L’entreprise nivernaise « DAVI The Humanizers » crée des smartbots pour interagir avec les humains. Lauréate du concours I-Nov pour une application mobile pour les JO, elle a créé un agent virtuel qui accompagnera les visiteurs lors du rendez-vous sportif de cet été. Ses recherches l’amènent aussi à tester l’utilisation de voitures autonomes par des personnes âgées dans son département d'accueil.
ARTICLE DÉJÀ PUBLIÉ LE 19 MARS 2024. Non, vous n’êtes pas dans un film de science-fiction, mais bien dans la Nièvre à Varennes-Vauzelles face à des êtres virtuels dont les attitudes paraissent humaines. C’est là que l’entreprise « Davi The Humanizers » a installé son établissement secondaire. Fondée en l’an 2000 et présidée par Pascal Arbault, l’entreprise dont le siège social se situe à Puteaux en région parisienne a créé une plateforme d’intelligence artificielle. « Retorik », son nom, permet de générer des smartsbots qui comprennent le langage et les émotions humaines et se montrent capables d’interagir dans différents contextes. Cette activité s’organise sur plusieurs sites autour d’une trentaine de salariés, dont 15 dans la Nièvre.
La partie émotionnelle est la plus complexe à instaurer. L’entreprise y travaille depuis 2016 dans le groupement d’intérêt scientifique IthACA (interaction humain-agent conversationnel animé) qu'elle forme avec le Laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique (université de Paris-Saclay) et le CNRS. Ce travail de recherche passe par une analyse fine des comportements humains, souligne Pascal Arbault.« Nous observons ce qui se passe dans la réalité et nous travaillons par bio-mimétisme, en modélisant les phénomènes psychologiques des humains afin de les appliquer sur les robots. »
En 2020, DAVI a rejoint un autre groupement d’intérêt scientifique autour des systèmes cyber-physiques et de l’intelligence artificielle avec l’université de Bourgogne, l’école d’ingénieurs de Nevers ISAT (Institut supérieur de l’automobile et des transports) ainsi que le Laboratoire d’informatique de Bourgogne à Dijon. Le groupement mène une réflexion sur le langage naturel et le volet sémantique.
Du transport recréateur de lien pour personnes âgées

Mais ce n’est pas tout. La société travaille aussi sur un projet de véhicule autonome en milieu rural destiné plus particulièrement aux personnes âgées. L’outil pourrait changer la vie d'un public confronté à un isolement que génère le manque d'offre de transport. L’équipe de recherche s’est donc intéressée aux spécificités de la conduite en milieu rural : les petites routes, l’enneigement, mais aussi les caractéristiques des usagers. « Pour faire leurs courses, les personnes âgées ne veulent pas qu’un transport, elles attendent du lien social et affectif, elles veulent parler au chauffeur », analyse le dirigeant.
A défaut d’une personne physique, celui-ci souhaite créer un agent virtuel chauffeur de taxi : « il va accueillir les personnes qui montent à bord de ces véhicules, expliquer les trajets, à quelle heure elles vont arriver à leur rendez-vous etc », expose Pascal Arbault.
Un test a été effectué il y a quelques mois avec des personnes âgées dans un simulateur de voiture autonome. Face aux individus, une vidéo affiche les routes du Morvan pour simuler la conduite avec cet agent. « L’objectif était de recueillir leurs impressions, leurs craintes » précise un Pascal Arbault prêt à entrer dans le cerveau des papis-mamis.
Outil de formation dans les entreprises

DAVI a été labellisée Deeptech en 2022 et compte parmi les lauréates du concours national I-Nov pour une application spécifique de référence dans le cadre des prochains jeux olympiques. C’est donc Léa, agent virtuel polyglotte créée par l’entreprise, qui accompagnera les visiteurs cet été sur leur smartphone au cours de leur séjour pour des questions de transport, de programme et agenda à venir, de restauration, de visite de monuments, sans oublier les sorties en soirée. L’entreprise apprend à ses smartbots les « comportements congruents » : il s’agit de la partie émotionnelle.
À travers les paroles, la gestuelle et les comportements, les robots sont censés parvenir à adopter les attitudes adaptées face à leurs interlocuteurs. Pascal Arbault insiste sur ce point : « Il serait inconvenant que le robot éclate de rire si je viens de me faire voler mon portable. Au contraire, nous essayons de lui faire prendre l’attitude d’empathie qui s’impose ». Pour traduire en terme de posture l’émotion qu’ils détectent chez les humains, ils sont aussi équipés d’un moteur 3D.
DAVI a bien perçu le potentiel qu’ouvre l’intelligence artificielle, dans l’univers des ressources humaines d’entreprises aussi. Ainsi, elle a participé à la construction de l’usine virtuelle de formation des salariés dans le secteur automobile 4hfactory.tech du Pôle véhicule du futur. La PME travaille aussi, sur ces points, avec les centres commerciaux d'Auchan, avec la compagnie Brittany Ferries et la SNCF en gare de Paris-Montparnasse.
Le prix pour louer les services d’un agent digital varie en fonction du nombre de conversations : de 199 euros HT par mois pour 2.500 de tels échanges à 2.990 euros pour un million. Entre les financements à la recherche et les services vendus, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 2,3 millions d’euros en 2023.
Photos fournies par l'entreprise

















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