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AGROALIMENTAIRE. Placée en redressement judiciaire le 28 octobre 2014, la Chocolaterie de Bourgogne, implantée à Dijon, devrait normalement trouver un nouveau repreneur, faute de plan continuation possible.

L’audience du tribunal de commerce du vendredi 30 janvier a vu se dessiner un trio de prétendants avec pour meneur, le fonds d’investissement hollandais Varova qui possède entre autres le groupe Nordeon, fabricant de lampes et luminaires, bien connu en Bourgogne pour avoir racheté à Philips ses usines de Chalon-sur-Saône et Dijon.

Réponse judiciaire à la mi-février.

 

Philippe de Jarcy n’a réussi son pari de redresser seul la barre de la Chocolaterie de Bourgogne (environ 60 millions d’€ de chiffre d’affaires, moins de 300 salariés). Le repreneur de l’ancien site Barry Callebaut en décembre 2012, avec deux associés : Jim Forman et Eugen Betz, a connu un trou d’air ces derniers mois le conduisant au dépôt de bilan, avec placement en redressement judiciaire le 28 octobre dernier.

 

On pourrait gloser à l’envi sur les raisons d’une telle défaillance : manque de fonds propres, difficultés progressives de trésorerie, lenteur des référencements auprès des grands distributeurs, diversification plus longue que prévue pour lancer des produits propres, dont la gamme « Prestige de Bourgogne », coût inflationniste de la fève de cacao…

 

Peu importe, l’homme a essayé, s’est battu et en tirera sans doute auprès de lui-même et de ses collaborateurs une analyse bien plus pertinente que celles de tous les donneurs de leçons.

 

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Vue aérienne du site de la Chocolaterie de Bourgogne.

 

Joint par téléphone, il n’a pas souhaité faire de commentaires. « Comprenez que dans la situation actuelle, je fasse valoir un droit de réserve pour ne pénaliser en rien la solution qui émergera. Je l’espère toutefois rapide, car aucun de nos clients ne nous fait pour l’instant faux bond, même si nous tournons au ralenti », indique Philippe de Jarcy.

 

L’avenir consiste maintenant de savoir si l’entreprise peut rebondir et demeurer l’un des emblèmes économiques de la capitale bourguignonne : sa renommée remonte à l'entre deux guerres, aux chocolats Lanvin et leurs fameux escargots de Bourgogne et sous le règne de Nestlé, dans les années 1990, les effectifs atteignent le millier.

 

Le tribunal de commerce avait reçu trois offres de reprise distinctes, celle du Français Meod (*), une autre du Ghanéen Plot et une dernière de deux fonds d’investissement néerlandais, Varova et Nimbus. À son audience du vendredi 30 janvier, Meod n’a pas donné suite pour laisser le champ libre à une nouvelle proposition.

 

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Plus d'une centaine d’emplois menacés

 

Selon nos sources, Varova, avec son compatriote Nimbus, s’associerait à l’Africain Plot et à un régional de l’étape, Arnaud Sabatier, charcutier industriel à la tête d'un petit groupe familial qui porte son nom.

Qui sont-ils ?

 

Varova est bien connu dans les milieux économiques bourguignons pour exploiter en France avec Nordeon, fabricant de lampes et luminaires (en pleine reconversion industrielle dans la LED), les anciennes usines Philips Ligthing de Chalon-sur-Saône et Dijon. Basé à Utrecht aux Pays-Bas, son portefeuille de participations est très diversifié dans l’industrie et le secteur de la confiserie ne lui est pas inconnu.

 

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Siège du fonds d'investissement Varova à Utrech (Pays-Bas). Capture d'écran du site Internet de l'entreprise.

 

En 2008, il reprend aux côtés de Nimbus le fabricant de bonbons nordiste Lamy Lutti en vertigineuse perte de vitesse. Revendue quatre ans plus tard au distributeur allemand Katjes Fassin, avec l’appui de la banque régionale Finorpa, l’entreprise qui a beaucoup investi dans de nouveaux produits est aujourd’hui en pleine santé (111,6 millions d’€ de chiffre d’affaires en 2013, 884,400 € de résultat net).

 

« Ce sont des investisseurs sur le long terme et très compétents », assure un interlocuteur qui les connaît très bien et souhaite conserver l’anonymat. Le Ghanéen Plot a, de son côté, des intérêts en Côte-d’Ivoire et à Dubaï. Dans son pays, il a fait construire une usine de transformation de cacao pour différents débouchés : gâteaux, poudre, beurre, liqueur...

 

Quant au groupe Salaisons Sabatier, il fédère après différentes croissances externes, outre l’entreprise d'origine Les Salaisons Dijonnaises : Dussert à Arleuf (Nièvre), dernier fabricant de jambon sec du Morvan, Les Terrines du Morvan (pâtés et plats cuisinés) à Onlay (Nièvre), ainsi que Jambon de Bourgogne à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), fabricant de jambon persillé et la fabrication de hamburgers acquise auprès du Sarthois Bahier.

 

Reste un point noir de taille : l’avenir du personnel. Selon notre confrère du Bien Public, « plus de 110 emplois seraient menacés sur un peu moins de 300 ». La CGT, syndicat majoritaire dans l’entreprise, est farouchement opposé à tout plan social.

 

Ses délégués estiment que le projet présenté au tribunal nécessitera : « plus de personnel que ce qui est envisagé, ne serait-ce que pour que les conditions d’hygiène et de sécurité puissent être respectées ». Décision finale, a priori le 17 février.

 

(*) Lu sur le site Internet de Meod : « le développement industriel se fait (..) dans le cadre de reprises d'entreprises (en RJ ou in-bonis) en plan de continuation, avec entrée au capital ou en cession ».

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