Nuclear Valley, le pôle de compétitivité dédié à la filière nucléaire française, convie à des rendez-vous dématérialisés à partir d’aujourd’hui, jusqu’au vendredi 27 novembre (*) Pas moins 110 acheteurs vont assurer les rendez-vous durant cette quatrième édition, centrée cette année sur la relance. L’événement accueille 450 entreprises pour 750 participants. Photographies croisées de ce pôle et de sa filière, avec une explication des projets les plus marquants.

 

Que tous les écolos bobos, comme les purs et durs du temps jadis, ne nous tombent pas sur le râble. Le titre de cet article découle d’une interview conjointe d’Yves Chevillon, délégué régional d’EDF en Bourgogne-Franche-Comté, de Jean-François Debost et de Jean-Luc Allouche, tous deux du pôle de compétitivité Nuclear Valley.
Les trois hommes font référence à l’année 2050, date supposée butoir pour une neutralité carbone parfaitement éco-environnementale et sans recours à l’atome, évidemment. En attendant, l’énergie électrique nucléaire, l’une des moins polluantes en ce qu’elle ne contribue pas aux gaz à effet de serre, continue son bonhomme de chemin. Principe de réalité oblige.

 

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• Resituez-nous dans son environnement le pôle Nuclear Valley ?


Jean-François Debost : Le pôle a été créé en 2005, il s’appuie sur 10 collaborateurs et dispose d’un budget de 1,2 million d’€. Financé par les conseils régionaux de Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes, Nuclear Valley regroupe 273 adhérents dont 60 sont des PME-PMI. Pour en être membre, deux conditions sont impératives : avoir une activité en R&D et produire sur le territoire national.
Au départ, nous étions principalement focalisés sur la métallurgie. Depuis trois ans avec notre ouverture sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, nos projets de recherche relèvent également d’autres secteurs. Nous sommes une sorte de guichet unique et c’est ce que j’appelle la fertilisation croisée car ils peuvent irriguer d’autres filières.

 

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Changement d’outillage au sein de l’atelier mécanique de l'usine Framatome au Creusot. © Cyrille Dupont

 

• Quel bilan d’activité pouvez-vous dresser ?

J.-F.Debost : Nous revendiquons 250 projets labélisés, comme le réacteur numérique ou encore les vannes connectées. 140 ont à ce jour été financés et 40 autres sont en cours d’étude. Pour l’année en cours, le pôle a labélisé 25 projets d’un montant total de 50 millions d’€, dont 18 millions d’aides publiques.

 

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• Comment se répartissent en grande masse les 470 millions d’€ qu’hérite la filière nucléaire au titre du plan France Relance ?

J-F Debost : 100 millions d’€, financés à parité par l’Etat et EDF, renforcerons les fonds propres des entreprises, souvent sous capitalisées. 100 autres millions i-----ront à la modernisation des sites au développement de compétences techniques. La même somme favorisera le traitement des déchets. Et 170 millions seront voués à l’industrie du futur : production additive, métallurgie des poudres, petits réacteurs modulaires (dits SMR) pour ne citer que quelques développements à venir.

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La centrale nucléaire de Belleville sur les bords de Loire, face à la Nièvre, mais dans le Cher. © EDF

 

• Que se soit dans le nucléaire ou ailleurs, l’industrie peine à recruter les profils qui lui faut, que comptez-vous faire pour y remédier ?

Jean-Luc Allouche : Il est vrai qu’une entreprise comme Framatome à Chalon-sur-Saône et au Creusot a besoin d’embaucher 300 personnes par an, tant pour renouveler les générations qu’intégrer des compétences nouvelles.
C’est pourquoi, nous servirons de guichet unique au label national Campus des métiers, des formations et des qualifications à la filière nucléaire. Il concerne les formations de bac à bac+5 et balaiera un large spectre pour accompagner les acteurs.
Un observatoire centralisera les besoins exprimés à plus ou moins long terme et une trentaine d’acteurs de la formation y répondront, tels les IUT du Creusot ou de Chalon, tout comme l’Ensam de Cluny et l’Université de Bourgogne. Des discussions sont en cours avec l’UTBM à Belfort-Montbéliard.

 

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La filière nucléaire en France et en Bourgogne-Franche-Comté

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Opération d’oxycoupage chez Framatome au Creusot © Cyrille Dupont

Le chiffre d’affaires de la filière nucléaire atteint les 50 milliards d’€, dont 15 considérés comme de la création de valeur. Le territoire national accueille 19 centrales et 58 réacteurs actifs. 2.600 entreprises travaillent pour le secteur et emploie 220.000 personnes.
La région Bourgogne -Franche-Comté fédère 180 entreprises, dont 120 industrielles qui s’appuient sur un effectif de 12.200 collaborateurs. Berceau de la fabrication des composants lourds des centrales, l’entreprise Framatome (ex-Areva) en salarie à elle seule 2.300.

 

yveschevillonQuestion à Yves Chevillon : N’êtes-vous pas provocateur avec votre défense bec et ongles du nucléaire, sachant que la France veut en sortir ?

Pas du tout, car comment s’en priver aujourd’hui et à court terme, à moins de retourner aux lampes à huile et à la bougie... Maintenant, je pondère mon propos. EDF va démanteler la centrale de Fessenheim en Alsace et ses deux réacteurs. Cela va durer 15 ans. Sur 540 réacteurs en activité dans le monde, 13 sont en situation de démantèlement.
Mais considérez qu’aujourd’hui 87% de l’énergie consommée dans le monde provient de ressources fossiles.  Prenez aussi en compte que l’Inde veut se doter de 21 réacteurs supplémentaires à l’horizon 2030 et que la Chine avance à marche forcée pour que 15% de son électricité soit issue du nucléaire.
Tout cela pour dire qu’il faut recréer chez nous des compétences fortes dans ce domaine, tant pour aller sur la fission nucléaire (projet ITER), génératrice de zéro déchet, que sur l’accompagnement au démantèlement, avec par exemple la valorisation de métaux faiblement radioactifs.

(*) Pour y participer, suivez ce lien.

 


Qui sont Jean-François Debost et Jean-Luc Allouche ?

jfdebostLe premier dirige le pôle de compétitivité Nuclear Valley. Il a succédé à Bertrand Gauvain à partir de septembre 2017. Titulaire d’un diplôme d’école de commerce (EM Strasbourg et certification EM Lyon), ce Bressan d’origine, âgé de 46 ans, vient de l’industrie.
Directeur général adjoint du groupe ABMI, Jean-François Debost travaille déjà quatre années pour la filiale allemande, s’occupe ensuite du marché nucléaire chez cet industriel et devient le référent des ETI, pour la R&D, au comité stratégique de la filière.

jlalloucheJean-Luc Allouche, 63 ans, est de formation universitaire, diplômé en aéro-accoustique. Il devient déjà scientifique du contingent pour la construction navale. En 1992, il intègre comme enseignant en génie marin l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Marseille, un établissement consulaire qui, après la fusion d’autres écoles d’ingénieurs, donnera l’École Centrale de Marseille, pour laquelle il prendra le poste de directeur des relations avec les entreprises.
Retourné en chambre consulaire, il travaille sur le projet ITER (fusion nucléaire) et connaît à cette occasion le pôle de compétitivité Nuclear Valley, qu’il intègre en juillet 2016.

 

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1 commentaire(s) pour cet article
  1. Stéphane Lhommedit :

    Présenter les antinucléaires comme des "bobos" ou des "purs et durs" sert probablement d'écran de fumée pour ne pas reconnaître que le nucléaire de Bourgogne est l'industrie la plus décrédibilisée au monde (!) avec le scandale des milliers de pièces défectueuses produites dans les usines d'Areva et, en particulier, la fameuse cuve du réacteur EPR en construction infinie (déjà 12 ans de chantier au lieu de 4 prévus !) à Flamanville...

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