La pose de la première pierre de la Cité des Vins et des Climats de Beaune, vendredi 12 mars, par le groupe de BTP Rougeot qui la bâtit, annonce une ouverture au public au plus tard à l’automne prochain pour la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune. Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), à l’initiative de ce projet, se donne l’objectif « prudent » de 300.000 visiteurs par an. Les projets privés qui y sont liés, un hôtel 5 étoiles et une halle de réception avec commerces, doivent ouvrir au même moment, ainsi que les « cités soeurs » de Mâcon et Chablis.
Cette fois, tout est en ordre de marche. La première pierre de la Cité des Vins et des Climats de Bourgogne à Beaune, dans le quartier du palais des congrès, a été posée vendredi 12 mars par le groupe de BTP Rougeot de Meursault qui la construit. En raison de la covid-19, le chantier n'a pu démarrer à l'été 2020. Les plus impatients espèrent aujourd'hui une ouverture pour l’été 2022, les autres pour la vente aux enchères des vins des hospices de Beaune en novembre. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut 18 mois de travaux pour bâtir ses 3.600 m2, avec au printemps de l’année prochaine, l’étape du chantier la plus spectaculaire : l’édification de la vrille en béton, symbole de l’architecture d’Emmanuelle Andréani qui rappelle la tige de la vigne s’enroulant autour du tuteur pour grandir.
Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), à l’initiative de ce projet, s’apprête à lancer le chantier des deux « cités soeurs », à Mâcon (Saône-et-Loire) où une cérémonie de la première pierre sera à son tour organisée, le 29 mars, puis à Chablis, dans l’Yonne, dont le permis de construire vient d'être accordé. Les professionnels du vin ont voulu ces trois lieux pour représenter l'ensemble du vignoble bourguignon, qui s’étend sur la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et l’Yonne.
Si dans ces deux départements, il s’agit d’une extension des maisons des vins existantes, à Beaune, c’est d’une création ex nihilo. Le projet porté la ville, contrairement aux deux autres dont se charge l’interprofession, est le plus ambitieux. L’attrait touristique de Beaune et l'étiquette de « capitale du vin de Bourgogne » qu’on lui attribue, lui vaut de bénéficier de ce totem. Destiné au grand public et aux amateurs, les cités des vins de Bourgogne ont l’ambition, selon François Labet, co-président du BIVB, de « faire de la Bourgogne, une région oenotouristique de référence. »
Objectif prudent de 300.000 visiteurs par an

Le périmètre du futur équipement se devine : l’entreprise bourguignonne Rougeot (chiffre d’affaires de 100 millions d’€, 580 collaborateurs) qui réalise le projet en conception-réalisation-maintenance (*), a préparé les fondations. L’architecte Emmanuelle Andreani l’a imaginé comme « un bâtiment paysage » : un espace muséographique sur la toiture duquel 380 ceps de vigne seront plantés s’étend sur 1.100 m2, au pied de la tour en forme de vrille qui grimpe à 23 mètres de hauteur, de l’accueil au rez-de-chaussée jusqu’à une terrasse panoramique sur le vignoble au loin, qui fait partie de la visite. Entreprise et architecte ont choisi une construction en grande partie biosourcée, utilisant le béton de chanvre dans une ossature bois pour les façades recouvertes en pierre de Bourgogne.

La scénographie de l’espace muséographique, réalisée par l’agence Alice dans les Villes, est maintenant calée. La visite, d’environ 1h30 à Beaune, sera organisée en 20 séquences thématiques et espaces de découvertes sensorielles, avec comme fil conducteur « le génie de la terre qui est aussi celui de l’homme. » Le parcours démarre par une leçon de géologie, les particularités de la terre des côtes viticoles de Bourgogne qui ont donné naissance à une mosaïque de « climats », chacun portant sa singularité et valut leur inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Ensuite, leçon de botanique : comment la plante tire profit de ces singularités ainsi que les cépages, les principaux étant le Pinot noir et le Chardonnay. Enfin, leçon d’oenologie : l’art de la vinification, les arômes et la diversité des appellations.
Des outils numériques (tables tactiles, vidéos animées, projections lumineuses, jeux interactifs) guident le visiteur dont on sollicite aussi les cinq sens. Best of des animations pédagogiques de l’Ecole des vins de l’interprofession – qui trouvera place dans les lieux – , une « cave à arômes » revisitée apprend par l’odorat les bases de la dégustation.
Ensuite, « le visiteur goûtera les vins pour lui faire comprendre la réalité du produit », selon François Labet qui tient à préciser que la visite des cités n’est pas une finalité en soi, mais bel et bien de « donner envie d’aller chez les vignerons. » Le même fil conducteur se retrouve dans les cités de Mâcon et de Chablis.


A un an et demi de l’ouverture, l’exploitation des cités se prépare. Elle sera sous la responsabilité d’une association dédiée dont Benoît Decharette, ancien co-gérant de la maison de négoce beaunoise Albert Bichot, vient d’être nommé président. Pour les trois cités, il avance le chiffres« prudent » de 300.000 visiteurs par an.
Les 14 hectares sur laquelle sera implantée la Cité des vins de Beaune laisse place à des équipements complémentaires qui composent une offre touristique, disponible au même moment. Les travaux de la halle événementielle où seront organisés des événements viticoles mais aussi des concerts, démarrent eux aussi.
La société lyonnaise AnaHome Immobilier est le promoteur de cet équipement de 1.200 places assises avec en prolongement 1.800 m2 dédiés au commerce du vin et des arts de la table. L’architecte de Bourg-en Bresse, Pierre Barillot, a eu pour mission de faire lui aussi un bâtiment paysage, avec un toit et des façades végétalisées « car on le verra du haut de la tour. » Les travaux démarrent au 4ème trimestre pour un durée d’un an.
L’opération comprend également un hôtel 5 étoiles de 75 chambres. Les investisseurs Michel Halimi et l'acteur Christophe Lambert ont signé, le jour de la pose de la première pierre, l’achat d’un terrain de 6.000 m2. Les travaux démarrent en juin.
Les Cités des vins représentent un investissement de 16,6 millions d’€ dont 10,5 millions HT pour la seule Cité de Beaune. Il provient à plus de 60% d’argent public : le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (4 millions), la ville de Beaune et son agglomération (4 millions) et le Conseil départemental de la Côte-d’Or (2,6 millions d’€) qui disposera d’un espace « Côte-d’Or » pour la promotion des productions et des savoir-faire locaux. Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) apporte 3,5 millions d’€. Des subventions sont attendues de l'Europe ainsi que la participation de mécènes.
L’hôtel ainsi que la halle événementielle représentent un investissement de l’ordre de 15 millions d’€ TTC.

(*) Les entreprises du projet de la Cité de Beaune : [SIZ’-IX] ARCHITECTES - Madame Emmanuelle Andreani ; ALICE DANS LES VILLES, pour la scénographie ; Groupe ROUGEOT, pour les travaux de gros et de second oeuvre ; Eiffage Energie Système, pour les lots techniques ; CSI (21) BET fluides ; Archimen BET électricité ; Batiserf BET structure ; Terre Eco BET QEB (Environnement) ; Setis (biodiversité) ; Génie Acoustique (acoustique) ; Iliade ; économiste ; CAD AT WORK pour ses compétences BIM et CLEVIA (Est & Centre est), exploitation maintenance.
Le potentiel touristique de la Côte-d'Or en suivant ce lien