Avec sa micro-entreprise Echappée Nature, Jean-Michel Barbier propose une randonnée à vélo électrique avec des haltes pour découvrir des producteurs locaux. Un exemple de produits touristiques mis en place dans le tout jeune Parc national de forêts, entre Haute-Marne et Côte-d’Or.

 
Rendez-vous est donné sur le parking de l’abbaye d’Auberive – à visiter absolument à l’occasion d’une autre escapade haut-marnaise ou le lendemain – pour une « échappée Terroir » à vélo dans le Parc national de forêt, le dernier né des parcs nationaux, situé à cheval sur la Haute-Marne et la Côte-d’Or.

Avec sa micro-entreprise Echappée Nature, Jean-Michel Barbier accompagne les touristes dans une rafraichissante « odyssée sensorielle », labellisée « Esprit Parc », la marque des parc nationaux. Comprenez un circuit guidé à la rencontre de petits producteurs en traversant forêts, prairies et villages. La sortie dure toute la journée, mais point besoin d’être un cycliste chevronné, une bonne forme physique suffit car les vélos sont électriques, de surcroit régionaux, ceux du lorrain Moustache Bike, d’un confort total.



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Une première halte en pleine forêt, à 7 km d’Auberive, à la « cabane du charbonnier », donne à Jean-Michel l’occasion d’une petite leçon de géographie et de géologie. La rivière qui prend sa source ici, à proximité du GR7, est l’Aube, l'un des principaux affluents de la Seine. « Nous sommes sur un plateau calcaire, celui de Langres, assis sur des marnes imperméables ; c’est un véritable château d’eau ; on y trouve aussi la source de la Seine, de la Marne, de la Meuse, et celle du principal affluent de la Saône, la Vingeanne », explique t-il à ses hôtes qui apprécient la fraîcheur du sous-bois.

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L'Aube, l'un des principaux affluents de la Seine, prend sa source dans la forêt d'Auberive, à proximité de Praslay. © Traces Ecrites

 

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La « cabane des charbonniers » a justement été construite là en 2007 dans le cadre d'un chantier de jeunes franco-roumains pour offrir aux randonneurs, une pause, et rappeler l’activité de jadis du charbon de bois. © Traces Ecrites



« Coeur » de parc et réserve intégrale

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Jean-Michel Barbier, accompagnateur de randonnées à vélo, présente aux cyclistes la carte du Parc national de forêts. © Traces Ecrites


C’est aussi le moment que Jean-Michel Barbier pour faire une brève présentation du seul parc national dédié à la forêt, sans lequel cet organisateur dijonnais de circuits cyclistes n’arpenterait pas si souvent les petites routes de Haute-Marne. Né en novembre 2019, le Parc national de forêt n’a encore guère eu le temps se faire connaître du grand public, brisé dans son élan par la crise sanitaire.

La forêt, à 89% des feuillus, principalement des hêtres, occupe près de 200.000 hectares sur plus d’une centaine communes. Le quart de sa surface forme le « coeur » du parc, une zone à 95% boisée à forte biodiversité dont les activités humaines sont réglementées, avec une certaine souplesse. Ce qui laisse espérer aux responsables du parc que la douzaine de tâches blanches sur la carte comme autant de communes refusant d’adhérer à la charte du parc, s’effacera l’an prochain à l’occasion d’une révision du périmètre.

La réserve intégrale autour d'Arc-en-Baroin et de Chateauvillain, plus au nord, est quant à elle, une zone interdite à l’activité humaine : sur 3.000 ha, on laisse la forêt faire son cycle de vie en libre évolution. La chasse y est proscrite, sauf régulation ponctuelle, et les promeneurs doivent rester sur les chemins.

 


D'un vallon à l’autre

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Le circuit emprunte des petites routes à travers forêts et prairies, et quelques chemins caillouteux. © Traces Ecrites


A nouveau en selle, le petit groupe poursuit son chemin sur des petites routes, la plupart goudronnées, où la circulation automobile se fait rare. Les cyclistes d’un jour s’étonnent de la qualité du patrimoine architectural des villages, avec leurs maisons en pierre calcaire au cachet rustique et leurs lavoirs fleuris.
« Depuis la création du parc national, de nombreuses maisons ont été rénovées, des Dijonnais notamment sont venus s’installer », raconte Jean-Michel Barbier. Certains pour y vivre toute l’année, comme Adeline Clément à  Prasley. Elle a créé « Coeur d’être »,  une activité de shiatsu, une méthode traditionnelle chinoise de relaxation en lien avec la nature. 
 

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Le parc national de forêts est traversé par trois vallées arrosées par de nombreuses rivières qui prennent leur source sur le plateau de Langres. © Traces Ecrites


Le temps passe. Le groupe crapahute d’un vallon à l’autre. A Vals des Tilles, il s’engage sur un chemin caillouteux à travers la forêt (secousses assurées !) jusqu’à un endroit improbable. Midi sonne, c’est l’heure du déjeuner pique-nique à l’Herberie de la Tille. Elsa Gautherot met à disposition des randonneurs une table ombragée et leur donne rendez-vous pour une visite digestive de son jardin d’aromatiques et de son atelier de tisanes (Lire encadré).

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Surprenant lavoir-bibliothèque dans la commune de Chalmessin. © Traces Ecrites


Le repas, c’est Eric Prodhon qui l’a apporté. Cuisinier retraité et désormais artiste, il s’est installé il y a six ans en Haute-Marne, « le pays de [ses] ancêtres. » A 5 km de chez Elsa, à Chalancey, avec L'Atelier des ondines, il gère une yourte, une chambre d’hôte et une galerie d’art, et prépare à la demande, des repas.

Le retour vers Auberive, prévoit une étape à la Maison des Biquettes à Clomier-le-Haut, avec dégustation de fromages de chèvre dans la cour de la ferme, après avoir suivi avec attention la visite guidée de la chèvrerie (Lire encadré). Les randonneurs auront parcouru 52,1 km avec un dénivelé de 335 mètres à 493 m en plusieurs sections. Plein les pattes !

L’Herberie de la Tille : « le pari d’être autonome et  de vivre professionnellement sur place »

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Elsa Gautherot propose des séjours de « déconnexion numérique » sur le site de son jardin d'aromatiques. © Traces Ecrites

Un choix de vie : c’est ce qu’a fait Elsa Gautherot lorsqu’elle racheté il y a deux ans, L’Herberie de la Tille dans le hameau de Villemervry, à Vals des Tilles, à l’ouest de la Haute-Marne, tout près de la Côte-d’Or. « Depuis toute petite, j’ai rêvé de vivre en plein nature », confie la jeune femme originaire de Dijon.
Pas d’eau courante – elle s’approvisionne dans une source et lorsqu’elle est tarie l’été, une citerne de 5.000 litres prend le relais ainsi qu’un récupérateur des eaux de pluie –, pas de raccordement au réseau d’électricité – mais un panneau solaire avec un transformateur de 200 volts et une batterie pour le stockage et, lorsque le soleil est trop timide, des bougies « une semaine chaque hiver, pas plus ». Pas de télévision ni Internet - tout de même un téléphone potable –, pas de réfrigérateur – mais un cellier et des menus au gré des courses – et en chauffage, un poêle à bois…
 « En m’installant ici, j’ai fait le pari d’être autonome et  de vivre professionnellement sur place », raconte t-elle. Et elle y réussit. Son fonds de commerce, ce sont des hébergements pour les touristes en mal de nature : un tipi et une roulotte ainsi que 3.000 m2 de plantes aromatiques qu’elle transforme en tisanes, vendues sur place et sur les marchés alentour.
Elsa est incollable sur les vertus et les utilisations des plantes lorsqu’elle fait visiter son jardin – une offre qu’elle fait aux touristes. Le plantin que les citadins chassent de leur pelouse est un cicatrisant efficace pour les morsures ; la sariette ? « excellente pour la digestion et contre les refroidissements hivernaux » ; le romarin ? « une source de jouvence » ; la consoude ? à ciseler dans une salade ; l’Achillée, à mettre directement sur une plaie etc.

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Elsa Gautherot cultive des plantes aromatiques destinées à la fabrication de tisanes. © Traces Ecrites

Le mariage des vertus et des goûts donne des mélanges pour les tisanes, une fois les plantes tranquillement séchées grâce à une ventilation naturelle, à l’abri du soleil. Pas question de les réduire en minuscules morceaux comme les tisanes du commerce : «  Conserver les plantes en brindilles limite l’oxydation et conserve mieux leurs propriétés », explique t-elle. La visite se termine par une dégustation, dehors, en écoutant les bruits de la nature.

 

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170 pensionnaires à la Maison des Biquettes

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L’entrée des visiteurs dans la chèvrerie de Marylène Dupaquier, à Colmier-le-Haut, près d’Auberive, est accueillie par un concert de bêlements. Elles sont 170 de race alpine dans cet élevage que la jeune femme a installé il y a cinq ans en reprenant une partie de l’exploitation ses parents.
Bientôt, elles prendront la clé des champs, comme tous les étés. Mais elles reviendront matin et soir à la salle de traite, une organisation millimétrée pour faire circuler les bêtes, juste le temps qu’il faut – quelques minutes –, dans les box où un réservoir de grains les maintient calmes. Une chèvre donne environ 2,5 litres de lait par jour.

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La Maison des piquettes produit 90.000 litres de lait, principalement vendus à une laiterie. Une partie est transformée sur place en fromages – frais nature et aromatisés ainsi que tommes – vendus à la ferme et dans quelques commerces alentour.
Le nourrissage des chèvres avec un mélange d’épeautre, d’orge et de pois de la ferme complété par du maïs, autorisent un label bio doublé depuis la création du Parc national de forêt, de la marque « Esprit Parc ».

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Photos @Traces Ecrites


Plus d’informations sur les randonnées, à vélo et à pied sur le site du Parc national de forêts.

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