème thématique FoodTech développé à Dijon avec le pôle de compétitivité Vitagora®, tient un rendez-vous B to B (les professionnels rencontrent leurs clients et fournisseurs potentiels) doublé d’un salon B to C, afin de recueillir les avis des consommateurs sur les innovations de la soixantaine de start-up sprésentes.

 

Elles auront la visite du secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, ce jeudi après-midi. Le lendemain, il visitera Réseau Concept, gestionnaire de données numériques et installateur d’équipements de très haut débit pour l’entreprise à Dijon, et rencontrera les responsables de Territoires numériques Bourgogne-Franche-Comté (GIP e-Bourgogne-Franche-Comté) qui assiste les entreprises et les maîtres d’ouvrages publics dans la dématérialisation des achats.

 

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Selon Les Echos, la FoodUseTech sera aussi l’occasion pour Xavier Boidevezi, secrétaire national du réseau #FoodTech et directeur de l’Atelier digital du groupe SEB, d’annoncer le lancement d'une plate-forme ouverte en partenariat avec Orange pour développer et fédérer les assistants culinaires.

 

Une partie des start-ups de la #FoodTech sont guidées dans leurs problématiques de recherche de propriété intellectuelle et de financement par AcceleRise, un incubateur dédié piloté par Vitagora®.


Deux d’entre elles, Aveine, concepteur d'un décanteur connecté (voir ci-dessous) et Kuantom, pour son mixologue connecté dédié à la fabrication de cocktails, viennent d’être sélectionnées pour représenter la France à la finale du concours européen Food Nexus Startup Challenge qui se tiendra le 13 décembre à Wageningen (Pays-Bas).

 

Rencontres avec quelques unes de ces start-ups qui veulent révolutionner l'agriculture, la transformation et la distribution des produits alimentaires.

 

• Aveine accélère l’aération des vins.

 

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Ce décanteur accélère l'aération des vins. © Aveine.

 

La start-up de Nicolas Naigeon est pour l’instant domiciliée à Paris, mais ce petit fils de viticulteurs d’Aloxe-Corton (Côte-d’or) est en recherche active d’un pied à terre à Dijon pour développer la commercialisation de sa technologie de miniaturisation de l’aération des vins.

Avec l’Institut universitaire de la Vigne et du Vin de Dijon et un sommelier, cet ancien ophtalmologiste a mis au point un aérateur connecté (baptisé InVivo) qui permet de servir instantanément le vin à la température idéale.

Plus besoin de décanter le vin en carafe, parfois des heures durant… Un scan de l’étiquette de la bouteille renseigne une application connectée en bluetooth via un smartphone à un aérateur standard : vin blanc ou rouge, cépage, appellation, cru, millésime. L’algorithme calcule et règle la quantité d’air à faire pénétrer dans le liquide.

« Tout le monde peut ainsi déguster du vin dans les meilleures conditions », promet le fondateur de cette jeune pousse en juillet 2016. Depuis, l'équipe d'Aveine compte une douzaine de personnes, principalement pour la partie informatique, et a réalisé deux levées de fonds, d’un montant total de 1 milliion d'€ auprès de business angels et de Bpifrance.
La commercialisation a débuté au premier trimestre 2018, après le lancement du salon CES à Las Vegas. En dehors des amateurs, l’aérateur connecté vise les hôteliers et les restaurateurs.

 

• DeaVerde signale la présence de pesticides dans les cultures.

 

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Ce témoin qui ressemble à un nichoir à oiseaux émet un signal lumineux tant que le traitement en pesticides est actif. © DeaVerde.

 

Mario Rega n’est pas informaticien mais ingénieur en biologie. La préoccupation de l’environnement et de la santé l’ont conduit à imaginer un témoin de la présence de pesticides dans le milieu agricole.
L’exploitant agricole renseigne un logiciel (baptisé Notiphy) sur la nature du traitement par identification des molécules, la date de l’opération et la localisation de la parcelle. Ces informations sont communiquées par bluetooth à une boîte bourrée d’électronique, implantée au sein de la parcelle qui émet un signal lumineux tant que le traitement est actif.
Pour ne pas nuire au paysage, la balise - autonome pendant au moins une saison grâce à des piles classiques rechargeables - , prend la forme d’une petite maison en bois dont le design s’identifie au lieu où elle est implantée : un toit qui imitent les tuiles vernissées par exemple dans le vignoble bourguignon.
« Plutôt que d’entretenir des querelles sur les traitements phytosanitaires, il vaut mieux ouvrir le dialogue avec les riverains qui sont ainsi informés des risques présents dans les alentours », estime l’inventeur, cependant convaincu que de telles pratiques doivent être dépassées. Un système d’abonnement par mail ou SMS avertit le voisinage des dates de pulvérisation. L’outil participe aussi à la sécurité au travail des employés agricoles.
Trois témoins tests ont été installés dans des vignobles de Bourgogne, du Bordelais et de Champagne pour argumenter la commercialisation qui démarre.

 

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Installation aux Salaisons Antoine Sabatier (Dijon) qui couvre les besoins d’eau chaude, environ 8.000 litres par jour, pour le process et le nettoyage. Un investissement de 19.000 €, déduction faite des CCE qui représentent une aide d’environ 50%.

• Boostherm transforme le froid en chaleur.


Laurent Decaestecker avait transformé le froid en chaleur pour les producteurs de lait. Le dirigeant d’Ecolactis, à Messigny-et-Vantoux (Côte-d’Or), étend sa technologie brevetée baptisée Boostherm, à toutes les activités qui utilisent des chambres froides.

Le principe : utiliser la chaleur des compresseurs des groupes frigorifiques pour chauffer de l’eau, « à une température minimum de 55°C, quel que soit la température ambiante », via un échangeur relié à un ballon d’eau.

La restauration collective et l’agroalimentaire, gros consommateurs de froid comme d’eau sont les premières cibles, les premiers pour la plonge, les seconds pour le process de fabrication. Son idée fait des émules grâce aux certificats d’économie d’énergies (CEE ) accordés par l’Etat sous forme d’aides financières et financés par les fournisseurs d’énergie et de carburants, en échange d’actions génératrices d’économies.
Seul en France à récupérer la totalité de la chaleur générée par les compresseurs, assure Laurent Decaestecker, la technologie commence s’exporter en Europe (30% du chiffre d’affaires de 800.000 € en 2016). Son récent prix de la réalisation bas carbone aux RAC Cooling Industry Awards lui donne une première visibilité internationale.

 

• Novolyze créée une base de données de la sécurité alimentaire.

 

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Novolyze aide les entreprises agroalimentaires à assurer l’innocuité de leurs produits avec l’utilisation de germes modèles.  © Novolyze.

 

Novolyze introduit dans les lignes de production agroalimentaire des germes inoffensifs biologiquement proches des bactéries responsables de crises sanitaires – comme les salmonelles – et suit leur taux de destruction sur la chaîne de fabrication afin de déterminer les conditions de production optimales avec un risque pathogène sous contrôle.

Des algorithmes déterminent quels paramètres de traitement sont nécessaires à la destruction microbiologique des pathogènes afin d'assurer l’innocuité des produits fabriqués. A terme, il s’agit de créer une base de données de la sécurité alimentaire pour les équipementiers.
La biotech implantée à Dijon, a un très fort potentiel de croissance. Preuve en est son récent accueil jusqu'en février 2018 au sein du célèbre accélérateur Terra à San Francisco qui booste le développement des fleurons de l’innovation au niveau mondial.

Novolyze réalise en ce moment une levée de fonds sur la plateforme Anaxago qui a atteint à ce jour la moitié de son objectif de 1,5 million d’€. Karim-Franck Khinouche, son président, veut développer l’exportation dans un premier temps sur l'Europe, les États-Unis et l'Asie. Il engage aussi des recherches sur les produits frais, dans le cadre du programme de R&D "France AgriMer".

 

 

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(*) Lancée par le gouvernement Valls et boostée par l’actuel Premier ministre Edouard Philippe, la French Tech désigne tous ceux qui travaillent dans ou pour les start-ups françaises en France ou à l’étranger.

Les entrepreneurs en premier lieu, mais aussi les investisseurs, ingénieurs, designers, développeurs, grands groupes, associations, medias, opérateurs publics, instituts de recherche… (Source Wikipedia).
Les projets des start-ups peuvent être financés par le Programme d’investissements d’avenir (PIA), dont les opérateurs sont la Caisse des dépôts, Bpifrance et Business France.

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