Tarek Bouzid a repris en février Mécadep, à Essert, près de Belfort. Après une période de transition avec l'ancien dirigeant, Serge Sonnet, il va s'attaquer aux difficultés de recrutement récurrentes et au développement commercial de cette entreprise de mécanique générale et de précision.
Le chemin qui a conduit Tarek Bouzid du salariat à la reprise d'entreprise a été long de plusieurs années. Directeur de la recherche et développement dans une grande entreprise de la région de Mâcon (Saône-et-Loire), il se sentait bien dans son emploi, avec des évolutions de carrière régulières. Mais la mobilité dont faisait preuve la plupart de ses collègues l'a amené à s'interroger sur son parcours.
Sans projet particulier, il s'est rendu au Salon des entrepreneurs de Lyon. C'est là qu'il a découvert une association de bénévoles qui forme à l'entrepreneuriat des cadres qui n'ont pas encore assumé de fonctions dirigeantes. Il se lance en mars-avril 2014 dans la formation de Création – Reprise d'Affaires (CRA) qu'elle dispense. « Des semaines bien copieuses, où nous avons rencontré des notaires, des experts-comptables, des banquiers, se souvient-il. J'étais le plus éloigné de la problématique de l'entreprise ; j'avais une avalanche de nouvelles informations. »
Mais la petite graine est plantée : il quitte son entreprise quelque temps après ce stage et commence sa recherche de société à reprendre. Il examine plusieurs dossiers qu'il ne retient pas, dont celui de Mécadep, entreprise de mécanique générale et de précision à Essert, près de Belfort, en raison de son éloignement de Mâcon. Nous sommes alors en 2016.
Les propositions se succèdent, qui sont autant de dossiers qui n'aboutissent pas. Et revient celui de Mecadep, en 2018. « Pourquoi pas », se dit cette fois Tarek Bouzid. Il lance donc une démarche de création – reprise d'entreprise et signe le rachat en février 2019 avec Serge Sonnet, son fondateur qui partait à la retraite. Le Réseau Entreprendre Franche-Comté est séduit par son projet : il est lauréat de la dernière promotion, ce qui l'aide à gagner la confiance des banques.
Un développement par les compétences

© Pierre-Yves Ratti.
Le chiffre d'affaires est stable (de l'ordre de 2 millions d’€), mais la PME de 15 salariés (douze personnes à l’atelier, un directeur commercial et opérationnel, une comptable et le gérant) demeure confrontée depuis plusieurs années à une pénurie de compétences. Comme son prédécesseur, Tarek Bouzid attribue cette difficulté à la concurrence du marché du travail suisse. Il cherche toujours des tourneurs-fraiseurs confirmés.
« Mais en Suisse, beaucoup sont malheureux, estime le nouveau chef d'entreprise. Ils sont attirés par les salaires, mais sont sous employés, confinés dans des tâches ingrates et n'apprennent pas grand-chose. Beaucoup reviennent, mais ont loupé une bonne dizaine d'années de formation par la confrontation à diverses problématiques dans leur travail quotidien. »
Dans un premier temps, le dirigeant s’emploie à lutter contre l'absentéisme et fidéliser le personnel. Préalable incontournable pour stabiliser la capacité de production et sécuriser les délais de livraison. Suivra un travail de prospection. Car, forte de sa réputation et de sa fiabilité, l'entreprise vit sur les appels entrants. « Nous sommes tributaires de quelques gros clients. Il faut que nous diversifions la clientèle en libérant notre force commerciale et en faisant plus de travail en direction de l'extérieur », analyse Tarek Bouzid.
Son ambition est de faire de Mécadep une entreprise reconnue pour les pièces techniques et à façon, ultra-précises. Côté investissement, les marges de manœuvre sont pour l'instant étroites, le temps d'absorber l'endettement lié au rachat. Mais Tarek Bouzid estime qu’il améliore la productivité en réajustant certaines machines de son parc, plutôt que de lancer des investissements coûteux.
Pour l'exercice qui vient de débuter, son objectif est de faire progresser le chiffre d'affaires à 2,3 ou 2,4 millions d’€. En conséquence, il vient de recruter un tourneur et recherche deux fraiseurs.
