VINS/BOURGOGNE Tous les deux ans, durant une semaine, acheteurs et prescripteurs du monde entier se pressent en Bourgogne pour découvrir les derniers millésimes qui sont ou seront mis en vente.
Un salon des vins à la forme originale, qui se déroule dans les domaines, de Chablis à ceux du Mâconnais, en passant par les Côtes chalonnaise, de Nuits et de Beaune avec cette année, plus d'un millier de dégustations partagées, selon l'organisateur, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) par 2.300 personnes.
La 14ème édition de cette opération baptisée Les Grands Jours de Bourgogne qui s'est achevée samedi 16 mars, confirme que le secteur a recouvré la santé, avec volume et belle qualité.
• L’Union des Maisons des vins de Grande Bourgogne : un millésime 2017 « exceptionnel » et des exportations record.

La remarque faisait presque l’unanimité chez les négociants des vins de Bourgogne qui organisaient leur traditionnelle soirée VIP jeudi 15 mars, dans le cadre des Grands Jours de Bourgogne : « Dommage que l’on donne à déguster le millésime 2015, nous n’en avons plus ou presque plus à vendre », regrettaient plusieurs d’entre eux.
Ainsi va la vie des vins de Bourgogne, avec une alternance d’années maigres et généreuses. 2015 était une vendange normale (1,464 000 hl à comparer à 1,509 000 hl en 2017, qualifiée de généreuse), mais aurait dû l’être davantage pour reconstituer les stocks après plusieurs piètres récoltes (Lire ici).
Anne Parent, gérante du domaine qui porte son nom à Pommard n’avait plus qu’une cuvée de Corton blanc, plus de rouge ; Le domaine Roche de Bellène à Beaune, plus qu’un Griotte Chambertin ; Amaury Devillard du Château de Chamirey à Mercurey, avait apporté deux Jéroboam d’Echezeaux, seuls vestiges de sa récolte 2015. Malgré tout, les dégustateurs avaient de quoi satisfaire leur curiosité : une quarantaine d’échantillons de ce « millésime presque parfait ».
La dégustation s’est déroulée au fil du labyrinthe des caves et dans la cuverie du Domaine du Clos Frantin à Nuits-Saint-Georges, une belle propriété du 18ème siècle de la Maison Albert Bichot que dirige Albéric Bichot.
L’Union des Maisons des vins de Grande Bourgogne (40 entreprises, chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’€) a décidé de troquer le traditionnel banquet au Château de Clos de Vougeot contre un buffet dans l’entreprise de l’un de adhérents.
Une initiative appréciée confortée par des mets préparés par Eric Pras, chef étoilé Michelin du restaurant Lameloise et élaborés par la Maison Dansard, également en Saône-et-Loire, avec l’ambiance musicale du jeune trio Jazz By Three.
Bonne santé : ainsi se résument les dernières nouvelles des vins de Bourgogne : un millésime 2017 « exceptionnel » en volume comme en perspective de qualité et des exportations record (environ 1 milliard d’€).
En espérant, soulignait Frédéric Drouhin, le président de l’Union, que les vins ne soient pas victimes de la politique douanière de Donald Trump.
Tous les opérateurs ont retrouvé de l’activité et, signe d’optimisme, on replante des vignes, en Crémant, dans le Chablisien… Seul bémol à ce discours positif : le représentant des négociants espère que la nouvelle appellation Vins de France, sans indication géographique (IG) ne détourne l’image des bourgognes. « Il faudrait délimiter des périmètres sans IG », suggère t-il. A suivre.
• Marsannay-la-Côte fête ses 30 ans en attendant ses premiers crus.

Les vignerons de Marsannay-la-Côte ont à coeur de donner une visibilité à leur vignoble qui s'étend sur environ 250 hectares aux portes sud de Dijon, sur les communes de Marsannay-la-Côte, Couchey et Chenôve. En cette année de 30ème anniversaire, l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) poursuit son lent cheminement vers un classement en premier cru que l'ODG (Organisme de Défense et de Gestion) espère voir aboutir en 2021.
« Nous sommes pas loin du but », s’est réjoui son président Bernard Bouvier, vendredi 16 mars à la 6ème édition de la Paulée des vignerons - Petite soeur de la Paulée de Meursault -. Le classement en premier cru concernerait 20 à 30 % du vignoble et 16 lieux-dits.
Il serait un bel aboutissement de l’amélioration, ces vingt dernières années, de la qualité de ces vins longtemps transformés en rosés et considérés comme mineurs à côté de leurs voisins de la Côte de Nuits-saint-Georges, dont ils sont pourtant le point de départ géographique.
Les rosés représentent aujourd’hui moins d’un tiers de la surface viticole, détrônés par les blancs (environ 40%), et les rouges (plus de 170 ha) ont pris, avec l’application et l’expérience des vignerons, un niveau de qualité reconnu des amateurs.

• Le millésime 2019 du Clos de la Commaraine vinifié sur place.

Voilà moins d’un an qu’ils se sont installés en Bourgogne. Mark Nunnelly et Denise Dupré ont racheté en 2017 le Château de la Commaraine à Pommard (Côte-d’Or), le Domaine Belleville à Rully, dans la Côte Chalonnaise (Saône-et-Loire) et la société de négoce Le Manoir Murisaltien-Demessey à Meursault (Côte-d’Or).
A l’occasion des Grands Jours de Bourgogne, Jean-Luc Vitoux, directeur général du Domaine de Belleville et Isabelle Laurand, vinificatrice ont fait découvrir les premiers flacons de leur activité de négoce, des millésimes 2016 de Chambolle-Musigny, Gevrey-Chamertin, Clos Vougeot, etc. Et donné les dernières nouvelles de l’ambitieux projet de transformation du Château de la Commaraine en hôtel 5 étoiles.
Jean-Luc Vitoux espère démarrer le chantier en 2020. L’architecte a été choisi : ce sera Frédéric Didier, réputé pour la restauration des bâtiments anciens et monuments historiques. « Pour l’instant, son travail consiste à évaluer la capacité d’accueil en chambres, et la qualité du bâtiment qui restera dans son jus », explique le fondé de pouvoir du couple américain.
Les nouveaux propriétaires feront également revivre l’activité viticole avec l’exploitation du Clos de la Commaraine, 3,75 hectares en appellation Pommard 1er cru dont ils feront la première vendange cette année.
Depuis l’arrêt de l’activité par la famille Jaboulet-Vercherre, les raisins étaient vendus au négoce ; ils seront à nouveau transformés sur place, certainement pour le millésime 2019, le temps de rénover la cuverie attenante au château. « Il y aura une interaction entre l’hôtel et la cuverie », promet Jean-Luc Vitoux qui fait le pari d’un oenotourisme haut de gamme.
• Le Off des Grands jours chez les adeptes du vin dit “naturel”.

Une foule bruyante et impatiente s’est pressée mardi 13 mars dans la cuverie de la Maison Pacalet à Beaune. Pour ce "Off des Grands Jours” (hors programme officiel du BIVB), le maître des lieux en était la vedette. Difficile d’approcher le tonneau où en famille, Philippe Pacalet faisait goûter ses vins aux prescripteurs (cavistes, importateurs, journalistes), nombreux à vouloir découvrir les vins de cet adepte du « vin naturel », qui vinifie en grappes entières et sans soufre.
Des viticulteurs épousant la même philosophie l’accompagnaient : Jean-Yves Bizot et Claire Naudin, Pablo Chevrot, Antoine Olivier, etc. et, l’élaborateur de whiskies implanté depuis une trentaine d’années à Bouze-lès-Beaune, la Maison Michel Couvreur. Pour faire ses “single malt”, Cyril Deschamps, le gérant de cette petite entreprise de trois salariés, raconte qu’il s’enquiert d’abord à trouver les fûts qui ont déjà vieilli un vin et dont les arômes restant ancrés dans le bois donneront leur particularité au whisky.

Soyons sérieux ! Selon le magazine "Que Choisir" et son enquête sur les pesticides, si les règles et normes de toxicité étaient appliquées aux vins, 90% de la production française serait interdite. A cela, les sulfites s'ajoutent après culture. En effet, il y a 300 fois plus de résidus de pesticides dans le vin que dans l’eau potable laquelle est pourtant réglementée. Concernant les vins, il n’y a aucune limite maximale de résidus (LMR), ce qui est dérogatoire et malhonnête. En passant 92 vins issus de différentes régions viticoles françaises au crible, le magazine a en effet détecté des résidus de pesticides (ou des traces) dans 100% des échantillons. C’est l’omerta, y compris au niveau de l’Etat. La Fnab (Fédération Nationale d'Agriculture Biologique) réclame donc la mise en place d’une limite maximale de résidus pour le vin. Mais encore, il y aura-t-il une enquête sur la présence de produits interdits dans les vins du type Mouton Cadet, et sur la filière d’approvisionnement comme pour le champagne par exemple ?