Le Carrefour des collectivités locales qui se déroule ces jeudi 10 octobre et vendredi 11 à Besançon se penche sur une question d’actualité : la ressource en eau. Des entreprises font montre d’imagination pour faciliter la gestion de l’eau potable.
Quasiment tous les territoires de l’hexagone ont été concernés cet été par un arrêté de restriction d’eau et certains le sont encore. Mais ici, dans le Doubs, où se déroule à Besançon Micropolis, ces jeudi 10 octobre et vendredi 11, le Carrefour des collectivités locales, le sujet est encore plus sensible qu’ailleurs.
Il y a quelques jours encore, le Doubs ne coulait plus au défilé d’Entre-Roche dans le haut-Doubs, pour la troisième fois depuis cet été. À la sécheresse, s’ajoute sur une grande partie du territoire franc-comtois, les inconvénients d’un sol karstique qui « aspire » l’eau dans les profondeurs et met à sec les rivières et les nappes phréatiques.
Aussi, le fil conducteur choisi pour l’édition 2019 de ce salon, par la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bourgogne-Franche-Comté et le cluster Eco Chantiers qui réunit collectivités territoriales et entreprises, est-il particulièrement d’actualité pour les visiteurs, élus et techniciens de collectivités locales, et les 125 exposants, acteurs et partenaires des travaux publics et du bâtiment.
Les organisateurs rappellent que près d'un quart de l’eau potable prélevée n’arrive pas jusqu’au consommateur à cause des fuites dans les réseaux, liées à leur vétusté. « Construits pour durer 80 ans, ils ne sont remplacés, en moyenne en France, qu’au bout de 167 ans ! », note Vincent Martin, le président de la FRTP.
Un milliard de mètres cubes d’eau retourne au milieu naturel, précise Hydreos, le pôle de compétitivité de la filière eau dans le Grand Est, qui présentera des innovations de ses adhérents pour améliorer le rendement des réseaux de distribution. Des capteurs et l'intelligence artificielle permettent de limiter les pertes en intervenant plus rapidement sur le patrimoine et d'en améliorer le rendement qui est en moyenne de 80% en France. Une photographie régionale sera faite par l'agence de l'eau Rhône Méditerranée-Corse.
Des logiciels anti-fuites

Pour inciter les maires et les responsables des syndicats des eaux à rénover leurs réseaux et en améliorer la gestion, les entreprises font montre d’imagination. « Nous sommes conscients que la rénovation des réseaux représente un énorme budget, sur plusieurs années, aussi il existe t-il des outils d’aide à la décision pour déterminer les chantiers prioritaires, les plus urgents », commente Marc Henriot, responsable d’agence chez Sopreco qui présentera l’un de ces outils lors des pitchs de l'innovation proposés par le cluster Eco Chantiers.
Cette PME qui a récemment déménagé son siège de Morteau à Valdahon, possède une agence à Colmar et bientôt une troisième à Nevers, a décelé cette difficulté dans son travail quotidien de contrôle des réseaux après travaux.
Dernière de ses innovations, la réalité augmentée permet de diagnostiquer l’état des réseaux – d’eau mais aussi de gaz et autres fluides – sans creuser une tranchée. « Le relevé des réseaux réalisé par GPS connecté à un logiciel rend possible la visualisation sur le terrain des réseaux en surbrillance sur l'écran d'une tablette. »
Gestionnaire du réseau d’eau et d’assainissement de Dole, dans le Jura, la société publique locale Doléa utilise un logiciel de pilotage de performance des réseaux. Cet outil de l’exploitant Suez qui détient ce marché jusqu’en 2023, lui permet de surveiller en temps réel l’état du réseau de distribution de l’eau potable, de surveiller les fuites et d’intervenir sur les urgences.
Le sujet de la gestion de l’eau se décline aussi en terme de ressource. Là aussi, une actualité interpelle fortement les maires. « Sécuriser la ressource en eau est un défi collectif qui passera à terme par l’interconnexion des réseaux, d’une part parce que la gouvernance intercommunale va s’imposer avec la loi Gemapi, mais aussi parce que la logique veut que l’on réfléchisse à l'échelle d’un bassin versant, les problèmes intervenant en amont ayant forcément un impact en aval » affirme Patrick Genre, président de l’Association des maires du Doubs.
Une trentaine d’ateliers et autant de pitches d’entreprises aborderont le sujet, sans omettre les solutions de financement. parmi elles, les « oubliés » selon le président de l’association des maires du Doubs, que sont les fonds européens Feder « qui ne sont pas utilisés. »
Le contrat de plan État-région, qui courait initialement de 2015 à 2020, a été prolongé jusqu’en 2022, laissant ainsi aux collectivités locales deux années supplémentaires pour présenter des projets. La pause habituelle des investissements, les années électorales [ élections municpales en 2020 ] ne sera pas de trop pour les affiner.

Pour étayer ce propos, Vincent Martin, le président du syndicat patronal cite le cas de son entreprise Roger Martin : « 90 postes sont ouverts depuis 6 mois, à tous les niveaux, Etam, cadres, ouvriers, et pas une candidature ! »
Pour promouvoir leurs métiers, les apprenants canalisateurs de l’école des TP qui forme du CAP à la Licence pro, seront la vedette de l’inauguration, jeudi 10 octobre à 10h30 en remplaçant le traditionnel coupé de ruban par la présentation d’un ouvrage collectif.