ECO)BREF. Le plasturgiste Nextis, incubateur d’’innovation sociale. Rally’nov distingue Le Serpolet, le Château de Guédelon et Vents du Grimont. Altus Coating, Geficca, Apidis et Benoît Systèmes, champions à l’export. Delfingen implante un centre d’expertise technique du tube à son siège dans le Doubs. Une grande charpente bois signée par l'Alsacien Mathis pour Jet Aviation. Passage de témoin au Réseau Entreprendre Bourgogne.
- Le plasturgiste de Chalon-sur-Saône Nextis, incubateur d’innovation sociale.

« Ce qui m’a surpris lors de ma visite chez Nextis, ce sont les chiens en liberté dans le parc ou dans le bureau de leur maître », racontait Nathalie Bertin, de la Direccte (direction régionale des entreprises et de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) Bourgogne-Franche-Comté, co-organisatrice avec l’Aract (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) de Rally’nov, le palmarès de l’innovation sociale dont les prix étaient remis mardi 12 décembre à Dole (Jura).
Le fait relève de l’anecdote, mais focalise l’état d’esprit de cette entreprise de plasturgie de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). « Si les gens se sentent bien à leur travail, cela se ressent sur sa qualité, alors si la présence de leur animal de compagnie leur apporte du bien-être, pourquoi les en priver ? », explique Catherine Blanc, présidente.
Des horaires libres, une politique de recrutement des séniors, des sorties en famille, une séance annuelle d’ostéopathie sont quelques exemples de la politique sociale menée dans cette PME qui travaille pour les grands donneurs d’ordre du médical et de la cosmétique (chiffre d’affaires de 10 millions d’€, 40 salariés). Et surtout de l’écoute : « Je viens de grands groupes, et j’y ai constaté que le respect de l’individu se perd », témoigne son associé, Yves Célérier.
La société se porte si bien qu’elle va prendre ses aises dans une nouvelle usine de 8.000 m2 qui sera construite en 2018 à une dizaine de kilomètres. Elle abritera également une salle de sport et de repos, et la direction paiera le permis de conduire aux salariés qui ne l’ont pas encore. C.P.
Les autres lauréats Rally'nov de l'innovation sociale
• Le Serpolet (Jura), société coopérative d’aide à l’installation d’agriculteurs (maraîchers et petits cultures) à travers des « espaces test » qui permettent aux candidats d’évaluer leurs compétences pendant quelques mois à quelques années, sur des terres et avec du matériel mis à disposition d’autres agriculteurs et de trouver des débouchés de proximité. Bien développée en Franche-Comté, cette formule cherche à se développer en Bourgogne.
• Le Château de Guédelon (Yonne), chantier d’insertion consistant à construire un château fort devenu l’un des premiers sites touristiques de Bourgogne (300.000 visiteurs annuels) et terrain de jeu de scientifiques (Inrap, CNRS) sur la construction médiévale.
• Vents du Grimont (Jura), club d’investisseurs citoyens au départ pour financer l’une des six éoliennes qu’Enercon vient de mettre en service à Chamole, village de 170 habitants près de Poligny. La collecte d’un million d’€ a dépassé les besoins, si bien que l’association va racheter une ferme solaire de 500 m2 dans le Jura et cherche d’autres projets d’énergies renouvelables à financer.
- Bourguignons et Francs-Comtois, champions à l’export.

Une démarche environnementale dans un secteur - l’emballage -, grand consommateur de matière première, a permis à Altus Coating, de se faire discrètement sa place sur des marchés très concurrentiels aux quatre coins du monde. Depuis 3 ans, la TPE de 9 salariés installée à Courlaoux (Jura) augmente son chiffe d’affaires à l’export de 100% : 1 million d’€ en 2017, sur un total de 2,9 millions. En limitant les COV (volatiles) et les solvants, son vernis à séchage ultra violet pour emballages cosmétiques a conquis les industriels du luxe.
Cette performance lui a valu un trophée export de CCIR Bourgogne-Franche-Comté. C.P.
Les autres lauréats des trophées Export Bourgogne-Franche-Comté
• Geficca à Cosne-sur-Loire (Nièvre), PME-ETI performante en Europe.
Cette société (55 personnes en France et une centaine dans une filiale en Tunisie) qui fabrique des produits techniques en caoutchouc, a pris le virage de l’innovation au moment où l’industrie automobile qui représentait 80% de son activité, fragilisait ses marges.
« Le secteur ferroviaire, l’aéronautique, le médical, permettent de faire de la recherche car ces entreprises intègrent nos innovations dans leurs coûts », explique Dominique Froux, la dirigeante.
Avec une progression de 70 % sur les 3 dernières années, les ventes hors de l’hexagone (11 principaux marchés européens et 6 sur le grand export, USA et Canada, Japon et Corée, Russie et Mexique) représentent la moitié d’un chiffre d’affaires de 10,8 millions d’€.
• Apidis (Ruchers de Bourgogne) à Dijon, PME-ETI au grand export.
« Volontairement, nous n’avons pas de brochure, nous faisons une communication ciblée, par client et par marché, voire par ville comme au Canada, où on ne vend pas de la même façon à Montréal ou à Toronto ; c’est pourquoi nous faisons des animations dans les magasins pour faire déguster nos produits et vendre le goût français », expose Thomas Decombard, directeur général. Producteur de miel et de produits dérivés, Apidis (80 salariés) réalise à l’export un chiffre d’affaires de 8,3 millions d’€ un total de 19,8 millions.
• Benoît Systèmes (Côte-d’Or), Coup de cœur du jury.
Spécialisée dans la motorisation des fauteuils roulants, cette PME de 20 personnes réalise un quart de ses ventes sur 9 marchés en Europe et 5 grand export. Son chiffre d’affaires à l’export dépasse le million d’€ sur un total de 6,9 millions.

- Avec un centre d’expertise technique du tube, Delfingen veut continuer à se développer, mais sans éoliennes !

Delfingen, l'équipementier automobile qui emploie 2.000 salariés dans le monde dont plus de 200 à Anteuil (Doubs), a toujours la volonté de développer son siège franc-comtois, indique Christophe Clerc, le directeur général, avec notamment un projet de centre d’expertise technique du tube qui devrait engendrer une centaine d’embauches d’ici 3 ans, des ingénieurs et autres profils hautement qualifiés pour la R&D.
« C’est dans la continuité de notre projet, mais nous avons besoin de visibilité sur la possibilité de développement de l’entreprise », ajoute-t-il. Sous-entendue la polémique mise au grand jour il y a un mois par le quotidien régional L’Est Républicain qui expliquait comment l’industriel avait « eu la peau des éoliennes » (dixit), un projet de 7 machines portées par la société bisontine Opale, et finalement abandonné sous la pression d’un « chantage à la délocalisation ».
Bernard Streit, un dirigeant atypique dans le monde impitoyable de l’industrie automobile, qui prône des valeurs humaines et a même installé des ruches, qu’il récolte lui-même, sur le site industriel, avait déjà marqué son opposition au projet d’éoliennes devant les élus départementaux à l’occasion du raccordement du site à la fibre optique, en 2016. M.N.
- Une charpente en bois lamellé-collé signée de l’Alsacien Mathis pour Jet Aviation à Bâle-Mulhouse.

Le charpentier bois Mathis, implanté à Muttersholtz (Bas-Rhin), commence la pose d’une charpente en bois lamellé-collé d’un vaste hangar pour Jet Aviation à l’aéroport de Bâle Mulhouse.
Il servira à cette société de maintenance qui emploie 1.600 personnes sur place et 4.500 au total dans le monde, à stationner deux avions gros porteur, type Boeing 747 ou Airbus A330 et plusieurs appareils de type Gulfstream, Falcon ou Bombardier.
Le futur hall se déploiera sur une surface de 8.800 m2 : 100 mètres de longueur, 88 mètres de large et plus de 25 mètres de hauteur.
Les quatre arcs d’une grande portée (88 mètres) sont composés de trois travées d’entraxe d’environ 18 mètres. La charpente, de près de 2 000 m2 en bois d’épicéa lamellé-collé, nécessite 90 tonnes de ferrures et de pièces métalliques.
Elle pourra supporter des ponts roulants de 5 tonnes pour le démontage et l’entretien des avions et notamment des moteurs. Ce chantier de 6.000 heures devra être achevé en mars 2018 pour une livraison de l’ouvrage en août et une mise en service à la fin de l’année prochaine. Coût global des travaux : 23 millions d’€. D.H.
- Passage de témoin au Réseau Entreprendre Bourgogne.

L’association bourguignonne (320.000 € de budget de fonctionnement) qui facilite et accompagne créations et reprises d’entreprise depuis 2002, change de têtes.
Le couple composé de Gérard Desbois à la présidence et d’André Renard, à la direction, passe la main à Emmanuel Chevasson, le P-DG du groupe PM, et d’Arnaud Gravel, 44 ans, qui était pour son dernier poste employé à la Fédération française du bâtiment de Côte-d’Or.
L’accompagnement d’entrepreneur(e)s, fait avec bienveillance, désintéressement et empathie, le credo de Réseau Entreprendre Bourgogne (REB), sera, avec le nouveau tandem, précieusement sauvegardé. Emmanuel Chevasson étant membre depuis 2006 et Arnaud Gravel depuis presque aussi longtemps. Mais les deux hommes vont aussi apporter leur touche en épaulant dorénavant les entreprises en forte mutation.
« Ce seront des entreprises non lauréates, établies mais qui souhaitent se diversifier, faire de la croissance externe, développer un produit propre…, que sais-je, et nous devons répondre présent, avec notamment un coup de pouce financier de la Caisse des Dépôts », argumente Emmanuel Chevasson.
REB fédère 170 adhérents, dont 90% depuis plus de 10 ans. L’association ne bénéficie d’aucune subvention et aime à le rappeler. D.H.