FUSION DES RÉGIONS/ BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ. Après Marie-Guite Dufay, candidate PS aux prochaines élections régionales en Bourgogne et Franche-Comté, François Sauvadet, le chef de file UDI-Les Républicains était l’invité des Medef de Bourgogne et Franche-Comté ce mercredi 8 juillet.
Même exercice pour convaincre les milieux économiques durant un dîner-débat où l’actuel président du conseil départemental de la Côte-d’Or, à l’aise sur presque tous les dossiers, a manié l’humour, taclé sa principale adversaire et déclaré vouloir une mutualisation de certaines politiques avec les huit départements.

Le « Grand », comme le surnomme ses anciens confrères journalistes - François Sauvadet dépasse le mètre quatre-vingt-dix -, candidat UDI-Les Républicains à la présidence de la future grande région Bourgogne Franche-Comté, se sent tout de suite à l’aise dans le vaste salon de réception de l’Holiday Inn de Dijon.
A l’invitation des Medef des deux régions, une soixantaine de chefs d’entreprise sont réunis, ce mercredi 8 juillet en soirée, pour l’écouter exposer son programme économique comme l’avait fait une quinzaine de jours auparavant Marie-Guite Dufay, son adversaire socialiste.
Dans un discours liminaire, Jean-Luc Piton, président du Medef de Franche-Comté, a bien tenté de le décontenancer par quelques questions piquantes sur le non-cumul des mandats ou encore son refus de la réforme territoriale actuelle, l’élu bourguignon n’a rien esquivé pour embrayer dans la foulée sur les différentes politiques qu’il entend conduire en faveur des entreprises et en matière d’aménagement du territoire.
« Si je suis élu, j’abandonnerai mon mandat de député de Côte-d’Or, mais resterai conseiller départemental et quant à la réforme territoriale, elle a été faite dans la hâte sans en mesurer toutes les conséquences, mais maintenant il ne sert à rien de refaire l’histoire, plutôt trouver les chemins d’une organisation efficace. »

Le ton est donné sans polémique politicienne si ce n’est cette saillie envers Marie-Guite Dufay dont il estime la « gestion dépassée et la vision seulement administrée ». Ou cette autre grinçante à propos d’Alain Joyandet (Les Républicains), également ancien homme de presse et challenger malheureux pour la présidence : « nous ne faisions pas le même métier, il imprimait et moi j’écrivais. »
Les gisements d’économies
Le candidat de la droite démocratique - il exècre les extrêmes et tout particulièrement le Front National - souhaite une mutualisation des budgets avec les départements pour certaines actions. « 1,3 milliard de la région et 3 milliards des départements peuvent offrir un effet de levier à certaines politiques : le haut débit, les routes, les transports… »
Arrêtons-nous à ce propos sur le sort réservé à l’aéroport de Dole-Tavaux qu’il estime utile et peu importe que Bourguignons et Franc-comtois l’utilisent pour partir ailleurs. « A nous d’attirer des compagnies à bas coût qui fassent venir des étrangers. L’équipement est bien situé et nous ne le laisserons pas tomber, j’ai donné sur ce point toutes les assurances à Clément Pernot, le nouveau président du conseil départemental du Jura. »
Sur le même sujet, François Sauvadet trouve stupide d’avoir arrêté la liaison aérienne Dijon-Nevers, un mauvais signe, à ses yeux, envoyé à la Nièvre trop éloignée en temps de parcours de la future capitale régionale « qui sera Dijon ».

Une autre source d’économie porte sur les personnels territoriaux. Pas question de toucher aux 4000 administratifs affectés aux lycées, en revanche, le candidat juge pertinent, en cas de doublon et après concertation, d’imaginer pour les 1000 autres une affectation dans certains conseils départementaux à la recherche de personnel en raison des départs en retraite. La seule embauche qu’il consent concerne un directeur adjoint chargé de l’innovation.
Les emplois et les usines du futur
Les chefs d’entreprise l’attendaient sur ce terrain et interrogés à la suite de la rencontre, la plupart l’ont trouvé « plutôt bon ». « Il faut revoir tous les soutiens accordés aux acteurs économiques, le temps de traitement des dossiers est trop long et Bpifrance en région ne joue pas assez bien son rôle. »
Le postulant à la future grande région indique également que les crédits européens, notamment ceux du Feder et du FSE, ne sont pas assez mobilisés. « Je vais demander au député européen Arnaud Danjean de réfléchir à toutes les pistes d’amélioration. » Autre point sensible : les emplois. François Sauvadet, comme Jean-Pierre Soisson en son temps, veut de l’anticipation sur les besoins des entreprises.

« L’industrie du futur nécessitera d’autres compétences et que se soit pour la formation professionnelle ou l’apprentissage, nos compétences, il faut engager très vite une gestion prévisionnelle avec les pôles de compétitivité, l’université, les écoles d’ingénieurs, les grands groupes présents et leurs sous-traitants. »
Le catalogue est séduisant, reste à porter la bonne parole aux quatre coins du vaste territoire et de maîtriser parfaitement la géographie franc-comtoise en sachant situer sur une carte Septmoncel (le berceau des lapidaires), Quingey et ses moulins Peugeot, Lantenne-Vertière où est née la tuilerie Migeon ou encore Morvillars, patrie de la famille Viellard.
C’est sans doute à ce prix que dans quelques mois, ce fils d’agriculteur de 62 ans, pourra espérer présider la nouvelle région, sachant que la réciproque s’applique aussi à la candidate socialiste du côté de Glux-en-Glenne ou de Beurey-Bauguay.