Les besoins de recrutement en mainteneurs d’engins ferroviaires croît d’année en année alors que les formations sont insuffisantes pour y répondre. La filière de maintenance des engins de travaux ferroviaires prend à bras le corps cette problématique, en essayant de mutualiser ses actions de promotion. Un club RH a été créé à cet effet au sein de la grappe d’entreprises Mecateamcluster, sise à Montceau en Saône-et-Loire.
C’est toute une filière qui se saisit d’un sujet majeur pour elle, jusqu’ici traité entreprise par entreprise : les difficultés de recrutement de personnels de maintenance dans le secteur des engins de travaux ferroviaires. En 2019, plus de 15.000 projets de recrutement ont été recensés, pour la moitié des techniciens de maintenance.
Le 8 avril dernier, les responsables ressources humaines d’un panel large d’entreprises du secteur se sont réunis pour discuter d’un plan d’action afin d'améliorer l’attractivité de leurs métiers, sous l’égide de Mecateamcluster, la grappe d’entreprises de travaux ferroviaires installée à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Les plus grosses comme TSO, TEF, Eiffage Rail, Colas Rail, et des PME comme Novium et Métalliance, toutes les deux à Saint-Vallier, Matisa (Crissier, Suisse) ou encore Framafer (Béning-lès-Saint-Avold, Lorraine) ont pu échanger sur le sujet. Objectif ? Dépasser les habituelles rivalités concurrentielles, et mutualiser moyens et talents pour développer une approche ambitieuse du recrutement à l’échelle nationale.
« Cette première réunion, sur Zoom, a été l’occasion d’une prise de contact. Nous avons également pu écouter l’intervention du DRH de Safran, qui a rencontré, dans son domaine des difficultés de recrutement », précise Virginie Bonnin, en charge de la commission formation de Mecateamcluster. « Cette réunion nous a permis de dépasser les questions concurrentielles. Nous évoluons tous dans le même secteur, et nous cherchons largement les mêmes profils de mainteneurs. Mais nous ne pourrons avoir un impact fort que collectivement, en dépassant cette concurrence pour travailler tous dans le sens de l’attractivité de nos métiers », estime Cédrine Khier, DRH du constructeur d’engins Novium, à l’issue de cette première réunion.
La problématique n’épargne aucun entrepreneur : l’industrie peine à recruter, qu’il s’agisse de jeunes en formation initiale, ou de personnes en reconversion. La tendance s’avère plus lourde encore dans l’industrie spécialisée qu’est la maintenance des engins de travaux ferroviaires. Au sein de Mecateamcluster qui regroupe une centaine d'entreprises de travaux ferrovaires et leurs donneurs d'ordre, le sujet est depuis longtemps sur la table.
En 2020, le cluster a conduit la première vaste étude sur la problématique RH dans le secteur de la maintenance des engins de travaux ferroviaires. La convergence de facteurs contribuant à cette pénurie de main d’œuvre a conduit au lancement de ce club RH.
Recherche techniciens de maintenance et mécaniciens

D’un côté, les formations, peu nombreuses, sont insuffisantes pour répondre aux besoins. De l’autre, les besoins de recrutement croissent, du fait de l’évolution économique et réglementaire dans ce type précis d'activité. Européanisé et donc fortement concurrentiel, le secteur des engins de travaux ferroviaires exige une disponibilité maximale de son parc de machines, pour assurer la rentabilité de ses opérations. La maintenance, préventive et curative, s’avère donc cruciale.
« On forme environ 10.000 personnes à l’année à la maintenance, tous secteurs confondus. Les besoins sont très au-delà, et la demande croît à deux chiffres depuis 2016. En 2019, nous avons recensé 15.068 projets de recrutements, en hausse de 13,9 % par rapport à 2018. Le profil le plus recherché est celui de technicien de maintenance, pour 50 % des projets, suivi par le profil d’ouvrier spécialité mécanique », précise Jean-Jacques Enrich, fondateur gérant de Valouy Conseil, co-auteur de l’étude RH.
La demande est particulièrement aigüe pour les engins ferroviaires. L’ouverture à la concurrence du transport des voyageurs et ses directives de ce que l’on appelle le « 4e paquet ferroviaire 2014-2023 », oblige chaque engin circulant sur le réseau à être suivi par une Entité Chargée de Maintenance (ECM), ce qui renforce considérablement les besoins en mainteneurs.

La première réunion du club RH de Mecateamcluster n’ambitionnait pas de déboucher sur des actions immédiatement concrètes. Pourtant, sondés à l’aide d’outils numériques durant celle-ci, les participants se sont retrouvés sur un constat étonnant : ils ne parlaient pas le même langage, ne désignaient pas le même périmètre lorsqu’ils parlaient de tel ou tel poste.
« Si l’on prend l’exemple d’un technicien de maintenance, les missions envisagées, le périmètre du métier change selon les entreprises. Or, avant de mener des actions communes, il faut s’entendre sur ce que l’on désigne quand on cherche à recruter pour tel ou tel poste », note Cédrine Khier, DRH de Novium. Après ce travail de normalisation, le club RH s’attaquera à concevoir un kit de communication lors de sa prochaine réunion, fin juin prochain.