La noblesse de la Fromagerie Delin, tournée vers ses clients et vers les agriculteurs

De projet en projet, la Fromagerie Delin fait rayonner la Bourgogne-Franche-Comté. Philippe Delin pense autant à son entreprise et à sa pérennité, qu’à ses agriculteurs qui lui livrent sa matière première. Huit à dix millions de litres de lait UHT sont mis en cartons désormais à Gilly-lès-Cîteaux et 2.000 tonnes de fromages sont fabriquées à partir de la matière grasse de lait. Entretien.

Quel est le contexte de votre investissement de 6 millions d’euros dans une machine à lait ?

En 2019, j’ai voulu sortir un lait Bourgogne-Franche-Comté, mais après le Covid, nous avons eu du mal à faire progresser les ventes, car les clients ne se sentaient pas concernés par l’achat dans les magasins. J’ai eu l’idée de lancer des laits départementalisés et de construire une ligne de conditionnement. J’ai ainsi investi 6 millions d’euros dans une toute nouvelle chaîne de production. 4 millions d’euros ont été nécessaires pour l’achat du matériel financé à hauteur de 40% par la région Bourgogne-Franche-Comté et le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural). On a choisi un fournisseur qui conditionnait les briques dans un emballage carton - et non plus du plastique - et surtout en affichant sur les briques la provenance du lait par département : nous avons commencé par la Côte-d’Or et la Haute-Marne. Et là, les ventes ont explosé.

Depuis juin 2023, cette nouvelle ligne automatisée stérilise le lait, le conditionne, le met en pack, puis il est palettisé en vue d’être envoyé dans tout l'Est. En ce moment, nous lançons une gamme de lait pour une centrale de la grande distribution, afin de servir les magasins sous leur marque. Nous mettons en briques huit à dix millions de litres de lait par an et cela pourra aller jusqu’à 50 millions de litres si les commandes le nécessitent ! Désormais en plus de la Côte-d’Or et la Haute-Marne, nous produisons du lait du Doubs, du Jura, de Saône-et-Loire. En parallèle, cela nous permet de séparer la matière grasse du lait pour produire nos fromages.

 

Quel est l’intérêt de cette stratégie repensée ? 

Cela nous met en sécurité financière pour les prochaines années. Avec un chiffre d'affaires de 40 millions d’euros pour la Fromagerie Delin, ce sont 2.000 tonnes de fromages que nous fabriquons. Mais sur le conditionnement de ce lait UHT pour lequel nous ramassons le lait cru chez 32 producteurs dans un rayon de 180 km, nous faisons très peu de marge. Si je n’avais pas eu les subventions de l’État, je n’aurais jamais investi dans cette nouvelle machine.

 

Quels sont vos autres projets ?

Je suis aussi propriétaire de deux fromageries, à Chevillon (Haute-Marne) et à Montbéliard (Doubs). Il y a deux ans, j’ai racheté un hôtel-restaurant (26 chambres et 40 couverts), juste à côté d’ici, à Gilly, nommé L’Orée des vignes et en 2021 je me suis associé à Guillaume Legou pour reprendre sa cuverie et ses vignes de 5,5 hectares. Nous sortons en moyenne 30.000 bouteilles chaque année. Enfin, nous allons bientôt livrer notre nouveau magasin que nous construisons en face de l’usine.
 

A l’étage, les clients pourront continuer d’acheter nos produits avec plus de cent références de produits locaux sur 300 m². Dans la cave de plus de 200 m², nous aménagerons un bar à vin et un bar à fromages. Nous aurons aussi 100 m² d’espaces à pouvoir mettre à la disposition de salle de réunion. Nous allons réembaucher du personnel et ainsi atteindre un effectif entre 110 à 120 personnes sur le site de Gilly.

Photos fournies par l'entreprise