Quand l’immeuble de bureau standard à Dijon sera t-il intelligent dans la capitale la Bourgogne-Franche-Comté ? À l’occasion de la présentation, vendredi 21 février, du bilan 2019 de l’observatoire de l’immobilier d’entreprise en Côte-d’Or, IMDEX – une initiative de la CCI 21 –, les ingénieurs du bâtiment et du numérique ont mis en garde les promoteurs immobiliers régionaux sur l’évolution de l’offre à construire.


Thierry Bièvre qui a pensé la tour Elithis en 2009 et construit depuis un bâtiment de neuf étages, « dix fois moins énergivore que la règlementation thermique (RT) 2012 », et Benoît Vervandier, le dirigeant du bureau d’études Archimen qui pratique le BIM (Building Information Modeling) depuis 2002 « dans tous [ses] projets », deux précurseurs du bâtiment intelligent à Dijon, se sentent bien seuls.
Les immeubles de bureaux dans la capitale régionale demeurent d’un grand classicisme, certes dans les clous des dernières réglementations thermiques lorsqu’ils sont neufs, mais le numérique n’a pas encore fait son entrée dans les immeubles. À peine, si les professionnels de l’immobilier utilisent une maquette numérique pour les chantiers. Alors lorsqu’il s’agit de prévoir une gestion technique du bâtiment (GTB) pour gérer l’énergie ou plus encore, apporter des services aux occupants, cela révèle du futurisme.

 

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Pour rappel, le BIM plus connu sous le nom de maquette numérique 3D se situe à plusieurs niveaux. En phase de conception et de chantier, une base de données commune apporte le même niveau d’information à tous intervenants (architectes, fabricants, fournisseurs et constructeurs) et permet d’interagir rapidement lorsqu’une modification intervient.
En phase d’exploitation du bâtiment, l’occupant peut contrôler sa consommation d’énergie et adapter tous les paramètres de ses locaux (éclairage, température, contrôle d’accès etc.) à ses propres usages et créer de nouveaux services pour les employés. Comme ceux décrits par Alexandre Fund, le gérant de Tévolys, jeune société numérique dijonnaise qui remplace post-it, formulaires d’échange et coup de fil au sein de l’entreprise par un moteur d’intelligence artificielle qui interagit avec les employés.



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« La connectivité d’un bâtiment n’est pas encore un critère de choix, mais elle le deviendra très vite », prévient Benoît Vervandier. « Le prévoir, c’est éviter une adaptation qui sera très coûteuse. » Alexandre Fund qui l’appelle le « 4ème fluide » confirme que faire un bâtiment interopérable permet de plugger des services à moindre coût. L’idée reçue du surcoût induit par la technologie est balayée d’un coup de main par Thierry Bièvre : « Le démonstrateur qu’est la tour Elithis n’a pas couté plus cher à construire et est moins cher à exploiter que tout autre bâtiment. »
Le secteur du bâtiment est pourtant demandeur. Frédéric Demongeot, président de la Fédération départementale du bâtiment de Côte-d’Or, a souhaité que des petits projets puissent être réalisés sur la place de Dijon pour que les entreprises locales réalisent leur révolution numérique. « Comment les entrepreneurs peuvent-ils se former si les nouvelles technologies n’ont pas encore de marché localement ? »

locauxactivité
80% de l’offre en immobilier tertiaire et industriel est située à Dijon, confirme l'observatoire de l’immobilier d’entreprise en Côte-d’Or, IMDEX, réalisé par la CCI de Côte-d'Or avec les promoteurs Arthur Lyod, BNP Paribas Real Estate, CBRE Impact, Cushman & Wakefield, Noeva Immobilier et Voisin Immobilier d'Entreprise. À lire prochainement sur Traces Ecrites News.
La carte montre la localisation des locaux d'activités en Côte-d'Or, concentrés sur l'agglomération de Dijon. © IMDEX/CCI 21
Clivage ruralité-métropole

L’assistance a interpellé les promoteurs immobiliers, sur un tout autre sujet : la capacité des territoires situés dans la grande périphérie de Dijon à accueillir des investissements immobiliers pour l’industrie et l’artisanat. « Pourquoi ne vous intéressez-vous pas à l’offre foncière à une vingtaine de kilomètres de Dijon ? », s’est interrogé Jean-François Brigand, vice-président de la Communauté de communes de la Vallée de la Tille et de l’Ignon, au moment où les promoteurs disaient regretter que les petites entreprises rechignent sur l’offre de petites surfaces (300-400 m2) de l’agglomération, parce qu’elles sont désormais en copropriété, sous la forme de villages d’entreprises, modèle plus compact en raison de la rareté du foncier. « Il y aura une saturation dans l’agglomération à court terme pour des questions de prix », ont voulu rassurer les promoteurs.
Mais le sang de Pascal Grapin, vice-président de la Communauté de Communes de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges, n’a fait qu’un tour quand les promoteurs ont exposé les opportunités dans le domaine de la logistique qui s’éloignent des villes car gourmandes en foncier. « Nous en avons déjà trop et ce n’est pas ma vision de l’aménagement du territoire de transférer la logistique avec toutes les nuisances induites à la campagne et de concentrer les autres activités en ville. »

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