Après avoir travaillé durant 2 ans sur le projet, la fondation de l'ancien entrepreneur François Schneider (eaux de Wattwiller en Alsace) prend possession du domaine cistercien de Pontigny près du vignoble de Chablis pour y développer un projet ambitieux, avec notamment un hôtel 4 étoiles et un centre d’art contemporain.


La fondation François Schneider a annoncé en début de semaine le rachat qu’elle convoitait depuis plusieurs années du domaine de Pontigny dans l’Yonne.
Composé de 6.000 m2 de bâtiments et de 9 hectares de terrain, le site appartenait au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui l’a cédé pour la somme de 1,8 million d’€. Le capital de démarrage, destiné à porter un investissement de 20 millions d’€, est réparti entre la fondation, Bruno Schoch président du directoire d'Unibel (fromageries Bel, chiffre d'affaires consolidé de 3,5 milliards d'€) et Frédéric Duponchel président d’Accuracy, cabinet de conseil financier. Le montant du projet, à ce stade, demeure ainsi significativement inférieur au chiffre de 50 millions d'€ qui avait été annoncé il y a deux ans.

Se joignant au trio initiateur, André Lacire sera « l’homme du restaurant et de l’hôtel », selon les investisseurs, chargé d'installer un établissement 4* de luxe avec spa dans une « beauté sobre » et un restaurant proposant une gastronomie naturelle. Cette partie du projet concentre à elle seule  10 millions d'€ d'investissements, soit la moitié du total.

 

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Aux moines cisterciens qui ont façonné l'histoire multi-séculaire du site, François Schneider reconnait des qualités avant-gardistes en matière économique : « au XIIème siècle, l’abbaye rayonnait dans le monde à la tête de 44 filiales.  Une prouesse insensée, difficile à concevoir sans avion, sans train, sans voiture, sans internet ni téléphone. Cette audace sans limite, je souhaite la faire reconnaitre ».

 

De la culture à l’agriculture, un projet centré sur la terre 

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De gauche à droite : Bruno Schoch co-investisseur, il dirigera les activités culturelles, artistiques et commerciales,
François Schneider à l'origine du projet,
André Lacire co-investisseur également, exploitant hôtelier, il pilotera l'hôtellerie et la restauration,
Amandine Simphal directrice générale, elle dirigera les activités culturelles, artistiques et commerciales. © Sabrina Dolidze

 
« La terre » constitue le thème directeur du projet de Pontigny. En effet, la fondation s'est fixée l'ambition de réaliser un centre d’art contemporain autour de chacun des quatre éléments naturels : l’eau, la terre, le feu et l’air. Or, l'un d’entre eux existe déjà en Alsace sur le thème de l’eau, à Wattwiller autour du site d’embouteillage que François Schneider avait relancé au début des années 1990 avant de le céder au belge Spadel. Pontigny, deviendra alors le pôle artistique autour de la terre. En particulier, son dortoir des Convers doit accueillir des expositions permanentes et  temporaires.

L’histoire des cisterciens et de l’abbaye sera relatée à travers des visites guidées et un centre d’interprétation. Des activités pédagogiques et des événements (conférences, soirées, projections) se dérouleront sur le lieu qui accueillera également des résidences d’artistes contemporains.

 

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Le projet vise à faire de l’élément naturel une « terre nourricière » de façon à atteindre une autonomie alimentaire pour les activités d’hôtellerie et de restauration. Des produits seront ainsi cultivés sur place sans engrais ni pesticides : production maraîchère, plantes aromatiques, arboriculture, distillerie, herboristerie, atelier de fabrication du pain et de biscuits qui pourront être visités dans un objectif pédagogique. Un travail sera également mené localement avec les lycées agricoles et les métiers de l’agriculture et de l’artisanat.

La fondation François Schneider en résumé 

Créée en 2000 par François Schneider et reconnue d’utilité publique le 10 août 2005, la fondation François Schneider délivre des bourses d’études pour favoriser l’accès aux études supérieures des lycéens issus de familles défavorisés de l’Yonne et de l’Alsace (2.000 jeunes Icaunais en ont déjà bénéficié). Elle organise un concours d’art contemporain annuel doté de 300.000 €, des expositions itinérantes et des résidences d’artistes et elle développe le centre d’art à Wattwiller (Haut-Rhin), sur 4.500 m2.

 

Des activités qui devraient créer une centaine d’emplois

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Dans ce bâtiment, la fondation souhaite installer rapidement un salon de thé et un espace de vente de produits locaux. © Sabrina Dolidze


Le projet sera réalisé par étapes. Pour l’heure, la priorité consiste à réaliser des études archéologiques et à peaufiner le projet architectural avec la DRAC et la mairie. Les investisseurs ne s’avancent pas davantage sur le calendrier et la physionomie du projet. Néanmoins, ils souhaitent ouvrir au plus tôt un salon de thé à l’entrée du domaine dans lequel seront vendus des produits fabriqués sur place (pain, biscuits…).

Le domaine souhaite établir des partenariats de production avec notamment la Grange de Beauvais, les producteurs et artisans locaux, une distillerie, un apiculteur… L’ensemble des activités doit permettre de financer la rénovation du bâtiment des Convers dans sa forme d’origine. L’activité du site devrait ainsi générer une centaine d’emplois directs et indirects au cours des 10 prochaines années « pour la médiation culturelle, l’hôtellerie et la restauration, l’entretien des jardins et du lieu, la transformation agro-alimentaire ». Et « apporter une modernité à 900 ans d'histoire, dans le respect de celle-ci », résume Bruno Schoch.

 Pontigny, 900 ans d’histoire en quelques dates 

1114 : Création de l’abbaye de Pontigny. Elle sera dépouillée par les troupes anglaises durant la guerre de Cent Ans (1337-1453).
1789 : Abandonnée, ses bâtiments réguliers sont démolis et servent à la construction du village de Pontigny.
1842 : L’abbaye est rachetée et la Société des Prêtres auxiliaires est fondée, avant de laisser la place à la congrégation religieuse des Pères de Saint-Edme en 1849.
1901 : Loi d’expulsion des religieux. L’universitaire Paul Desjardins acquiert le domaine de l’abbaye en 1905. Des élites intellectuelles viennent y débattre de sujets philosophiques, religieux ou de société.
1947 : Les pères de Saint-Edme retrouvent leur bien à la mort de Paul Desjardins et y établissent un collège franco-américain.
1954 : Le pape installe le siège de la Mission de France dans l’enceinte de l’abbaye.
1968 : La Mission est transférée dans le Val-de-Marne. Ladapt (la Ligue pour l’adaptation du diminué physique au travail) acquiert le domaine.
2003 : Rachat par la région Bourgogne.

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