La Région, en partenariat avec l’Ademe et l’association nationale Réseau Vrac, entend, sur trois ans, développer et professionnaliser l’offre vrac. Le but : créer une filière professionnelle d’approvisionnement et de distribution en vue de l’obligation faite aux grandes surfaces de développer la vente en vrac, à l’horizon 2030.


Porté par les préoccupations environnementales et par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC), le vrac a le vent en poupe, essentiellement en matière alimentaire. L’enjeu désormais consiste à étendre le champ des produits de consommation concernés, mais également à faire émerger une vraie filière, de la production à la logistique, en passant par la distribution.

Telle est du moins l’idée qui guide le programme d’action, unique en France, développé par l’association nationale Réseau Vrac, en partenariat avec la Région Bourgogne-Franche-Comté et l’Ademe (Agence de la transition écologique). Doté d’un budget potentiel de 537.000 €, ce programme veut d’abord identifier et fédérer les acteurs de ce secteur à travers la mise en place de conférences régionales tous les 2 ans, de rencontres semestrielles, de groupes de réflexion thématiques et la création d’un site web, annuaire.emploi. La convention permet le recrutement, au sein de Réseau Vrac, d’une chargée de mission dédiée, Cloé Colmet Daâge.

 

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Le choix de la Bourgogne-Franche-Comté tient à la rencontre de la volonté politique de la majorité socialiste et écologiste et d’un terreau local déjà très favorable. « La région est l’une des trois plus avancées de France en matière de vrac, avec une offre en direction du grand public déjà bien implantée dans plusieurs départements, la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et Le Doubs », note Cloé Colmet Daâge.

Au total, on recense 550 commerces de vrac en Bourgogne-Franche-Comté (environ 10.000 en France), 18 fournisseurs, principalement dans l’alimentaire, ainsi que deux équipementiers,  Bulk and Co (Lire encadré) et HMY Group, tous les deux dans l'Yonne, qui conçoivent et fabriquent des aménagements pour les magasins, et des silos de distribution.
Car, si l’on a tendance à résumer le vrac à la distribution alimentaire, celui-ci peut s’étendre à d’autres produits – phytosanitaires, produits d’hygiène, aliments pour animaux – et implique de développer quantité de dispositifs spécialisés pour assurer la distribution.

 

20 % de la surface ou du chiffre d'affaires des supermarchés

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La vente ambulante, un des modes répandus de distribution des produits en vrac. En photo, V'la Le Vrac, une petite entreprise de Côte-d’Or. © Traces Ecrites


Pour l’heure, cependant, le vrac est encore largement limité au secteur de la distribution « militant », boutiques de produits bio notamment. Ça va changer : la loi AGEC impose aux grandes et moyennes surfaces de plus de 400 m2 de consacrer 20 % de leur surface ou de leur offre produit, ou à réaliser 20 % de leur chiffre d’affaires, avec le vrac à l’horizon 2030.
Le besoin d’une filière professionnelle d’approvisionnement et de distribution, avec des personnels correctement formés, s’en trouve nécessairement renforcé. « La grande distribution est en plein questionnement sur ce sujet, et conduit de nombreuses expérimentations », confirme Frédéric Lafolie, dirigeant de Bulk and Co, une entreprise de l’Yonne spécialisée dans la commercialisation d’équipements de diffusion de vrac.

 

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Ces dix dernières années, le chiffre d’affaires réalisé en vrac a été multiplié par dix, pour atteindre 1,4 milliards d’€ cette année en France. « Nous prévoyons de dépasser les 3 milliards en 2025 », note Célia Rennesson, co-fondatrice de Réseau Vrac, qui regroupe pas moins de 1.900 professionnels du vrac dans 14 pays d’Europe. Selon une étude de l’Ademe, la distribution en vrac permet d’économiser entre 30 et 95 % d’emballage primaire, et de réduire de 10 à 15 % le gaspillage alimentaire. 37 % des Français y ont aujourd’hui recours, la moitié d’entre eux de manière régulière.

Bulk and Co fabrique et distribue des distributeurs

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Bulk and Co lance un appareil de distribution des épices, des poudres, des baies et des herbes. © Bulk and Co

Fondée en 2014, Bulk and Co à Bazarne, au sud d’Auxerre (Yonne), développe des équipements destinés à la distribution de vrac, alimentaire ou autre et commercialise le matériel d'autres équipementiers. Son marché, actuellement essentiellement tourné vers la distribution spécialisée bio (BioCoop, La Vie Saine…), croît de manière régulière, et n’a guère été affecté par la crise sanitaire.
En 2021, la SAS va réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 5 millions d’€, contre 3,6 millions en 2020 et 3,2 millions en 2019. « Nous écoulons aujourd’hui plus de 30.000 unités de distribution par an », précise Frédéric Lafolie, dirigeant de l’entreprise qui emploie 15 salariés. La poursuite de cette croissance passe par l’extension du nombre de produits distribuables en vrac. « Nous lançons la commercialisation de Spicoj®, un appareil de distribution des épices, des poudres, des baies et des herbes, et nous espérons pouvoir implanter nos équipements dans les grandes surfaces traditionnelles qui devront, demain, réaliser 20 % de leur distribution par le biais du vrac », précise-t-il.

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