Pour pallier la part perdue des marchés de General Electric, le petit groupe métallurgique s’est tourné vers d'autres secteurs de l’énergie, l’aéronautique de défense ainsi que le sport automobile. De bons débuts, puisque la diversification représente d’ores et déjà 20 % d’un chiffre d’affaires remonté l’an dernier au niveau d’avant la crise de l’industrie des turbines à gaz. Croissance externe et nouveaux investissements sont au menu d’un nouvel horizon éclairci par des financements du plan de relance et du fonds Maugis.


« D’une fédération de PME, faire une ETI » : c’est la trajectoire que trace le groupe M-Plus de La-Chapelle-sous-Rougemont (Territoire de Belfort), par la voix de son président, François Cortinovis. L’ensemble de quatre sociétés (Mecaplus et Macplus à La Chapelle-sous-Rougemont, Toolstyle et Macplus Hungary en Hongrie) pour la fabrication de composants chaudronnés, soudés et usinés en aciers inox et superalliages à base de nickel et cobalt, se donne les moyens humains pour y parvenir.
Sa direction à quatre têtes s’est complétée d’une cinquième cet automne : Pierre Petitjean, venu de Metalis, a rejoint le management formé par François Cortinovis, Phillippe de Abreu, David Wojciechowski, et en Hongrie Casab Filip. Le parcours de Pierre Petitjean apporte une vision plus internationale et justement cette « expérience du pilotage d’une ETI », souligne-t-il.


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La nouvelle structuration du management poursuit trois objectifs : continuer la diversification engagée avec succès depuis trois ans, consolider la montée en gamme pour véhiculer vers l’extérieur l’image d’une entreprise innovante – ce qu’elle est assurément – et créer un socle sur lequel d’autres entreprises pourront se greffer, en clair, réaliser de la croissance externe. « La cible idéale serait une chaudronnerie située en France et dotée des expertises complémentaires de la nôtre », indique François Cortinovis.


Cette capacité à se projeter à l’avant témoigne d’une forte résilience… pas seulement celle aux hautes températures des aciers que les entreprises de M-Plus transforment. Le groupe a passé le cap de la Covid-19, mais plus encore celui de la stratégie changeante de son premier client : General Electric. Dès 2017, les dirigeants ont bien compris qu’il leur faudrait élargir le portefeuille de clients et de spécialités au-delà des turbines à gaz belfortaines du conglomérat américain. « Nous avons investi dans le lean manufacturing, l’innovation, la montée en compétences techniques pour identifier des marchés de niche mais porteurs », souligne François Cortinovis.




Devenir un acteur dans la filière comtoise de l’hydrogène

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Mplus engrange de nouveaux investissements à La Chapelle-sous-Rougemont, avec un coup de pouce significatif du Plan de relance gouvernemental et du fonds Maugis, ce dernier constitué d'indemnités de Genral Electric. © Traces Ecrites


La diversification s’est opérée selon deux paliers. D’abord à l’intérieur du – vaste - secteur de l’énergie, si bien que M-Plus intervient aussi aujourd’hui dans le nucléaire, la cryogénie (pour l’alsacien Cryostar notamment) ou encore les appareils sous pression.

Dans l’hydrogène, M-Plus compte bien devenir l’un des acteurs de la filière nord-franc-comtoise en cours de constitution. « Nous n’y sommes que des sous-traitants, nous travaillons à monter en puissance », souligne David Wojciechowski. Au-delà de l’énergie, le groupe de PME s’est invité dans le secteur de l’aéronautique de défense et dans celui du sport automobile : pour Peugeot Motorsport, il renforce et adapte la carrosserie des 208 aux exigences du rallye automobile pour en faire les 208 R 2.

La diversification représente d’ores et déjà 20 % d’un chiffre d’affaires situé l’an dernier à 32 millions d’€ : « Nous sommes revenus au niveau de 2017 », annonce François Cortinovis. Une performance puisque le chiffre d’affaires avait baissé de près de 8 millions d’€ en 2018, en pleine crise de l’industrie des turbines à gaz. Par la croissance externe et interne, M-Plus regarde à nouveau vers l’avant : il vise le seuil des 50 millions d’€ à l’horizon 2025.


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Pour se mettre dans les pas de General Electric, l'industriel s’était implanté en Hongrie, par rachat d’un opérateur local. Il y reste et continue à s’y développer en deux implantations d’un total de 80 salariés mais pas au détriment de La Chapelle-sous-Rougemont où il emploie 180 personnes, dont 50 ingénieurs et techniciens. « L’an dernier, nous avons procédé à 16 embauches au siège », souligne François Cortinovis. Au total, le groupe emploie 270 salariés. Une académie interne de formation en projet poursuivra prochainement le travail de montée en qualification des effectifs.


La Covid-19 n’a pas annulé les investissements. M-Plus a installé en fin d’année dernière à La-Chapelle-sous-Rougemont un tour fraiseur trois axes de grande capacité, avant l’arrivée en mars d’un ensemble combiné laser (découpage et formage). Cet équipement enclenche un nouveau programme d’investissements qui a reçu le soutien du plan de relance  gouvernemental à hauteur de 800.000 € et du fonds Maugis (*). Côté immobilier, une enveloppe de 1,3 million d’€ a été consacrée l’an dernier à l’extension de 1.200 m2 du bâtiment Macplus pour faire passer sa surface à 7.200 m2.

Cadres dirigeants aux commandes

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François Cortinovis, président (au centre), en compagnie de Philippe de Abreu (à sa droite) et  David Wojciechowski (à sa gauche). © Traces Ecrites

L’origine de M-Plus remonte à 1987 avec la création de Mecaplus dans l’usinage par François Didier. M-Plus s’est constitué progressivement, Macplus venant acquérir la société d’origine et apporter la compétence chaudronnerie-soudage en 2003. Il y a quatre ans, les quatre cadres dirigeants en ont pris le contrôle : François Cortinovis, Philippe de Abreu, David Wojciechowski et Csaba Filip en Hongrie (absent sur la photo). 
Lire à ce sujet l’article de Traces Ecrites News : Repris par ses cadres, le groupe métallurgique MPlus change de mains en douceur.
La reprise s’est opérée avec l’appui d’Invest PME (devenu UI Gestion), de la Banque Populaire Bourgogne-Franche-Comté, du Crédit agricole de Franche-Comté, de la Caisse d’épargne Bourgogne-Franche-Comté, du conseil régional, d’Aire urbaine investissement, du réseau Entreprendre et de Bpifrance.


 (*) Le fonds Maugis est constitué de 50 millions d’€, versés par General Electric en compensation des emplois qu’il n’a pas créés contrairement à ses intentions initiales, lorsqu’il a racheté la branche énergie d’Alstom. Présidé par Guy Maugis (d'où son nom), le comité de gestion du fonds a versé à ce jour 13 millions d’€ à cinq entreprises du nord Franche-Comté, dont M-Plus.

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