Un consortium de trois entreprises comtoises et une équipe universitaire de Belfort dévoilent une pile à hydrogène capable de fournir l’alimentation électrique de secours d’une baie de data center. Un premier pas concret vers des data centers moins polluants, qui met les partenaires en compétition avec géant mondial… Microsoft !


Ce mardi 16 mars, au FC Lab de Belfort, un consortium belfortain a levé le voile sur HyDATA, une alimentation électrique de secours à hydrogène destinée à remplacer les polluants groupes électrogènes diesel qui assurent cette fonction dans la plupart des centres de données.

Ce démonstrateur peut alimenter, pendant 48 heures, une baie informatique classique, qui consomme environ 5 kWh. Un second, capable de fournir de l'énergie à une baie haute densité de 20 kWh, devrait être présenté avant l’été. Ce nouveau modèle sera plus compact, et pourra être installé de manière autonome, à l’extérieur du data center Extendo, propriété de l’opérateur de télécom Trinaps associée à la société de services numériques EuroCFD, à Belfort.

 

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« Nous voulions nous attaquer à la problématique environnementale sous un angle concret, et valider des théories sur l’alimentation hydrogène du numérique », précise Fabien Hazebroucq, directeur des fonctions support chez Trinaps et spécialiste de l’ingénierie réseau dans le Grand Est.
L’opérateur de télécom est membre du consortium de développement, aux côtés de trois autres partenaires : l’Université de Franche-Comté avec l'Institut Femto-ST et l’unité de recherche FC Lab, et deux entreprises, H2SYS, concepteur de générateurs électriques à hydrogène à Belfort, et MaHytec, fabricant de réservoirs d’hydrogène à Dole (Jura).

 

Un démonstrateur pour estimer la viabilité économique d'une solution hydrogène

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HyDATA, le générateur à hydrogène comme alimentation de secours pour les data centers. © HyDATA

 

L’air de rien, le consortium belfortain se retrouve en compétition avec le géant Microsoft, qui a présenté, cet été, une alimentation hydrogène de 250 kWh. « C’est génial de penser que nous, les petits poucets du fin fond de la Franche-Comté, nous rivalisons avec Microsoft, même si c’est à une échelle moindre », sourit Fabien Hazebroucq. Le projet HyDATA, financé par Bpifrance, la Région Bourgogne-Franche-Comté et soutenu par le Pôle Véhicule du Futur (PVF), ne dépassera pas le stade du prototype, et se clôturera en fin d’année.

« Nous réaliserons une étude, en fin de projet, pour estimer la viabilité économique de notre solution, dans le cas d’une production de petite série. Nous ne serons pas moins cher qu’un groupe électrogène classique, mais ce produit pourrait intéresser les entrepreneurs éco-responsables », estime Fabien Hazebroucq.


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Remplacer les groupes électrogènes diesel par des unités hydrogène constitue une avancée environnementale, mais dont l’apport reste marginal. Par définition, les groupes de secours sont destinés à ne presque jamais fonctionner. Mais les concepteurs voient déjà plus loin, et rêvent d’un data center alimenté complètement en énergie verte.

Des panneaux solaires et des éoliennes seraient associés à un dispositif d’électrolyse de l’eau, qui produirait de l’hydrogène lors des pics de production électrique de ceux-ci. L’hydrogène produit pourrait ensuite être utilisé lorsque les systèmes de production renouvelables tournent mal.

Trinaps, de belles perspectives, malgré la Covid-19

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Le data-center que Trinaps a créé avec EuroCFD en 2019.©Trinaps

Opérateur télécom et spécialiste de l’ingénierie réseau, la SAS Trinaps, installée à Belfort, dessert essentiellement une clientèle d’entreprises, de Strasbourg à Dijon. Portée par la demande en fibre optique dédiée, son activité progresse avec un chiffre d’affaires 2020 s’établissant à 3 millions d’€ (2 millions en 2018).
« Notre résultat a été grevé par une activité dans l’événementiel fortement touchée par la crise sanitaire », note Fabien Hazebroucq, cofondateur avec Gauthier Douchet. La société, qui emploie 25 salariés, propose en effet des infrastructures informatiques pour des congrès ou de grands événements publics, comme les Eurockéennes de Belfort, qui ne peuvent se tenir en temps de pandémie.


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