AUTOMOBILE. Spécialisée dans la protection des faisceaux électriques, Delfingen dispose désormais de sept filiales de production sur le continent asiatique et compte bien participer à la fête : en 2014, une voiture sur deux a été produite en Asie.

Plutôt que de subir la mondialisation, et sans rien renier de ses valeurs humanistes, l'entreprise d’Anteuil (Doubs) y voit une opportunité de croissance et avance ses pions sur le globe depuis plus de vingt ans.

Une stratégie payante qui a permis de créer de nombreux emplois, même en France.

 

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En 2014, Delfingen a ouvert sa septième usine en Asie, une unité de production de tubes plastique à Bangkok.

 

Le saviez-vous ? Une voiture compte, selon les modèles, de 2 à 5 kilomètres de fils électriques. Et la tendance se confirme, avec de plus en plus de fonctions embarquées. Le métier de Delfingen, depuis toujours, est de protéger ce système nerveux du véhicule soumis à des agressions chimiques, techniques, climatiques…

 

La petite entreprise d'Anteuil (Doubs) devenue équipementier de premier plan développe gaines, tubes et câbles en cuivre tressé, plastique, feutrine, fibre de verre, textile... Parallèlement, pour continuer à compter auprès de constructeurs de plus en plus gourmands de « global players » et viser une place de leader mondial, Delfingen étend sa présence sur le globe.

 

Ainsi, parmi les priorités de la stratégie définie mi-2012 figuraient l’Asie et les constructeurs allemands. Deux ans et demi plus tard, rachats et créations ont confirmé cette volonté de déploiement industriel vers ces deux zones géographiques. « Delfingen, c’est aujourd’hui 1900 personnes et 33 sites répartis sur 18 pays », assure Damien Personeni, vice-président du groupe historiquement implanté à Anteuil, un gros village situé entre Besançon et Montbéliard dans le département du Doubs.

 

La saga à l’international de ce groupe familial fondé en 1954 par Emile Streit – le père de Bernard Streit, actuel président – avait commencé en 1992, avec une première implantation en Espagne. « A l’époque, les câbleurs migraient vers le sud de l’Europe », poursuit le vice-président qui loue l’éthique de l’entreprise (voici ci-dessous) et les liens ainsi tissés entre les différents sites de Delfingen.

 

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Une chaîne d'assemblage.

Des Etats-Unis à l'Asie et l'Inde

 

La nécessité de l’internationalisation et l’arrivée d’une nouvelle équipe de cadres, dans les années 2000, avaient produit une sorte de choc des cultures que la famille fondatrice avait voulu cadrer en affichant ses valeurs.

 

Il y eut quelques étapes importantes. En 1998, par exemple, HBS Technologies (rebaptisée Delfingen Industry en 2007) réalisa coup sur coup deux acquisitions aux Etats-Unis. En 2000, le groupe ouvrit son premier site en Asie, aux Philippines, à la demande d’un client américain.

 

La mondialisation de l’industrie automobile était en marche et Delfingen n’eut pas d’autre choix que de l’accompagner. Le chiffre d’affaires hors France a suivi : de 5% en 1992 avec la première filiale espagnole, il est passé en 2013  à… 95% !

 

« Nous serions ravis de rester ici, à Anteuil, avec des clients à moins de 10 kilomètres. Mais nous devons notre position de leader mondial à notre capacité de les suivre partout dans le monde », argumente Damien Personeni. « Dans ce contexte, je parlerais plus volontiers de localisation que de délocalisation. Depuis Anteuil, nous n’aurions jamais pu toucher nos clients suisses ou américains, et la mondialisation a créé des emplois ici ».

 

A Anteuil, Delfingen compte désormais 200 salariés, dont 78 en production – dans ce qui ressemble de plus en plus à un centre technique –, et 120 au siège. « Nous déployons nos ailes à l’international, mais nos racines sont en Franche-Comté. Nous sommes partis pour servir nos clients automobile, dans une industrie du juste-à-temps ».

 

Septième usine en Asie

 

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En novembre 2014, pour son inauguration, la nouvelle usine de Thaïlande a été bénie par un moine bouddhiste.

 

Entre septembre 2013 et janvier 2014, Delfingen a donné un nouveau coup d’accélérateur à son internationalisation. Coup sur coup, cette fois encore, le groupe franc-comtois rachetait la société indienne Karkar Wire Indutries (110 salariés, 3,5 millions d’€ de chiffre d’affaires), puis l’activité protection électrique du choinois Hengbang (45 salariés, 1,5 million d’€ de chiffre d’affaires), ainsi que le spécialiste allemand de la gaine textile Langendorf et sa filiale MBG Techbelt Innovation (170 salariés au total, 19 millions d’€ de chiffre d’affaires).

 

L’histoire n’est pas terminée. En 2014, alors que, désormais, la moitié de la production automobile mondiale est assurée en Asie, Delfingen ouvrait sa septième usine sur ce continent en pleine croissance. Après les Philippines, l’Inde et la Chine, c’est en Thaïlande que les constructeurs investissent, et c’est là, à proximité de Bangkok, que fut inaugurée, en novembre, une filiale de production de tubes plastiques.

 

« La particularité de ce nouveau site, c’est qu’il est doté de services de siège, comme un siège régional pour la partie asiatique », annonce Christophe Clerc, directeur général du groupe, persuadé que le continent constitue un axe de développement très fort pour les années à venir.

 

« Il est important d’être à proximité de nos clients et de nous adapter à la complexité de l’Asie. » En 2013, Delfingen n’a réalisé que 10% d’un chiffre d’affaires de 155 millions d’€ sur ce continent. Ce qui laisse augurer de beaux lendemains…

 

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Une voiture compte, selon les modèles, de 2 à 5 kilomètres de fils électriques.

 

Une charte du travail décent

 

La mondialisation, oui, mais pas à n’importe quel prix. « La solidarité est dans les gênes de Delfingen », assure Christophe Clerc, le directeur général, qui se retrouve totalement dans les quatre valeurs que la famille Streit avait couchées sur le papier dès 1984 : partage, liberté, responsabilité, amélioration continue.

 

Une charte du travail décent et une fondation ont été lancées en 2007 pour ne rien perdre de ces valeurs à l’heure où les clients de l’entreprise l’incitaient à s’implanter dans des pays low-cost. La charte assure à chacun de ses salariés une rémunération lui permettant de faire vivre sa famille, une protection sociale, de bonnes conditions de travail, une participation aux bénéfices, une prévoyance...

 

Quant à la fondation, elle intervient là où les besoins se font plus forts, dans ses filiales aux Philippines, au Mexique, en Roumanie, mais désormais aussi au Maroc, au Honduras, en Inde ou en Thaïlande. Elle finance ici des campagnes de vaccinations, achemine là des fournitures scolaires, apporte ailleurs encore une aide au logement.

 

« La charte du travail décent illustre la responsabilité sociale de Delfingen vis-à-vis de ses collaborateurs, quelle que soit leur langue, leur culture, leur religion », poursuit Christophe Clerc. « A titre d’exemple, la nouvelle usine de Thaïlande a été bénie par un moine bouddhiste, c’est une forme de respect de la différence culturelle ».

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