HORLOGERIE/DOUBS. Spécialiste de productique devenu horloger, Mustapha Lamrabet a créé un petit groupe franco-suisse qu’il dirige depuis Sancey-le-Grand, sur le plateau horloger, dans le haut-Doubs, où la production vient de démarrer.
NovoParts, la filiale française, qui emploie déjà 16 personnes, travaille notamment sur un mouvement manufacturé pour Lip, mais aussi sur ses propres mouvements.

 

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NovoParts est la filiale française de l'entreprise suisse NovoWatch créée par un Franc-comtois.

 

La société a été créée à Sancey-le-Grand (Doubs) en 2015 mais la production n’a véritablement démarré qu’en avril 2017. Entre-temps, Mustapha Lamrabet a fait le tour des financeurs pour réunir les 5 millions d’€ qui lui ont permis d’équiper les locaux de Sancey-le-Grand achetés sur fonds propres - une ancienne brosserie qui emploie encore deux personnes dans une partie du bâtiment. Invest PME a pris 15% du capital et des banques sont venues en renfort.


NovoParts emploie aujourd’hui 16 personnes et son carnet de commandes déjà bien rempli annonce un chiffre d’affaires 2017-2018 de 2,5 millions d’€, assure son dirigeant.

 

C’est la deuxième entreprise horlogère que crée Mustapha Lamrabet, un Franc-comtois de Valdahon, entre Besançon et Pontarlier. Une deuxième entreprise conçue comme une déclinaison française de la première, NovoWatch, lancée en 2013 à la Chaux-de-Fonds, en Suisse.


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« Les clients français de NovoWatch comme Péquignet, Lip ou encore Dodane nous demandaient de nous installer en France. Je me suis penché sur l’idée, sur la partie fiscale, j’ai fait des études de marché. Je suis Français et être pionnier du retour de l’horlogerie moyen et haut de gamme en France me parlait. »


Les locaux de Sancey offrent 2.200 m2 de surface et, pour la situation, constituent un bon compromis : « ni trop près ni trop loin de la Suisse, et à 15 minutes de l’autoroute », poursuit le dirigeant. « J’avais toujours dit que, pour de grosses productions, je lancerais une entité différente. Ici c’est l’occasion et le moment est venu de commencer à développer notre propres mouvements. »

 

Un contrat d’exclusivité de dix ans avec SMB

 

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NovoParts exerce trois activités : le développement de ses propres mouvements, la sous-traitance de composants et de mouvements et l'assemblage de montres complètes.

 

NovoParts décline trois activités : le développement de ses propres mouvements, comme le N502, un mouvement mécanique, et le N516, un automatique, tous deux étant compatibles avec deux des mouvements ETA les plus vendus (ETA, fabricant suisse de mouvements qui équipe la majorité des montres helvétiques). « Ce ne sont pas des copies, nous avons créé les nôtres et c’est un fort argument de vente. »


Le deuxième axe de travail, c’est la sous-traitance de composants et de mouvements, pour les montres Lip par exemple.

 

NovoParts et SMB, la société bisontine qui a repris la marque, ont en effet signé un contrat d’exclusivité de dix ans pour la conception et la fabrication d’un mouvement dont le prototype devrait être dévoilé au salon mondial de Bâle, en mars 2018.


Une version restaurée du mouvement R23 de Lip, « qui appartient à Lip depuis 1954 », explique Pierre-Alain Bérard, responsable de la marque Lip Chez SMB. « NovoParts est le seul à avoir ce savoir-faire en France. »


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Lip présentera à cette occasion une collection manufactuée à moins de 2.000 € la montre. « Il y a un aspect symbolique et une fierté pour notre jeune équipe de participer à cette histoire horlogère française et à sa reniassance », ajoute Mustapha Lamrabet.


Le dirigeant a d’ailleurs des idées pour faire baisser le prix des mouvements horlogers, le nerf de la guerre : réunir ses clients pour définir les besoins de chacun et les mutualiser.


« Les marques sont en concurrence mais se connaissent toutes, il faudrait réfléchir à un intérêt commun. Douze marques françaises sont plus ou moins engagées dans la réflexion, dont huit franc-comtoises », assure-t-il. Les mouvements de NovoParts intéressent les clients français (de jeunes marques comme Sartory Billard, Baltic, Routine ou encore Hexagonale) mais aussi japonais et ou américains, qui regardent la petite entreprise de près.

 

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NovoParts s'installé dans le haut-Doubs il y a un an et demi.

 

La partie assemblage constitue la troisième activité de NovoParts. L’équipe d’horlogers assemble des montres complètes et contrôle tous les mouvements en resserrant les tolérances. « On a une approche industrielle, une rigueur suisse, on est 15 à 20% plus cher que nos concurrents mais on a fait nos preuves avec quelques marques. On a un taux de retour très faible, à 0,5% contre 5 à 6% en moyenne. »


Selon son fondateur, NovoParts pourrait compter 45 salariés bientôt. Il pratique un recrutement « suisse », qui ne s’occupe pas du profil horloger du candidat mais de ses aptitudes et capacités.


« Ce qui m’intéresse, c’est le résultat final, à l’établi, et c’est plus efficace avec des personnes formées chez nous. » Quelque 120 candidats ont passé les tests psycho-techniques puis techniques en juin 2017, qui ont déjà débouché sur 8 embauches.


novopartsdirigeantQui est Mustapha Lamrabet ?


Ce grand costaud de 32 ans, fonceur et enthousiaste, est né et a grandi à Valdahon, entre Besançon et Pontarlier (Doubs). Titulaire d’un bac pro « productique » obtenu au CFAI de Besançon, il a démarré sa vie professionnelle comme régleur CNC chez Technotime (ex-France Ebauches), à Valdahon, en 2000.


« Mais la Suisse était proche et j’avais déjà une âme d’entrepreneur », se souvient-il. Il a passé la frontière en 2005 pour aller travailler chez Lajoux-Perret, à la Chaux-de-Fonds, « et ma culture du management est inspirée de là, de cette culture suisse, avec un système plus ouvert aux capacités qu’aux diplômes. »

 

Dans cette manufacture horlogère positionnée sur les mouvements haut-de-gamme, il passe vite de régleur à prototypiste puis, six mois plus tard, devient le responsable du département de prototypie.


Mustapha Lamrabet a passé trois ans chez Lajoux-Perret avant d’aller faire une incursion rapide chez ETA, la manufacture de mouvements du groupe Swatch. « J’ai fait trois mois chez eux, ça m’a permis de voir… Mon employeur suivant est venu me chercher là, j’avais 23 ans. »


L’employeur suivant fut Concepto Watch, à La-Chaux-de-Fonds, un autre spécialiste du mouvement. « On m’a confié un hall de gare avec un ordre de mission : avoir fabriqué ici 1.000 mouvements de montres d’ici six mois. C’est un challenge qui me convenait, je suis un compétiteur dans l’âme. J’ai acheté un parc de machines et tout l’outillage, et six mois plus tard, nous avions fabriqué 3.000 kits de mouvements prêts à être montés. Pour y arriver, j’avais monté deux ateliers en parallèle, l’un de production, l’autre de prototypie, et je suis resté six ans chez Concepto, avant de créer Novowatch, en 2013, au Locle. »

 

En 2015, il ouvre un atelier de polissage, à La-Chaux-de-Fonds, tout près du Locle, avant de passer la frontière d'où il gère désormais l'ensemble de ce petit "groupe".

 

Photos fournies par l'entreprise.

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